Prologue

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Douceur d'un samedi matin de printemps, sans l'impératif de se rendre au bureau, prémices d'une belle journée.

Combien de fois elle a apprécié ce moment de quiétude, en compagnie de Pierre ? Mais ce matin, elle prend seule le petit déjeuner sur la terrasse et Claire n'a pas la tête à la contemplation.

Aujourd'hui elle est indifférente.

La nature se réveille. Les fleurs s'épanouissent. Les mésanges, rouges-gorges et autres moineaux gazouillent. Certains osent s'approcher pour récupérer quelques miettes tombées sur le sol.

Encore, l'automne précédent, ensemble ils avaient embelli le jardin et préparé la renaissance printanière qui chaque année les émerveillait.

Aujourd'hui elle ne la goûte pas.

C'est du passé tout ça. Elle aimerait tant qu'il n'en soit pas ainsi. Et pourtant.

Ce matin ses yeux sont aveugles. Ses oreilles sourdes. Ses narines bouchées.

Ses doigts sont insensibles à la brûlure de la tasse de café.

Juste un goût amer dans la bouche.

Pierre n'a pas voulu se lever avec elle. Cela devient pénible pour lui.

Ils ont beaucoup parlé cette nuit. Comme souvent ces derniers temps.

Côte à côte, allongés dans le lit.

Les corps se touchaient mais le désir a disparu.

Reste la tendresse.

Reste la parole.

Pierre n'a jamais été aussi bavard. Des mots, des maux, qu'il a retenus si longtemps. Emmagasinés, enfouis.

Jusqu'au débordement.

Il a jugé que le moment était venu de s'ouvrir. De vider son cœur. Un cœur débordant d'Amour.

Maintenant ou jamais.

Un cœur débordant d'Amour qui a déversé du poison.

Il ne pensait pas à mal. Et cependant ses paroles ont blessé celle qui les a reçues.

Celle qu'il aime pourtant. D'un amour inconditionnel.
Celle qui l'a fait souffrir aussi. Et toujours.

Bien des fois il a cru qu'elle lui échappait.

Bien des fois il s'est senti perdu.

Il ne l'accusait pas, ce n'est pas son style.
Mais les yeux de Claire se sont humidifiés.

Non, ne pas pleurer. Pas aujourd'hui.

Claire ne comprend pas. Il ne retient que cela de toutes ces années de vie commune ?

Heureuses.

Harmonieuses, croyait-elle.

Elle a mésestimé sa souffrance ?

Il s'est senti perdu ! Quelle est la signification de ces mots ?

Claire connaît la jalousie de Pierre.

Elle s’en est amusée.

Elle en a abusé.

Un jeu.

Il voulait avoir confiance en elle, mais il n'avait même pas confiance en lui.

Elle a compris qu'elle lui faisait mal.

Elle a cessé de jouer.

Elle a rechuté.

Est-elle guérie ?

Elle connaît l'Amour de Pierre. Tous les jours il lui en a donné des preuves.

Des mots, des gestes.
Ses silences aussi.

Pierre est un taiseux.

Même les frictions étaient des signes d’amour, les robinets qui fuyaient, les ronflements, les courses au supermarché…
L’amour se nourrit aussi de ce quotidien.
Il peut aussi se flétrir.

Au début de sa relation avec Pierre, elle était loin d’imaginer se contenter d'un homme. Et que cet homme, ce serait lui !
C'était loin d'être une évidence.
Claire avait, comme on dit un peu vulgairement, déjà pas mal d’heures de vol à son actif lors de leur rencontre.

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