Chapitre 40

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Les jours défilaient et j’avais de plus en plus de mal à contrôler Lianna. C’était une enfant qui avait besoin de se dépenser alors que nous étions bloqués dans cette sorte de cave. J’arrivais au bout de toutes les idées que j’avais peut avoir pour la maintenir occupée, concentrer sur autre chose que notre confinement. J’étais aussi épuisée. Je ne dormais que très peu, préférant être en permanence alerte sur la situation, au cas où.


Élia ! Éloigne Lianna tous de suite !


Océane venait d’apparaître à mes côtés. Pour la première fois depuis notre enlèvement. Si elle intervenait maintenant, c’est que nous étions en danger. Sans réfléchir, je poussais Lianna jusqu’au mur, loin derrière moi en lui demandant de ne surtout pas bouger.


— Écoute-moi attentivement à partir de maintenant, si tu veux rester en vie.

— Lieutenant attendez !


Un jeune homme et un plus âgé entrèrent. Cette fois-ci ils n’étaient pas masqués. Je reconnus la voix du jeune homme, celui qui nous aidait depuis le début. L’autre, le lieutenant semblait en colère. Il s’avança rapidement vers moi et mon cœur s’emballa. Océane parla, mais je restais bloqué sur l’homme qui en profita pour envoyer son poing dans mon visage. La violence du coup m’envoya la terre et ma bouche se remplit de sang.


Je t’ai dit de m’écouter ! s’énerva Océane.

— Qu’est-ce que tu as fait ? hurla le lieutenant. Comment as-tu pu dévoiler notre position ?

Relève-toi tous de suite.


Je calmais ma respiration et me relevais. Océane allait m’aider, je devais juste rester attentive à ses indications. Le lieutenant leva à nouveau son poing. Écoutant Océane, je me baissais au moment où il le balança, l’esquivant de justesse.


— Fauche ses pieds, tu dois lui faire perdre ses appuis.


Il me vit venir et m’envoya un coup de genou dans la poitrine qui me coupa la respiration. Il en profita pour braquer son arme sur moi. Mes mains tremblèrent d’elle-même. Il allait me tuer et il allait le faire devant Lianna. Calmement Océane se plaça sur ma droite. Le Lieutenant hurlait, mais je ne l’écoutais plus. Océane m’expliquait un mouvement pour le désarmer. Pour prendre l’arme à sa place. Elle me le répéta plusieurs fois.


Si tu as compris, avance doucement ta main gauche vers lui et tente de lui parler.


Je tentais tant bien que mal de ralentir les battements de mon cœur tout en faisant des gestes d’une lenteur extrême.


— Je vous ai promis de rester calme, de ne pas tenter de m’échapper et c’est ce que j’ai fait. Je ne comprends pas ce que vous…

— Comment l’armée impériale a-t-elle pu savoir où nous étions dans ce cas ? Comment les as-tu contactés ?

— Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.

— Arrête de mentir.


Lianna hurla au même moment. Un autre soldat la tenait en joue. Je devais agir et vite. Mais je devais attendre le feu vert d’Océane.


— Attendez ! Je vous assure que je n’y suis pour rien. Je ne sais même pas où je suis.


Une explosion retentit derrière le lieutenant. Celui-ci tourna la tête et Océane me donna l’autorisation d’agir. Je me décalais, attrapais son poignet puis le pistolet pour le lui enlever. Mon cœur battait à un rythme effréné dans ma poitrine. Avant qu’il ne se reconcentre, Océane me montra comment l’assommer. Je retournais ensuite l’arme contre celui qui braquait ma fille.


— Ne vous approchez pas d’elle !


Je le vis resserrer sa prise sur son arme. Lianna se recroquevilla sur elle-même et je plaçais mon doigt sur la gâchette.


— Je ne me répèterais pas.


Une nouvelle explosion ébranla la structure avant que des balles fusent directement sur le soldat ennemi. Je laissais tomber mon arme, plaquais mes mains contre mes oreilles et me recroquevillais. Quand tous se calmèrent, je me relevais. Le soldat ennemi était à terre. Je soupirais de soulagement en apercevant ma fille dans les bras de sa mère. Véra était là. Elle était venue nous sauver. Elle rassura Lianna puis la laissa aux mains d’un médecin. Elle se tourna ensuite vers moi et s’immobilisa dès que nos regards se croisèrent. Une larme roula sur ma joue. Tout était enfin fini. Nous étions libres. Véra s’approcha en silence. Avec bienveillance, elle étudia mon visage alors que je gardais mes yeux braqués dans les siens. Je savais que la caméra était toujours allumée et elle devait aussi le savoir.


— Ça va ? me questionna-t-elle finalement.


Définitivement rassurée, je me plaquais contre sa poitrine et laissais mes larmes couler. Dans ces bras, toute la pression des derniers jours retombait enfin.


— J’ai eu tellement peur, mon ange, me chuchota-t-elle. Je n’aurais pas supporté qu’il t’arrive quoi que ce soit.

— Si tu es là, c’est que tu as eu mon message ?

— Je ne t’ai pas quitté des yeux une seule seconde. Tu étais remarquable. Et ton message en Carandien, c’était très ingénieux. Je suis fière de toi, Élia.

— Tu m’as manquée, lui souris-je.


Elle glissa ses doigts dans mes cheveux, derrière mes oreilles. Elle posa sa main sur l’arrière de mon crâne et me rapprocha d’elle pour m’embrasser. Mes larmes continuèrent de couler tandis que je lui rendais son baisé. Je posais ensuite ma tête contre son cœur. Je voulais l’entendre battre, je voulais l’entendre respirer. J’avais besoin de vérifier qu’elle était bien avec moi, vivante et en bonne santé.


— Le Royaume de Thiera, comment…

— La guerre est finie. Le reste n’a pas d’importance.

— J’aimerais savoir, s’il te plait.

— Avec l’arrivée des armées de Thérénia et de Carandis, nous avons pris l’avantage. Les dirigeants de Thiera se sont finalement rendus. C’est pour ça que tu as attendu plus longtemps que prévu. Comme j’ai vu que tu gérais plutôt bien la situation, j’ai concentré mes efforts sur l’armée de Thiera, même si je savais où tu étais. Et j’étais en contact avec le soldat qui t’a aidé. Tu ne m’en veux pas ?

— Je n’en attendais pas moins de toi, mon amour.


Je l’embrassais à nouveau et elle fit un signe de la main. Quelques secondes plus tard, un homme nous informa que la diffusion en direct était coupée. Un médecin s’approcha et nous fit sortir. Il m’examina rapidement, diagnostiquant mon manque de sommeil avant de nous autoriser à tout rentrer au palais. Dès que mon téléphone fut de nouveau en ma possession, je contactais ma mère pour la rassurer. Elle avait dû être plus paniquée que Véra. Après plusieurs heures de voiture, je reconnus le palais de la Reine Lola. J’étais toujours sur leurs terres. Tous se terminaient bien. Maintenant, je me savais prête à tout pour ma famille, pour Lianna et Véra. J’avais changé, en mieux/j’avais mis de côté la fille et l’adolescente que j’avais toujours été pour laisser l’adulte, la femme prendre son envol.


FIN du Tome 2

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