Chapitre 15

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À mon réveil, ma tête était aussi grosse qu’une pastèque. Quand Véra m’appela, je grognais et remontais la couverture sur mes yeux.


— Ça ne va pas, mon ange ?


Dans mon dos, elle se rapprocha et je lui expliquais tout. Elle sortit du lit et revient deux minutes plus tard avec un médicament et un verre d’eau.


— Prends ça et ça ira mieux. Nous avons les entretiens des futures demoiselles de chambre aujourd’hui.

— Ah oui c’est vrai.

— Prends ton temps, je vais me préparer seule.


Après avoir pris le médicament, je sortis du lit et me préparais à mon tour. J’aidais Véra à se coiffer avant d’aller réveiller Lianna. Après un réveil et un petit déjeuner difficile pour ma fille, je l’habillais tandis que Véra partait à la rencontre des candidates.

Quand je la retrouvais dans la salle impériale, Lianna s’était rendormie dans mes bras et quatre jeunes femmes écoutaient attentivement les instructions de Véra.


— Comme vous pouvez le voir derrière vous, vous allez être soumise à divers tests pratiques. Vous aurez une chambre à nettoyer et des vêtements à ranger.

— Avons-nous un temps limité ? questionna l’une des filles.

— Non. Nous savons que deux d’entre vous n’ont aucune expérience. Ce qu’on va regarder c’est votre façon de travailler avant la technique.


Véra s’aperçut de ma présence et me présenta aux filles. Elle leur indiqua quel espace prendre et elles commencèrent. Véra m’invita à m’asseoir à ses côtés.


— Ça va mieux ta tête ?

— Non

— Va te reposer un peu, sinon.

— Ça va aller. Je dois être là pour les tester.

— Et Lianna ?

— Le réveil est dur, rigolais-je.

— Choupinette. Tu veux que je la prenne un peu ? Que tu puisses aller observer les candidates.

— Si ça peut te faire plaisir.


Délicatement, je déposais Lianna sur les genoux de ma fiancée. Celle-ci posa immédiatement sa tête contre sa poitrine. J’aimais voir Véra et Lianna ensemble. J’aimais la famille que nous avions construite, à l’insu de tous. J’approchais ensuite des candidates et reconnu les deux filles que j’avais sélectionnées, les deux qui n’avait aucune expérience pour ce poste. Ce qui m’intéressait chez elle, contrairement aux deux autres, c’était surtout leur façon de faire, leur capacité d’adaptation et leur personnalité. La première Liva, prenait le temps d’explorer la pièce temporaire, de regarder où chaque objet était rangé. La deuxième Cassandra, avant déjà de commencer à faire le lit. Quand Liva s’attaqua au lit, elle s’emmêla les pieds dans le drap-housse. Je me devais de lui venir en aide.


— Pose le drap à plat sur le lit. Ensuite tu mets la couverture dessus et tu fais la technique du saucisson. C’est plus simple et tu t’abimeras moins le dos.

— Merci Mademoiselle.

— Sache que mon intervention ne te pénalise pas.

— Merci Mademoiselle.


J’approchais ensuite de Cassandra qui, elle, semblait bien se débrouiller. Même si elle ne faisait rien dans le bon ordre, c’était fait correctement. Je continuais ensuite mon observation sur Agnès, l’une des filles de Véra. Elle avait déjà pris beaucoup d’avance et ses gestes étaient à la fois minutieux et maîtrisés. Je terminais ensuite sur Selina, qui malgré quelques difficultés d’organisation avançait à bon rythme. Je retournais m’asseoir près de Véra où Lianna me tendit les bras.


— Quel est ton premier avis ?

— C’est encore trop tôt pour décider quoi que ce soit.

— Et si on ajoutait un défi supplémentaire ?

— Lequel ?

— Lianna. Il est hors de question que j’engage quelqu’un qui est incapable de gérer Lianna en même temps de travailler.

— Ça me va.


La main de Lianna dans la mienne, j’approchais d’Agnès et demandais à ma fille d’aller s’asseoir sur le lit. Elle hésita un moment avant de sauter dessus en rigolant.

— Descends de ce lit toute de suite ! s’énerva Agnès.

— Lia ! pleura Lianna en courant dans mes bras.

— C’est vous qui vous occupez de la petite ?

— En effet.

— Vous devriez mieux la surveiller. C’est votre travail, non ? Alors qu’elle me laisse faire le mien.

Véra, qui avait tout entendu, s’approcha, les bras croisés.

— Vous pouvez rentrer chez vous. Nous n’avons plus besoin de vos services.

— Mais…

— Vous avez échoué, Madame. Rassemblez vos affaires et partez. Je ne me répéterai pas.


Je m’éloignais des deux femmes pour réconforter ma fille. Lianna était sensible et n’aimait pas être repoussée. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle faisait difficilement confiance. Dès que ses larmes furent séchées et Agnès partie, j’observais un moment Liva et Cassandra. Liva était la plus en difficulté, pourtant elle était celle qui apportait le plus de soin à ce qu’elle faisait. Elle était celle qui m’attirait le plus.


— Lianna, tu veux aller voir la jeune femme là-bas ?

— Non.

— Je veux juste que tu t’approches. Tu n’as pas besoin de parler ou de faire quoi que ce soit.

— Non !


Lianna restait figée dans mes bras.


— Ce n’était peut-être pas une bonne idée de faire intervenir Lianna, chuchota Véra en s’approchant.

— Je sais que ce n’est pas la meilleure des façons pour tester les filles. Mais on doit savoir.

— Je te fais confiance, mon ange. Tu es la mieux placée pour prendre soin de Lianna.


J’approchais de Liva et posais ma fille par terre, qui cacha son visage dans mon cou. Liva nous remarqua et vint à notre rencontre, abandonnant ce qu’elle faisait.


— Salut toi, comment tu t’appelles ?


En colère, Lianna lui tira la langue avant de se réfugier à nouveau dans mes bras.


— Bah, c’est pas beau ça. Si tu me tires la langue, je vais te l’attraper.

— Non ! À moi ! Bouda Lianna en se tournant vers elle.


Discrètement, je donnais le doudou de ma fille à Liva. Je voulais qu’elle s’approche d’elle sans que je sois là. Pour jouer le jeu, Liva s’approcha du lit et fit semblant de le trouver.


— Qu’est-ce que ce doudou fait là ?

— Doudou !


C’est en courant que Lianna récupéra son doudou et que je pus m’éloigner. Liva la prit dans ses bras et la petite se laissa faire.


— C’est quoi ton joli prénom ?

— Lianna ! répondit-elle fière.

—Whoa. Tu veux que je te dise un secret ?

— Ouais !

— Moi c’est Liva. C’est presque comme toi. Est-ce que tu veux m’aider ? J’ai besoin d’une grande fille comme toi.

— Oui ! Aider moi !

— Super.

Liva lui donna un plumeau et la porta aussi haut qu’elle put pour qu’elle puisse atteindre le haut du mur. C’est en rigolant que Lianna fit tout ce qu’elle dit. Dans mon dos, Véra s’approcha.


— Je crois qu’on là trouvé, me chuchota-t-elle.

— Elle est incroyable.

— Je suis sûr qu’elle le sera encore plus une fois que tu l’auras formée. Je vais dire à Cassandra qu’elle peut rentrer chez elle et à Selina de nous attendre dehors.

— Merci.


Je reviens ensuite vers ma fille et Liva. Lianna courut dans mes bras et attrapa mon nez en rigolant.


— Mais… rends-moi mon nez, petite chipie.

— Non, à moi.


Je la chatouillais alors et ses rires résonnèrent dans l’immense pièce. Avec Lianna, mon mal de tête s’était légèrement atténué.


— Cette petite est remarquable, commenta Liva.

— Tu as bien raison. Liva. Avec l’impératrice nous avons fait notre choix. On t’invite à aller prendre un peu l’air dans la cour en nous attendant.

— Mais je n’ai pas fini.

— Ce n’est pas grave. Le test, lui, est bien fini.

— Merci Mademoiselle.


Véra leur montra le chemin pour la cour avant de revenir vers moi. Étant de nouveau seule dans cette immense pièce, elle entoura ma taille de ses bras et m’embrassa. Jalouse, Lianna se faufila entre nous pour nous séparer.


— Tu es sûr de ton choix ? Ce sera Liva et Sélina ? me questionna-t-elle ensuite.

— Oui. Je pense que ça doit être elles.

— Donc Liva sera ta dame de chambre quand on se mariera. Ça te convient ?

— Au vu de comment elle a réussi à amadouer Lianna, oui.

— Parfait. Allons leur annoncer la nouvelle.

J’attrapais la main de Lianna et suivis Véra dans la cour. Dès que les filles nous aperçurent, elles s’approchèrent.

— Mesdemoiselles, commença Véra. Avec Élia nous avons fait notre choix. Nous vous avons toutes les deux sélectionné.

— Mais je croyais qu’il n’y avait qu’un seul poste de disponible ? questionna Sélina.

— Un poste qualifié, toi Sélina, repris-je. Et un poste non qualifié, Liva.

— Tout à fait, enchaîna Véra. Vous serez sous la responsabilité d’Élia qui vous formera, surtout vous Liva. Élia sait tout de moi, de mes habitudes, de ce que j’aime ou non. Si vous avez la moindre question, c’est à elle qui faudra les poser. Je vous présente aussi Lianna, ma pupille. Elle vit ici avec moi comme Élia et vous désormais. C’est Élia qui s’occupe d’elle à temps plein, mais il se pourrait qu’elle vous demande votre aide de temps en temps. Voilà pourquoi Agnés a été immédiatement refusée suite à son comportement envers la petite.


Tandis qu’elle expliquait tout, mon mal de tête revint. Je fermais les yeux quelques secondes et approchais ma main de ma tête. Véra se tourna ensuite vers moi et croisa les bras. Elle avait à la fois se regard d’impératrice et celui de fiancée inquiète.


— Ton mal de tête ?

— Toujours.

— Tu retournes te coucher. Liva, prenez Lianna avec vous. Vous deux, vous me suivez dans mon bureau pour la signature de vos contrats.

— Mais… voulus-je intervenir.

— Bon sang, Élia, quand vas-tu m’écouter ? Va te coucher. Je ne veux plus te voir avant midi.

— C’est bon, j’ai compris, ajoutais-je en m’éloignant.

— Tête de mule, va.

— Moi aussi je vous aime, Ma dame ! lançais-je.


Je l’entendis rire et souris à mon tour. L’écoutant, je remontais dans la chambre, glissais mes écouteurs dans mes oreilles et m’installais dans le lit. Je ne parvins pas à m’endormir, mais je réussis au moins à me reposer.

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