28 - Consultation

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Silence. Observation.

La jupe de Claire ne leur cachait pas grand chose de ses jambes et ils ne se gênaient pas pour les mater. Elle serrait les cuisses.

Avec un large sourire, le blond a sorti de sa poche un tissu... sa culotte !

Sans préambule ! Il avait du culot et elle en est restée muette. Tétanisée. La confirmation de ce qu'elle redoutait lui a vrillé l'estomac.

« Dites m'dame, Julien est encore puceau, vous voulez pas arranger ça ? »

De surprise en surprise. Un jeune sans complexe !

Elle connaissait au moins lequel l'avait baisée.

Quant au Julien en question, il ne savait plus où se mettre et est passé au rouge.

« Tu es trop con toi »

« Ben moi c'est pour t'aider »

« Tu me fous la honte »

« T'as bien dit que t'en ferais bien ton 4H ? C'est l'heure »

« T'es malade »

Claire a interrompu leur débat contradictoire car mine de rien, elle avait quand même son mot à dire.

Et en montrant son front avec un index elle a tenté de reprendre la main : « Vous êtes bien gentils, mais il n'y a pas écrit la poste »

A peine dite, elle a trouvé cette phrase d'une stupidité affligeante. Surtout en la circonstance.

Le retour de bâton a été immédiat.

« Ben non, à La Poste, la queue est plus triste »

« Et vous, vous êtes ouverte le dimanche »

A chacun sa réponse. Le Julien se lâchait lui aussi.

Ils avaient de la répartie et de l'humour !

Et elle ne pouvait nier les avoir un petit peu taquinés... pour le moins.

Et elle avait joui à être prise sans sommation.

Elle ne voyait pas très bien comment leur expliquer que montrer ses jambes n'est pas la même chose qu'écarter les jambes. Ses actes ne plaidaient pas en sa faveur. Elle était démunie en terme d'arguments. Et quand la brise est venue...

Et philosopher avec ces deux lascars ne la tentait pas vraiment.

« Vous n'avez pas une copine pour vous rendre service ? »

« Ben, c'est pas trop un truc qu'on peut demander à nos copines »

« Et pourquoi ? »

« Tout le lycée va savoir qu'il est puceau »

Le blond était le seul à parler. Julien paraissait intimidé.

Claire apercevait Pierre et Julie sur la berge. Elle se disait que ce serait bien que Pierre fasse autre chose que discuter. Julie était belle. Et cela la dédouanerait, faute de l'absoudre.

« Vous vous faites des idées. Les femmes sont plus respectueuses que vous le pensez »

« Ouais. Moi j'en connais pas »

Il se la jouait à celui qui a du vécu ! C'était amusant. Enfin, plutôt déprimant.

Julien a osé donner son avis : « Tu exagères David. Quand même, il y a des filles sympas »

Claire a acquiescé de la tête en lui souriant. Mais bon, tout ça ne l'intéressait pas trop en fait.

« Et vous avez filmé ce qui s'est passé tout à l'heure ? »

Cette fois Julien a répondu, penaud. : « Ben... Oui. Mais c'est pas terrible. J'étais trop loin et j'ai trop bougé »

Voilà une bonne nouvelle.

« Vous parlez d'un gland. Il avait peur et il s'est branlé en même temps »

Tout cela était d'un romantisme...

Et David de rajouter : « Pour le coup, il avait la cinq jets »

Claire a éclaté de rire. C'était trop drôle.

Julien : « Pour un débit maximum il faut la mégabite »

David « Vantard »

Le fou rire a gagné l'équipage et la passagère.

Et les matelots étaient heureux de l'hilarité de Claire.

Il se sont échangés un regard de connivence. Ils pensaient sans doute Femme qui rit...

Et Claire n'a pas pris garde. La barque a heurté la berge de l’île. Toute à ses pensées pour imaginer comment les amadouer, elle n'a pas prêté attention à la navigation et la surprise l'a faite basculer du banc, en arrière, les fesses sur le fond de la barque, jambes en l'air.

Cul à l'air...

« Ho ! désolé »

« Vous n'avez pas mal ? »

les deux se sont levés aussitôt pour lui porter assistance... et profiter du spectacle. Ils ne la regardaient pas trop dans les yeux.

Ils l'ont aidée à se relever et David en a profité pour lui mettre la main au cul comme en terrain conquis. Lui aussi prenait cette habitude si délicate ! déjà !

Elle les a soupçonnés d'avoir volontairement oublié de ralentir ou de la prévenir.

Elle a remis de l'ordre dans sa jupe.

Sur l'autre rive Pierre et Julie avaient disparu. Claire a eu un instant de dépit. Que faisaient-ils ?

Julien lui a tendu la main pour descendre de la barque. Elle s'est retournée à nouveau pour regarder de l'autre coté... non vraiment personne. Elle a ressenti un petit pincement au cœur.

Je t'aime Pierre malgré les apparences. Tu as su me donner une image positive de moi-même à une époque ou j'en avais bien besoin. Amour et reconnaissance. Tu m'aimes aussi, j'en suis certaine.

Beaucoup envient notre entente et notre complicité. Est-ce que j'étais en train de détruire notre couple ?

Olivier, Gérard, le joggeur, maintenant ce David. Ou allais-je m’arrêter ? Ce n'était plus un coup de canif au contrat de mariage, mais un massacre à la tronçonneuse !

« Vous venez M'dame » David l'a tirée de sa rêverie.

L’île n'était pas très grande. Des buissons fleuris, des arbres, des endroits herbeux, des chemins. Quelques bancs aussi et une table de pique nique. Des nénuphars égayaient les berges.

Il y avait une incitation à la rêverie.

Ils se sont enfoncés à l'intérieur de l'île. David l'a prise aussitôt par la taille, comme si elle était sa copine, sa propriété.

Son coté macho commençait à irriter Claire. Séduisant certes, une queue habile aussi. Mais bas de plafond.

Elle s'est dégagée.

« Laissez moi respirer. Merci » Il l'a lâchée tout en restant à ses cotés.

Ses neurones se sont mis à travailler.

Pierre, j'ai imaginé qu'avec Julie vous alliez vous donner du plaisir.

Elle a peur de l'eau, tu restais pour lui tenir compagnie et tu m'a incitée à partir avec ces deux jeunes... était-ce pour se débarrasser de moi et mener votre petite affaire ?

Un coup prémédité.

« M'dame, elle vous plaît cette île ? » Encore David.

« Elle est très agréable »

Chaque chose en son temps. En premier lieu, elle devait solutionner sa préoccupation du moment. Elle s'est retournée vers Julien qui marchait derrière, et semblait embarrassé comme s'il tenait la chandelle.

« Je peux voir la vidéo ? »

Il a hésité. Elle a insisté :

« J'ai un droit de regard sur mon image je crois »

Il s'est approché de Claire, a sorti son téléphone et lancé la vidéo et la lui a montrée.

Claire a regardé et :

« Je ne vois pas bien, je peux tenir le téléphone ? »

A nouveau, un moment d'hésitation.

Elle a persisté :

« Vous croyez que je vais vous le casser ? »

David était encore plus méfiant :

« Puisqu'on vous dit qu'elle ne vaut rien. Vous nous faites pas confiance ? »

« Je veux m'en assurer par moi-même »

Julien me l'a cèdé à contre cœur.

La vidéo était effectivement de très médiocre qualité. Comme lui disait une amie, l'homme est mono tâche. Exception peut-être regarder un match de foot et boire une bière. Mais dans ce cas là, il n'y a pas beaucoup de neurones en activité.

Alors, se branler et filmer...

Mais ça c'est de la mauvaise foi de femme.

Néanmoins, même si l'on ne pouvait pas l'identifier, si le lieu était lui aussi indéfinissable, c'était encore de trop. David était parfaitement reconnaissable et Claire avait des craintes sur l'exploitation que les deux auraient pu en faire.

Elle voulait la faire disparaître. Mais c'était peut-être déjà trop tard.

« Avec ce soleil, je ne vois pas très bien »

Elle s'est retournée pour les avoir dans son dos... MENU, SUPPRIMER, VALIDER, CONFIRMER.

Elle a fait mine de continuer de regarder le film en se replaçant en face d'eux, et elle est revenu à la page d'accueil du téléphone avant de le tendre à Julien.

« Vous avez raison. C'est un très mauvais film »

Elle espèrait qu'il n'aurait pas l'idée de vérifier si elle existait toujours. Les pouces de Julien se sont activés sur le clavier. Il a contrôlé. Il s'est figé. A jeté un rapide coup d’œil en direction de Claire.

Sans doute a-t-il eu le temps de saisir dans son regard une certaine forme de prière.

Il a hésité, puis : « OK, c'est bon »

Et il a rangé le téléphone dans une de ses poches.

Il avait choisi son camp. Le sien contre celui de son copain. C'était aimable. Courageux.

Elle lui en a été reconnaissant.

Il m'a rappellée quelqu'un qui était délicat avec les femmes. A l’excès certaines fois. Il détonnait dans la masse.

Des oiseaux se sont manifestés bruyamment dans les arbres. Julien instantanément a réagi : « Ce sont des geais »

« Vous reconnaissez leur cri ? »

« Oui. On les dérange »

« Et vous en connaissez d'autres ? »

C'est David qui a répondu : « Ne commencez pas la dessus. Il va falloir le débrancher » et il a ri. Julien a haussé les épaules.

D'autorité elle l'a pris par le bras, excluant ainsi David, et ils ont avancé.

« Vous aimez la nature ? »

« Oui » Ses yeux ont brillé tout à coup.

Et il a poursuivi : « Mon grand-père et mon père m'ont tout transmis et ils m'ont appris être en harmonie avec tout ça » De sa main libre, il a montré la nature environnante.

Il s'exprimait bien et elle aimait ce principe de la transmission. Julien était content. Il a parlé saisons, champignons, brame... tout venait en désordre mais la passion illuminait son visage. Elle a été séduite par l'enthousiasme qui l'animait.

« Vous semblez connaître beaucoup de choses »

« Et je lis aussi beaucoup... »

Derrière, David renâclait et l'a coupé : « C'est le chouchou des profs »

La remarque a bloqué Julien qui alors s'est tu.

Oui, quelqu'un que j'aime, qui se faisait moquer pour ses centres d'intérêt qui passaient pour insolites à bien de ses amis.

Elle a alors changé de conversation.

« Alors, vous n'avez pas de copine ? »

Il a été géné par la question qui touchait l'intime.

« Pas au sens ou vous l'entendez. Des amies, oui »

Il avait le sens de la nuance. Et il lui a alors parlé en confiance.

Avait-elle ce pouvoir ? De recevoir les paroles ?

« Et pas une qui vous plaît ? »

Encore David l'a devancé : « Il est amoureux de Pauline. Il est bien le seul à en vouloir ! »

« Tu dis ça, parce qu’elle ne veut pas de toi »

« J'la baise quand je veux »

J'ai coupé le conflit en germe. « Et vous lui avez dit à Pauline »

« Je n'ose pas » Il s'est gratté la tête en regardant ses chaussures.

Quelqu'un qui, aussi, me regardait sans oser ni parler ni toucher. Et je ne lui prêtais aucune attention. La recherche du nombre était mon moteur.

« Quel âge avez-vous Julien ? »

« 17 ans »

« Puceau à 17 ans. Il n'y a pas péril en la demeure »

« Si vous le dites » Il n'était pas convaincu...

« Il faut aller au devant de Pauline... »

David, qui bougonnait, lui a coupé la parole : « Ouais, tu vas lui montrer ta quéquette à la Pauline, ça va la dérider »

Oui, décidément, il n'avait pas la lumière à tous les étages celui-là. Et il a baisé Claire ! Elle en était abattue.

Le mal était fait.

Le mâle était passé.

« Julien, toutes les filles ne recherchent pas des grandes gueules. Pauline est sans doute de celles-là. Tu ne pourras le savoir qu'en parlant avec elle... le reste suivra »

De la psychologie à la petite semaine, mais la consultation était gratuite.

Quelqu'un qui, un jour, s'est mis dans la lumière. Et mes yeux se sont posés sur LUI.

Nous approchions d'une table, toujours bras dessus bras dessous. David, à la remorque, s'est arrêté pour une pause technique. Elle en a profité pour remercier Julien de n'avoir pas dénoncé l'effacement du film.

Il a répondu par un murmure « c'est rien. Et vous savez, David n'est comme ça que quand il y a des filles. Sinon c'est un bon copain »

Elle s'est tournée ournée pour lui faire face et lui a pris les mains : « Sortez de votre coquille et montrez-vous tel que vous êtes »

Quelqu'un qui a partagé sa lumière avec moi et qui m'a fait briller d'un éclat nouveau.

« Avez-vous déjà vu une femme nue ? Je veux dire en vrai »

« Non »

« Et en avez-vous embrassée ? »

« Non plus »

« Caressée ? »

« Même pas. Même pas touchée »

Il y avait de la détresse dans sa réponse. Même pas...

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