6 - Pierre

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La leçon aussi dure qu’elle a pu être, n’a pas été inutile. Claire a pris conscience de son manque de lucidité.
La sexualité débridée menée avec les trois frères et les apparences ont eu raison de son discernement.
L’aisance aussi.

Oui, j'étais grisée par le train de vie de David et sa famille.

Elle baignait dans une douce insouciance.

De là à se dire qu’elle méritait ce qui lui est arrivé !
Des goujats.
Des ordures.
Elle a été manipulée.
Baiser, oui… mais se faire baiser…

Mieux vallait l’économie sociale et solidaire.

Bien que la bite de Patrick dans son cul lui laissât un petit goût de nostalgie elle a commencé à s'interroger sur cette image de "Marie-couche-toi-là" qui lui collait à la peau.

Claire est revenue vers ses amis « historiques »
Ceux qui l'acceptaient telle qu’elle était.

Pierre était mal tombé quand il lui avait demandé de sortir avec lui.
Proposition naïve et incongrue.

Demande-t-on à une pute de sortir ?
Monter, mais pas sortir !
Pénétrer, mais pas sortir !

La relation avec David l’avait vaccinée pour un moment de toute velléité d’installation avec un quelconque amoureux.

Pierre était effectivement le négatif de Claire.
Pour lui toute relation amoureuse ne pouvait être que « sérieuse » et durable.
C’est ce qu’il envisageait avec Claire.
Un engagement.

Et en fait d’engagement, Claire ne voyait que trois possibilités.
La chatte, le cul, la bouche.
Avec toutes les variations possibles.

Pierre connaissait les talents de Claire.
Libre et libérée, elle s’épanouissait sous les coups de ses amants.

Pourquoi, si raisonnable, es-tu tombé amoureux de moi ?

Ma liberté, justement, te fascinait m'as-tu avoué.

Tu étais pourtant convaincu que tes performances ne seraient jamais à la hauteur de mon appétit.

Ton désir était fort.
Oui, le désir.

Confondais-tu Aimer et baiser ?
Tu a cru qu’une demande en bonne et due forme était la solution.

Et quand Claire lui a fait comprendre que c’était non, avec un petit air consterné, il a tout de suite regretté sa demande.

Tu as sans doute pensé qu'il fallait me baiser direct, comme tout le monde. Je ne t’aurais alors pas regardé comme un OVNI !!

Et en fait, Pierre est entré dans la vie de Claire comme 90% de ses amants.
Par devant.

Un jour de spleen.
Un jour de doute.
Un jour de confusion comme chacune, chacun peut en vivre.

Ce jour, Pierre a été là. Au bon endroit.
Il l’a consolée.
Il l’a réconfortée.
Il l’a caressée.

Il l’a prise.
Sur un lavabo dans les toilettes d’un café.

Alors que l’amant du moment était dans la salle du bar que la bande fréquentait régulièrement.

Claire s’en souvient comme des minutes de grande douceur, malgré l’environnement si peu glamour.
Ca n’a pas été le coup du siècle.

Ca n’a pas été non plus le coup de foudre.

Mais ce jour-là Claire a regardé Pierre d’un autre œil. La tendresse est venue se joindre à l’amitié.

Les quelques confidences de Claire ont révélé une fragilité que Pierre ne connaissait pas et il l’a écoutée.

Ni jugement, ni reproche, ni conseil à deux balles.

Tel le taureau dans l’arène, il a fait voler la muléta et a offert à sa toréra sa queue et ses deux oreilles.

Ils ignoraient encore que Cupidon les observait.
Non, pas de coup de foudre… Pierre était déjà amoureux de l’image que lui renvoyait Claire. La sauter n’a fait que confirmer son envie d’elle.

Au travers des quelques mots échangés avant et après l’acte, il a repéré une fêlure. Un certain désarroi de n’être parfois considérée par certains que comme un garage à bites.

Peut-être n’est-ce, après tout, que la rançon de sa liberté sexuelle. Mais elle se sentait consternée du manque de maturité intellectuelle d’hommes qui, par ailleurs, affichaient une grande ouverture d’esprit.

C’était le cas, ce jour-là. Son mec était plutôt agréable dans le privé mais il pouvait-être blessant en public.
Elle en avait fait le tour du propriétaire, et elle voyait bien que le délabrement menaçait.
Il n'avait plus tous les labels de qualité !
Un peu bas de plafond !

Et sur le marché, les bonnes affaires étaient rares, sauf à prendre possession de logements déjà occupés. Une pratique qui ne la gênait pas outre mesure, qui représentait un avenir riche en aventures jouissives, mais incertain et instable.

Ce n’est pas qu’elle souhaitait fonder un foyer, mais, mais… elle commençait à s'interroger sur l’avenir. Son avenir.

Ce n’était pas encore la crise, mais la réputation de Claire faisait d’elle celle avec qui l’on couche, mais pas celle avec qui l’on vit.
Où, comme avec la charentaise, l’homme aime se mettre dedans mais pas sortir avec !

Et le souvenir de sa mésaventure avec David et sa famille lui revenait avec amertume.

Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière, a dit Michel Audiard. Et Pierre y a vu effectivement de la lumière.
Et cette lumière, il s’est promis de la suivre et il a commencé à croire qu’elle allait la mener jusqu’au cœur de Claire.

Non, pas de coup de foudre pour Claire… Ce n’était pas la première queue qui venait la visiter et elle avait connu des jouissances plus intenses et plus longues.
Mais Pierre l’avait prise comme elle affectionne. A l’instinct.
Le désir de l’instant.
Un désir à satisfaire sans arrière-pensée.

Elle a été touchée qu’il ne lui tienne pas rigueur du refus qu’elle avait opposé à sa demande, quelques temps auparavant.
Elle a été sensible qu’il change d’angle d’attaque. Et c’est une géométrie qu’elle savait apprécier.
Elle a aimé sa résolution.

Ce jour-là, dans les bras de Pierre, elle a ressenti un bien-être réconfortant.

Elle se doutait bien qu’être un réconfort ne lui suffirait pas…

Pierre tu m'as trouvée. T'es-tu perdu ?

Ces mots résonnent encore et encore et les souvenirs défilent dans la tête de Claire.
A la recherche des indices qui auraient étaient des alertes.

Oui, Pierre l’a baisée une première fois dans des toilettes.

Il a su saisir sa chance ce jour là. Claire était à nouveau sous le coup d’une humiliation de la part de son amant du moment.

Devant tout le groupe d’amis, il lui a jeté à la face qu’elle était plus performante pour sucer que pour avoir des idées !

La fois de trop.

Elle n'était considérée encore que comme une salope. Peu considéraient ses résultats très honorables à la faculté de langue comme gage d'un bon niveau intellectuel. Supérieur à celui de bien de ses moqueurs.

Et Pierre, l’ami, l’amoureux transi, l’a suivie quand elle s’est levée pour se cacher aux toilettes et calmer sa colère.

Il n’avait jamais été présent dans les fantasmes érotiques de Claire.

Est-ce ce jour là que tu m’a trouvée ?

Tu m’a baisée, c’est sûr Tu as enfin trouvé le chemin de ma chatte.

Pour Claire, il n’y avait rien d’extraordinaire à se faire sauter sur un lavabo. Dans un bar ou ailleurs.
Mais elle a aimé la tendresse que Pierre y a mise.

C’était là le problème. Pierre n’était que gentillesse et tendresse. Et c’est toujours le cas.
Claire ne le voyait que comme un bon ami, mais pas comme un bon coup.
Et dans ces toilettes, Pierre n’a pas été un bon coup. Il a donné du réconfort, et c’est ce qu’elle recherchait.

Tu m’as trouvée, Pierre. Et tu savais que j’étais une salope. Une fille facile.

J’ai deux grottes dont la fréquentation était, à l’époque, très élevée. Mais je ne m’appelle pas Bernadette.

Bien des hommes sont tombés en croix en criant « Mon Dieu », au cours de la visite, mais ce n’est pas chez moi qu’il fallait chercher de l’eau bénite.

Il s’ensuivit une période entre chien et loup. Le jour et la nuit.

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