Abby Rose Cowell

3 minutes de lecture

Les yeux plantés dans ceux de mon adversaire, je me tenais prête à l'attaquer. J'étais tellement concentrée que j'étais persuadée de gagner ce combat. La boxe était pour moi un moyen de me défouler... et ça marchait plutôt bien. Tous les gens dans la salle hurlaient pour nous encourager pendant qu'on enchaînait et encaissait les coups, et j'avais beaucoup plus de force que celle en face de moi. Je n'étais peut-être pas musclée, mais j'étais rapide et pouvais facilement éviter ses poings.

Si elle pensait m'atteindre avec ses provocations, c'était mal me connaître. Ce n'était pas de cette manière qu'elle gagnerait contre moi. Je m'énervais assez souvent, je dois bien l'admettre, mais jamais en ces lieux. Je m'amusais beaucoup trop pour que quelqu'un vienne me gâcher ces précieux moments.

Alors que mon adversaire continuait de parler pour tenter de m'intimider, elle n'eut même pas le temps de finir sa phrase que ma droite l'envoya brutalement au sol. Célébrant une nouvelle victoire, tous les autres se mirent à m'acclamer et me féliciter.

Exténuée par ce combat, je me précipitai vers les vestiaires en vérifiant que personne ne me suivait pour prendre un cachet d'ecstasy. J'ouvrai le cadenas de mon casier, puis rapidement la porte pour être sûre de ne pas être vu et repartis vite fait. J'en prenais plusieurs par jour et, jusqu'ici, personne n'avait jamais rien remarqué. Ils pensaient probablement que c'était mon état normal.

C'était devenu ma routine depuis tellement longtemps que je ne me souvenais même plus de la première fois où j'en avais pris.

Depuis le divorce de mes parents quand j'avais quatre ans et le deuxième mariage catastrophique de ma mère quand j'en avais treize, j'avais beaucoup de mal à trouver le sommeil et je devais rester en forme pour tenir pendant mes longues journées au boulot.

Quant à la boxe, ça me permettait de me dépenser et d'oublier une autre de mes addictions. J'étais tellement fascinée par le feu que je m'amusais à brûler la paume de mes mains à chaque fois que j'avais une crise d'angoisse. Mes cicatrices étaient bien là pour me rappeler à quel point j'avais pu souffrir dans ma vie. C'était pour cela que je les détestais et les cachais sous des mitaines noires. Je les portais tous les jours et même la nuit pendant que je dormais.

Je bossais dans un garage et préférais largement passer mon temps là-bas plutôt que chez moi à subir les interminables disputes de ma mère avec son foutu mari. Il nous frappait tous les trois, avec mon petit frère, et je n'arrivais jamais à les protéger de ses poings malgré tous mes efforts. Il était plus fort et plus grand que moi. Je dois avouer qu'il me faisait peur.

Arrivant au boulot en descendant de ma moto, ma cheffe me croisa avec un grand sourire sur le visage et m'annonça que plusieurs voitures m'y attendaient pour être réparées. J'étais la meilleure de ses employés. En même temps, j'adorais la mécanique. Lorsque je faisais des réparations, chaque geste était instinctif. Elle m'appréciait beaucoup et me surnommait "Foxy" en raison de ma couleur de mes cheveux et mes yeux marron. J'étais rusée comme un renard, selon ses dires.

Elle aimait également mon style. Mes longues dreadlocks rousses, mon trait d'eye-liner égyptien, mes piercings, ainsi que mes tatouages hypnotisaient toujours son regard. Contrairement à mon beau-père et certains employés du garage qui me faisaient souvent savoir qu'ils les détestaient en me dévisageant ou m'insultant gratuitement.

Comme mon adversaire de tout à l'heure. Elle travaillait au même endroit que moi, en plus de faire aussi de la boxe et ça m'énervait de la croiser partout où j'allais. Elle s'appelait Lin, portait une longue tresse brune dans son dos et restait toujours scotchée à son téléphone. Sauf quand je faisais mon entrée quelque part, comme si elle avait un radar dans sa tête.

Je la détestais et rêvais de la fracasser contre un mur, mais sur les bons conseils de Caleb et Ethan, je faisais de mon mieux pour l'ignorer.

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