Chapitre 12

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Cette nuit, il faisait particulier chaud. Véra avait fini par virer la couverture par terre pour ne pas l’avoir sur elle en permanence. Mais je continuais de bouger dans tous les sens. Il m’était impossible de dormir par cette chaleur.


— C’est plus possible là, Élia. Va dans l’antichambre si tu as trop chaud, il y fait plus frais, chuchote-t-elle.

— Et te laisser seule ? C’est non.

— Dans ce cas on y va toutes les deux. Moi aussi j’ai trop chaud de toute façon.

— Parfait.


Elle sortit du lit, récupéra la couverture par terre et déverrouilla doucement la porte. Les deux soldats furent surpris, mais Véra leur expliqua tous. Ils nous aidèrent à déplacer les fauteuils le plus silencieusement possible et à installer un lit de fortune, à même le sol. On plaça la couverture sur le tapis et nos oreilles pour s’allonger dessus.


— Nous allons surveiller à l’extérieur de l’antichambre, ajouta l’un des soldats.

— C’est gentil, merci.


Véra avait raison, il faisait beaucoup plus fait dans cette pièce, c’était agréable. On en profita pour se rafraîchir rapidement dans la salle de bain avant de se recoucher. Pour ne pas donner trop chaud à Véra, j’évitais au maximum de la toucher.


— Élia, comme on est réveillée, je peux te poser une question ?

— Bien sûr.

— Ce que tu avais dit au mariage de Marcus…

— Je le pensais vraiment. Je sais que ça compte beaucoup pour toi d’être Impératrice, mais…

— Mais quoi ?

— Je ne suis pas amoureuse de l’Impératrice, mais de toi, Véra Stinley. Ce titre prend trop de place dans ta vie privée, notre vie privée et j’ai l’impression que c’est un obstacle immense entre nous. Tu te souviens de la fois où tu m’as demandé de t’appeler Véra en privé, mais que j’ai continué de t’appeler Ma dame ?

— Oui, je t’ai lancé mon oreiller.

— C’est de cette femme-là que je suis amoureuse. Celle qui ne se préoccupe pas de son rang ni du mien, qui s’amuse, rigole. Celle qui a accepté Lianna sans rien demander en retour. Margot est arrivée et la seconde suivante, tu étais redevenue l’Impératrice. C’est comme si tu avais deux personnalités et que celle d’Impératrice prenait le dessus en permanence.

— Je crois comprendre ce que tu essayes de me dire. C’est vrai qu’en tant qu’Impératrice, je ne peux pas être totalement moi-même. Je ne peux pas être la femme que tu aimes en public et j’en suis navrée, sincèrement. J’aimerais pouvoir te prendre dans mes bras, t’embrasser en permanence, mais je ne peux pas. J’ai une réputation à tenir et nous ne sommes pas mariées. Mais je te promets de faire un effort et de t’apporter un peu plus d’importance.

— Qu’est-ce qui te ferait renoncer au trône ? tentais-je.

— Toi et nos enfants. Si mon rôle d’Impératrice me prend beaucoup trop de temps pour une vie de famille, soit j’abdiquerais en faveur de ma tante ou de notre aîné s’il a dix-huit ans. Et pour toi ce serait si par malchance tu devais être malade et qu’à cause de mon titre je ne peux pas m’occuper de toi.

— Et si c’est toi qui devais être malade ?

— On avisera à ce moment-là. Ne parlons pas de malheur.


Je m’allongeais sur le dos et Véra glissa un bras sous ma tête et posa l’autre sur mon ventre. Elle se rapprocha de moi et je sentis son souffle chaud dans mon cou.


— Est-ce qu’il y a autre chose dont tu aurais envie de me dire ? ajouta-t-elle.

— Il va se passer quoi maintenant ? Entre ce que j’ai dit ce jour-là et ce qu’il s’est passé hier avec ma mère ?

— Pour ce que tu as dit le jour du mariage de Marcus, j’ai tout arrangé, personne n’en parlera. Quant à hier, je suis certains que tout le monde a compris. Avant d’être membre de la famille royale et impériale, ils sont avant tout des parents. Je pense que tous à compris l’inquiétude de ta mère. Et je la comprendre d’autant plus que je connais la vérité.

— J’ai peur, Véra. J’aime être auprès de toi, découvrir la vraie vie avec toi, devenir mère, mais ça me fait peur. Et le fait que tu sois impératrice n’aide pas vraiment.

— Je comprends. J’apprécie que tu m’en parles. Je sais que tu n’es pas du genre à crier sur tous les toits quand ça ne te plaît pas, mais essaye de faire un effort de ton côté aussi. Il n’y a qu’en me parlant de tes problèmes, de tes peurs que je puisse t’aider.

— Je vais essayer, je te le promets.

— Je t’aime, mon ange.

— Je t’aime aussi, mon amour.


À ce petit mot, elle sourit et se redressa légèrement pour m’embrasser.


— Tu vois, ce n’est pas si compliqué de dire ce que tu ressens.

— Commence pas où j’arrête déjà.

— Je te taquine ma chérie. C’est bien ça que tu voulais ?

— Possible oui.


La température était suffisamment agréable dans l’antichambre pour que Véra pose ma tête sur son épaule et qu’on s’endort ainsi, dans les bras l’une de l’autre. Je fus réveillé doucement par des chuchotements autour de moi.


— Bonjour, commençais-je en bâillant, tout en regardant Véra.

— Bonjour mon ange. Tu baves, termina-t-elle en chuchotant.

— Oups.


Je m’essuyais le coin de la bouche avec la main et me redressais sur le matelas. Je regardais enfin autour de moi et aperçus que toute la famille encore là était présente. Marcus était en arrière et se retenait de rigoler.


— La honte, chuchotais-je à Véra. Aucun commentaire crétin ! lançais-je à Marcus.

— Mais je n’ai rien dit, répondit-il en levant les mains.

— Mais bien sûr.

— Quand est-ce que vous allez arrêter tous les deux ? nous interrogea Isa en rigolant.

— Arrêter d’embêter Élia ? Jamais enfin. C’est mon passe-temps favori.

— Tait toi crétin ou ta va le regretter, lui lançais-je en même temps que mon oreiller.

— Mais c’est qu’elle est agressive la princesse.

— Non, mais alors toi…


Je voulus me lever, mais Lianna m’en empêcha en s’écrasant contre ma poitrine. Je l’entourais de mes bras, la fis glisser entre Véra et moi et l’attaquais avec mes baisés. Son rire communicatif envahit l’antichambre.


— T’aime Lia ! s’exclama Lianna.

— Moh p’tit chat, moi aussi je t’aime.


Ma fille dans mes bras, je me redressais et l’embrassais à nouveau. Assise entre mes jambes, je retirais l’élastique autour de mon poignet et attachais ses cheveux en queue de cheval.


— Je t’aurais bien embrassé, mais Rosalie est là, me chuchota Véra.

— Tu as du travail, ne te met pas en retard à cause de moi, chuchotais-je à mon tour.

— Profite de ta journée avec ta mère et ta sœur.

— Mais…

— Je n’ai pas été assez clair ? Je ne veux pas te voir trainer au palais aujourd’hui.

— Okay okay, m’avouais-je vaincu en levant les mains.


Elle se leva et je détournais les yeux pour éviter de rougir en la voyant en chemine de nuit. Véra comme Marcus le remarquèrent et rigolèrent en même temps. Je me levais ensuite à mon tour, Lianna dans mes bras et partie me changer. Je revêtis un short en jean et un chemisier rose pâle. Avant de sortir m’occuper de Lianna, j’aidais Véra à mettre l’une de ses robes et à la coiffer. Quand j’eus fini, elle m’embrassa et sortit. Après avoir préparé ma fille, je retrouvais ma mère et ma sœur dans l’antichambre, où il ne restait plus qu’Elena et Lizéa.


— Une journée fille avec nous, ça vous dérange ? me questionna Lizéa.

— Pas du tout, enchaînais-je. Maman ?

— Ça ne me dérange pas non plus.

— Au fait, Élia, je t’ai fait faire une carte de crédit pour ton compte, dit-elle en me la donnant ? Plus besoin de me demander pour faire des achats.

— Mais…

— Relax, mon ange. Il n’y a que ton salaire dessus, promis.

— Mouais, répondis-je peu convaincue.

— Bonne journée, les filles ! s’exclama-t-elle en s’éloignant.


Je souris avant de me tourner vers les quatre femmes qui allaient m’accompagner. Nous allions enfin faire une sortie shopping digne de ce nom. Ce dont Iléna et moi avions toujours rêvé, mais ce que nous n’avions jamais pu faire en raison des problèmes financiers de ma mère.

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