26 - Confidences

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Virginie et Gérard ont été ponctuels.

Pierre s'est extasié devant la Cadillac. Claire a feint de découvrir cette merveille sous le regard amusé de Virginie.

Elle devait connaître la vérité. Avec Gérard, ils se racontaient sans doute tout de leurs aventures...

Pique-nique chargé dans le coffre, Virginie a proposé à Pierre la place à coté du conducteur. Il a décliné l'offre.

« Pour une fois que je peux me prélasser à l'arrière avec ma petite femme »

« Tu veux jouer au maître avec chauffeur » s'est amusé Gérard.

« Exactement »

Effectivement, Pierre s'est enfoncé dans la banquette et a serré Claire contre lui. Sa robe est remontée largement et il lui a caressé les cuisses.

Se retrouver assise sur cette banquette lui a rappellé de chauds moments et elle y repensait non sans plaisir.

Ils roulaient et son esprit vagabondait. Elle a revu le garçon de la gare. Le hasard...

Il est passé à l'agence avec sa copine. Ils vont se marier et ils venaient choisir un voyage à proposer comme liste de mariage. Ce que font beaucoup de mariés.

Après un instant de réflexion, nous nous sommes reconnus. Il a eu alors un regard pétillant. Et il ne s'est pas départi de ce regard charmeur tout au long de l'entretien.

Je suis resté très professionnelle. Ou je l'espère.

Île Maurice, Seychelles, Tahiti, Bermudes... je leur ai présenté différentes destinations avec diverses formules, et toujours des hébergements de standing. De quoi faire un voyage de noces inoubliable.

Gérard a interrompu ses rêveries

« Alors Claire, les sièges sont confortables ? »

Allusions. Il provoquait.

« Pas mal »

« On peut s'allonger sans problème, même à deux »

Et tout le monde a ri car tous pensaient la même chose. Pourquoi s'allonger à deux sur une banquette de voiture sinon pour baiser ?

Je repense au jeune homme. Nicolas. 25 ans. Un peu jeune sans doute pour se marier. Mais pourquoi pas ? Et sa copine, Mathilde. Le même âge.

Ça papotait de choses et d'autres dans la voiture. Claire avait du mal à se concentrer sur les conversations.

A un moment la copine a reçu un coup de fil. Elle est sortie pour répondre.

« Votre mari a bien de la chance »

« Ah ! Je ne comprends pas »

Il n'était pas timide le Nicolas. A peine sa copine le dos tourné qu'il me faisait du rentre dedans.

« Ce n'est pas offert à tous d'être attendu par sa femme en tenue légère »

J'étais sidérée !

« Vous étiez superbe »

Je n'ai su que répondre.

« Et vous l'êtes toujours, même si c'est moins léger »

Je n'ai pas eu le temps de trouver une réplique. Sa copine revenait nous rejoindre. Ils sont partis avec toutes les offres en mains. Ils vont réfléchir. Je pense que la concurrence va avoir du mal à s'aligner !

Nous roulions depuis une petite demi-heure, quand Gérard a demandé à Pierre :

« Pierre, tu n'as pas envie de te mettre au volant ? »

« Oui, tu as raison. Ça me démange »

A la première occasion, il s'est arrêté pour donner le volant à Pierre. Virginie est descendue pour céder sa place à Gérard.

« Non Virginie. A mon tour de jouer au maître »

Non ! pas possible ! a pensé Claire.

A peine partis que déjà Gérard voulait se l'approprier. Elle avait envie de profiter de cette journée autrement qu'en levant sa jupe ou écarter les cuisses.

Pierre a été étonné aussi. Cela s'est vu dans le regard qu'il a lancé à Claire.

Est-ce que Virginie a compris son agacement ? Elle s'est alors imposée :

« Les garçons, vous allez parler bagnoles et nous chiffons. Alors je passe derrière avec Claire et vous nous laissez tranquille »

Gérard n'a pu qu'accepter.

« Ok, ok. Je plaisantais. Je vais faire le co-pilote »

Les deux femmes bien enfoncées dans le siège et ont commençé à discuter. Les enfants, leurs activités... Des banalités, des civilités.

Gérard ne s'intéressait pas qu'exclusivement à la conduite de Pierre. Il ne perdait pas une occasion pour se retourner, sous le prétexte de participer à la conversation et il en profitait pour mater les jambes de Claire. Il commencait à être lourd et cela en devenait gênant pour Claire.

C'est à nouveau Virginie qui a volé à son secours.

« Bon Gérard, tu nous laisses tranquille et tu t'occupes de ton invité »

Et s'adressant à Claire, plus bas :

« Ces hommes ! Ils ne ratent pas une occasion de faire les coqs ! Comme si on était suspendu à leurs paroles »

Ou à leur queue.

Claire et Virginie se connaissaient. Elles se sont déjà rencontrées. Mais surtout dans des occasions plus ou moins officielles liées au travail de Gérard et de Pierre.

Et quelques soirées amicales.

Virginie a repris :

« Vous savez que je n'ai pas toujours été femme au foyer »

Elle se dévoilait.

« Quand j'ai connu Gérard, j'étais une toute fraîche assistante de communication dans une jeune entreprise »

Une pause. Elle a eu l'air de se remémorer des souvenirs heureux.

« C'était une période fabuleuse. Tout était à mettre en place »

« Oui je comprends. Beaucoup de motivation, de créativité, de dynamisme »

« Exactement »

« Pourquoi avez-vous arrêté ? »

Gérard continuait de temps en temps de jeter un coup d’œil vers elles.... vers les jambes de Claire qui n'y prêtait plus attention. Qu'il voie sa culotte... après tout, il a déjà vu bien plus.

Virginie ne s'en formalisait pas elle non plus.

Cette proximité nouvelle, les deux femmes la vivait de façon agréable.

« Gérard était un jeune commercial dans la même boite. Déjà avec les dents longues. Mais efficace et amusant. Il m'a plu »

« Que s'est-il passé alors ? »

« Alors... La vie tout simplement »

« C'est à dire ? »

« Le lot de beaucoup de femmes. Mariage puis maternités et charges du ménage »

« vous êtes la sacrifiée »

« A l'époque, je ne l'ai pas vécu de cette façon. Gérard a eu des opportunités de carrière qui l'ont fait progresser très rapidement. Quitter mon travail pour m'occuper de mes enfants a été une grande joie »

« Oui, je comprends »

Virginie parlait sur le ton de la confidence. Les deux hommes ne devaient pas entendre grand chose. Mais elle n'avait de toute façon pas l'air de s'en soucier.

Elle a poursuivi :

« Et puis, il a fallu assurer le service après-vente »

Elle a fait la grimace en disant cela.

« Le service après-vente ? »

« Gérard a atteint assez rapidement un statut social élevé. J'ai du m'adapter, faire de la représentation dans les dîners d'affaires, les cocktails et autres cérémonies plus ennuyeuses les unes que les autres »

« Oui, je vois »

et Claire a souri car il lui arrivait aussi de faire de la représentation.

Au cours de ces cérémonies Claire et Virginie se sont croisées bien des fois. Chaque participant y jouait un rôle. Le rôle qui correspondait à ce que les autres en attendaitent »

« Et ce statut est devenu une prison »

« Tant que ça ? »

« Oui. Et j'ai eu l'impression de mourir à petit feu, d'être une esclave »

Ses confessions devenaient de plus en plus intimes. Elle a confiance en Claire et elle l'a bien cernée lors de la soirée chez eux.

« Une belle prison quand même, non ? »

« Toujours les apparences. J'avais envie de vivre et m'amuser. Respirer. Retrouver ma personnalité »

« Alors ? »

« J'ai fini par me créer une vie parallèle pour exister. Et j'aurais du commencer plus tôt »

« C'est à dire ? »

« Je suis sortie seule. Ciné, théâtre, concerts. J'ai adhéré à des associations, certaines à vocation sociale. J'ai rencontré des gens très intéressants. Des femmes surtout »

« Et vous avez rencontré de bonnes personnes »

« C'est cela, et ce sont des amies maintenant. Et dans le social, on croise aussi des vies cassées. Beaucoup de femmes qui se battent pour essayer de s'en sortir. Elles donnent la pêche »

« Que des femmes ? »

« Pas que. Mais essentiellement. Heureusement qu'il y a les femmes »

Et elles ont ri toutes les deux de bon cœur.

« Alors les filles, on peut savoir ce qui vous fait rire » nous a demandé Pierre.

« C'est vous » a répondu Virginie

« Femme qui rit, à moitié dans le lit » a rétorqué Gérard

Virginie a regardé Claire et pour que tout le monde entende :

« Pathétique. Vous voyez que les hommes sont limités. Toujours les mêmes blagues »

et elle a complèté pour Claire :

« Pas tous. Pierre ne correspond pas au stéréotype »

« Vous l'appréciez ? »

« Oui. Pendant toutes les années de collaboration avec Gérard j'ai pu constater sa grande gentillesse »

« Trop gentil parfois »

« Ce n'est jamais trop. Il mériterait d'être une femme »

Elles ont à nouveau éclaté de rire.

« Prenez soin de lui Claire »

Un message ?

Pierre comme ci, Pierre comme ça ! Claire finissait par trouver saoûlant tous ces compliments.

Bien sur que tu es un gars bien, mon Pierre. Sinon, il y a longtemps que je serais partie. Je n'aurais même pas commencé d'ailleurs.

Mais tu n'es pas sans défaut. Très susceptible, boudeur, tête en l'air sauf pour le boulot. Pas bavard. Des défauts peu visibles en public.

Claire se voyait en vilain petit canard !

Virginie, n'a-t-elle pas pris la décision de s'affranchir des règles... secrètement ? Pourquoi la même liberté devrait-être reprochée à Claire .

Certes Gérard n'était pas Pierre.

Elle avait cependant raison sur un point. Coucher avec Olivier, collaborateur actuel de Pierre, n'était sans doute pas la meilleure idée.

Ils sont arrivés à destination. Un chemin de terre les a menés jusqu'à une rivière qu'ils ont longée sur quelques mètres. Ils ont stoppé près d'un terrain clôturé qui bordait le lit de la rivière.

« C'est dommage, mais nous avons été obligés de clôturer car bon nombre de personnes se croyaient chez elles » s'est justifié Gérard.

Il leur a fait faire le tour du propriétaire. Vite fait.

Il tenait ce havre de verdure de ses parents. Environ 400 m2, bien entretenu. L'herbe avait été coupée peu de temps auparavant. Une maisonnette en dur, un barbecue en pierre. Une table en bois avec les bancs fixés, comme celles que l'on peut voir sur les aires de repos.

Il y avait aussi une barque, attachée à un arbre par une chaîne.

Et en face du terrain, une île boisée.

« Au début du printemps, elle est couverte de jonquilles. C'est magnifique » a dit Virginie.

« Et nous sommes nombreux a y aller en cueillir des bouquets » a complèté Gérard.

« Et si certains veulent y faire un tour, pourquoi pas cet après midi »

Le soleil et l'ombre des arbres se disputaient l'espace.

L'endroit était vraiment bucolique. Propice au farniente.

Deux jeunes que Gérard semblait connaître pêchaient sur le terrain voisin.

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