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7h30. Claude Bernard accueille ses premiers élèves dans son enceinte encore clairsemée. Une poignée d'entre eux occupe le préau, adossés au mur blanc cassé et aux pylones ocre rouge. En dépit du réglement, Ophélie et moi prenons place sur un banc du coin fumeur réservé aux lycéens.

— Je te trouve bien euphorique pour un lundi matin... Ça fait plaisir...

Elle considère ma remarque d'un regard espiègle, en tirant une latte de sa cigarette au bout rougi par l'inspiration.

— Et oui mon p'tit Florent... C'est l'amour... Tu connaîtras ça un jour...

C'est vrai qu'avoir une copine ne me ferait pas de mal. Ce qui malgré tout n'est pas ma première préoccupation.

— J'ai enfin trouvé un mec qui me rend heureuse. Avec Dany on s'aime. Il a toutes les qualités que mes exs n'ont pas, il est gentil, affectueux, un peu fou-fou mais pas méchant. Puis il est trop craquant avec ses cheveux blonds, ses yeux gris-bleu et son air faussement sérieux. Il me fait penser à un ange ténébreux. Il est juste parfait quoi, tu vois...

Oui. Je vois...

— C'est cool ! Je préfère te voir comme ça que triste comme en fin de cinquième, quand t'avais rompu avec Damien.

— Il m'a vraiment pris pour une conne celui-là. De toute façon il était nul, il savait pas galocher...

— Par contre, sans vouloir faire le rabat-joie, je t'ai déjà vu être heureuse comme aujourd'hui et retomber en déprime quelques jours plus tard. Je te conseille juste de garder les pieds sur terre...

— Fais pas ton chiant comme ça... Je te dis qu'il se comportera pas commes les autres Dany... Trop différent... Trop mieux quoi... Tu comprendras ce que je ressens en ce moment quand t'auras ta première copine...

— J'en ai déjà eu une.

— Ah oui c'est vrai. La petite à lunettes que t'as connu dans ton club d'équitation... Elle était spéciale quant même.

— Tu l'as vue qu'une fois! De toute façon c'est pas le sujet.

— Nan mais je t'ai dit. Même si un jour on se quitte ça se fera proprement. C'est pas le genre à mentir, tromper ou faire des coups en douce.

Je ne le connais pas tant que ça le Dany, mais je crains qu'elle parte vers de nouvelles désillusions. Heureusement qu'elle est bien entourée, entre son groupe de copines et moi. Surtout moi. Ses amies la réconfortent, mais elle préfère se confier à un garçon. Moins bavard selon elle, donc moins de risque d'ebruitements.

— Je veux bien te croire, mais imagine que tu te trompes... Tu me promets de pas partir en vrille comme à chaque fois?

— T'inquiète... Ça fait quelques semaines que je consulte un psy, ma mère dit que ça pourrait me rendre plus forte. Mais compte pas sur moi pour m'écraser, le prochain qui me fait une saloperie, je le détruis. Marre de souffrir, maintenant c'est aux autres de morfler si ils jouent aux cons avec moi !

Ces propos sortent de sa bouche avec un naturel glaçant. J'aimerais qu'elle exagère, mais tout me laisse croire à du premier degré.

— Tu sais Flo, je peux être très gentille, mais je suis capable de tuer. Par des moyens détournés s'il le faut. Mais j'en suis capable...

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