Chapitre 2

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C’était le grand départ. Pendant que je faisais mes propres valises, Jordan faisait celles de Lianna. Je fis un dernier tour de ma chambre pour m’assurer que je n’avais rien oublié et descendis dans le salon. Après avoir mis celle de Véra dans la voiture, les soldats s’occupèrent des miennes.


— Tu feras attention à ma fille ? s’inquiéta ma mère.

— Mais oui, lui répondit Véra. De toute façon, j’ai prévu de revoir toute l’organisation du palais. Pour qu’elle travaille moins et s’occupe de Lianna. Après tout, c’est elle sa mère.

— Tu me donneras de te nouvelle chérie ?

— Oui, maman. J’ai le numéro de Jordan.

— Fais attention à toi. Tu vas me manquer, ma grande.

— Toi aussi tu vas me manquer, maman.


Elle m’embrassa une dernière fois avant de discuter avec ma fiancée pendant que je montais dans la voiture. Quand Véra me rejoignit, je saluais ma mère et on démarra, en direction de l’orphelinat. Les soldats chargèrent les valises de Lianna dans la voiture et je récupérais la petite. Après lui avoir fait comprendre ce qu’il se passait et dit au revoir à tout le monde, je l’installais . Quand on fut toute prête à reprendre le chemin du palais, la voiture démarra. Le voyage fut très long pour Lianna, mais je réussis à l’occuper, surtout dans l’avion. Elle finit même par s’endormir.


— Que c’est bon de revenir, soufflais-je une fois arrivé.

— Le palais te manquait tant que ça ? m’interrogea Véra, encore dans la voiture.

— Pour être honnête, oui. Comment je te l’ai dit, j’y ai trouvé ma place.

— Dès qu’on sortira de la voiture, tu redeviendras ma dame de chambre et nourrice de Lianna, qui sera ma pupille. Tu es prête ?

— Oui. Mais je veux t’embrasser une dernière fois.

— Suffisait de demander mon amour.


Elle me rapprocha d’elle, me fit m’allonger sur la banquette et m’embrassa. Heureusement, les vitres de la limousine étaient tintées.


— Chérie, ils vont se poser des questions si on ne sort pas de la voiture, rigolais-je.

— Tu as raison. On se verra ce soir de toute façon.


Quand Véra me libéra, je sortis de la voiture et récupéra Lianna dans mes bras. Encore endormie, elle posa sa tête contre mon épaule. Tandis que les domestiques s’occupaient de toutes nos valises, Véra retrouva sa casquette d’Impératrice et alla dans son bureau. J’emmenais Lianna en cuisine, pour la présenter à Sandra ainsi que manger et boire un peu. Intimidée, elle resta lovée dans mes bras, même quand Sandra lui proposa des cookies.


— Il va lui falloir du temps pour s’adapter, expliquais-je.

— C’est normal. Et vous, ça va ? Ça fait plaisir de vous voir de retour, questionna Sandra.

— Ça va beaucoup mieux, merci.

— Et avec Sa Majesté ? Est-ce que vous… et elle…

— Elle m’a demandée en mariage, lui chuchotais-je.

— Mais non ? Félicitations.


Sandra était la seule à savoir pour Véra et moi. Elle était celle qui avait aidé Véra à s’occuper de moi quand j’étais au plus mal. Il était tout naturel que je lui en parle, elle qui m’avait soutenue, indirectement, au début de ma relation avec Véra.


— Je suppose que je ne dois rien dire, comme depuis le début ?

— Exact. En public, Lianna est la pupille de Véra. En réalité, elle est ma fille et sera aussi celle de Véra à notre mariage.

— Whoa, que des nouvelles. C’est cool.

— Je suis contente d’être revenue.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit, pour Lianna, Sa Majesté ou même pour vous, n’hésitez surtout pas.

— Merci Sandra.


Je récupérais les cookies que la petite n’avait pas mangés, lui fit visiter le palais avant de monter dans l’antichambre. Une fois en haut, l’un des soldats me désigna une chambre, celle qui était désormais celle de Lianna.


— Oh, regarde p’tit chat, elle est grande ta chambre.

— A moi ?

— Oui, elle n’est qu’à toi. Tu as plein de nouveaux jouets. Tu l’aimes ?

— Oui. Ma chambre est juste à côté si tu as besoin.

— Peu jouer ?

— Bien sûr.


Je l’embrassais et la laissa découvrir sa chambre. Quand j’en sortis, Véra entra dans l’antichambre, accompagnée d’un soldat que je ne connaissais pas et sa couronne sur la tête. Elle demanda à toutes les personnes présentes de sortir.


— Élia, j’ai fait renforcer la sécurité du palais en ton absence.

— C’est-à-dire ?

— Désormais, chaque employé de palais à sa carte. C’est un peu comme une carte d’identité qu’il faut garder en permanence sur soit. Il y a les infos sur l’identité de l’employer, son poste et ses prérogatives. La carte est uniquement lisible grâce à un appareil que seuls certains soldats ont en leur possession. Depuis ton départ, il y a de nouveaux soldats qui ne te connaissent pas. Il risque de te demander à vérifier ton identité.

— D’accord, pourquoi pas.

— Ta carte est dans mon bureau. On ira la récupérer tout à l’heure et je te présenterais au nouveau personnel. Qu’il fasse aussi la connaissance de Lianna.


Véra s’installa sur le canapé en soupirant. Était-elle déjà fatiguée ? Le jeune soldat que je ne connaissais pas m’adressa un signe de tête avant de se placer à côté de la porte.


— D’ailleurs, je te présente Sacha. C’est son premier poste en tant que soldat, mais il est major de promo et il n’a qu’un an de plus que toi.

— Enchantée.

— Sacha est affecté à ta protection et uniquement à la tienne.

— Je ne comprends pas.

— Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit et j’ai peur que Margot revienne. J’ai peur que quelqu’un s’en prenne à toi en apprenant notre relation. J’ai peur que ma mère s’en prenne à toi.

— Mais si c’est votre mère…

— Sacha n’obéit qu’à mes ordres. Et aux tiens aussi. S’il doit tenir tête à ma mère pour te protéger, il le fera.

— Bon d’accord.


Véra remarqua que je n’étais pas à l’aise avec la situation. Elle se leva et me prit dans ses bras.


— Il sait que nous sommes fiancées, chuchota-t-elle délicatement.

— J’en ai parlé à Sandra aussi. Quand je lui ai présenté Lianna.

— Tu as bien fait. Il est important que tu aies quelqu’un à qui parler. Et sinon, ça se passe bien avec Lianna ?

— Pour le moment, oui.


J’aidais Véra à finir de ranger nos affaires, récupérais Lianna pour qu’elle vienne avec nous et suivit Véra dans son bureau. Elle avait réaménagé la pièce pour y installer un deuxième bureau, qui était encore vide. Lianna observa un instant la pièce avant de s’allonger sur l’un des sièges, coude sur son accoudoir et sa tête dans les mains. Véra la regarda en rigolant.


— Ce bureau sera pour ma future assistante, répondit-elle à ma question silencieuse.

— Tu as déjà tout prévu

— J’ai besoin de la recruter au plus vite. J’ai d’ailleurs déjà programmé l’entretien des trois candidates qu’on a sélectionnées. Voici ta carte.


Du tiroir de son bureau, elle sortit une carte attachée à un cordon qu’elle glissa autour de mon cou. C’était une carte simple avec seulement mon identité, ma photo et mon poste. Le cordon était rouge, sûrement pour symboliser ma proximité avec Véra. Pendant une dizaine de minutes, on évoqua aussi mon contrat de travail qu’elle voulait changer. Après l’avoir signé, on retourna dans l’antichambre pour faire prendre un bain à Lianna. On enchaîna par un tour du palais où Véra nous présenta à tout le personnel du palais. Les nouveaux pour moi, mais aussi aux anciens pour Lianna. Au passage des cuisines, Véra demanda à ce que le dîner nous soit apporté. Avec le décalage horaire, nous avions toutes les trois faim.

En attendant que le repas soit prêt, je remontais jouer avec Lianna. Une demi-heure plus tard, j’aidais les cuisiniers à mettre la table. Le premier dîner de Lianna au palais se déroula à merveille. C’était un repas simple, fait rapidement soit ce qu’elle connaissait déjà. Après l’avoir couché, c’est Véra et moi qui fit un tour par la salle de bain. Une fois toutes les deux couchée, on discuta un instant avant de s’endormir.

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