Chapitre 10

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Une sensation de froideur et d'humidité sur sa tempe réveilla la jeune fille. Ou, du moins, la fit reprendre conscience. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Elle était bien. Ne pensait à rien.

一 Je sais que tu es réveillée... fit une voix amusée... qu'elle connaissait bien.

一 Mais laissez-moi ! marmonna-t-elle en se retournant comme si elle se trouvait dans un lit. Le roi pouffa.

一 Je me demande bien ce qui te plaît tant dans ce pont tout gris...

一 Hummf, grogna Isadora pour toute réponse, ne voulant qu'une chose : qu'il parte !

一 J'ai soigné ton cheval et nettoyé ta plaie... Enfin, disons que j'ai surtout demandé à Tim de le faire, je n'y connaît rien à la médecine ! continua-t-il avec entrain.

一 Merfchi...

一 Dis-moi... Tu t'es reconvertie en marmotte ou... ?

一 Nion...

Shu riait si fort qu'elle fini par ouvrir les yeux, avant de les refermer brusquement.

一 Pourquoi vous êtes entièrement couvert d'or ? C'est horrible à regarder !

Le roi se pencha vers elle avec un air conspirateur...

一 Tu veux que je te dises ?

一 Je commence à regretter ma question...

一 C'est pour que Tim ai envie de me déshabiller...

一 C'est dégoûtant !

一 Mais non... Tu verras quand tu seras plus âgée ! Et si tu te levais ? Je sais que la pierre est confortable mais tout de même...

Riant légèrement, elle se leva et saisit la main que lui tendait le roi.

一 Viens, tu vas pouvoir te reposer comme il se doit à l'intérieur.

La jeune fille jeta un œil au palais gris.

一 Pourquoi n'est-il pas aussi accueillant que celui de la capitale ? Et pourquoi ressemble-t-il autant à une forteresse ? demanda-t-elle enfin, lâchant ces mots qui la brûlaient.

一 C'est bien simple, il est censé protéger la capitale... Mais avec le temps, c'est devenu inutile, alors j'ai embellit les jardin et j'y vient l'été car il y fait frais.

L'intérieur était tout aussi chaleureux que celui du palais de la capitale, tout en tissus pastel, tapisseries, coussins, canapés, fauteuils... Le roi savait rendre les intérieurs à la fois accueillants et excentriques. A son image.

Et cela impressionnait beaucoup la jeune fille.

Mais elle ne pouvait pas s'attarder. Il lui fallait repartir.

一 Je sais que tu veux t'en aller de nouveau... Mais mange donc d'abord avec nous.

一 Nous ?

一 Tim et moi.

Effectivement, le jardinier les retrouva rapidement et ils s'assirent autour d'une table basse et les plats furent servis.

Ils mangèrent avec les doigts en riant et plaisantant.

Puis ils la libérèrent.

Elle fut conduite aux écuries où elle retrouva le cheval qu'elle avait "emprunté".

La route du retour se fit sans réel encombre... Jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle n'avait aucune envie et aucun droit d'amener l'autre Élu sur le pont pour lui prouver la véracité de ses dires.

Surtout que certains l'avaient repérée... Et semblaient vouloir la dénoncer comme espionne ou voleuse, elle ne savait pas trop...

Alors elle abandonna le cheval pour s'enfoncer dans les ruelles grises de la ville. Il y avait bien un endroit susceptible d'être adéquat pour invoquer le Dieux...

Mais aucune place, aucune rue, ne contenait douze éléments identiques.

Aucun.

Alors qu'elle flânait mine de rien, elle aperçut au loin l'orée d'une forêt.

Parfait. Douze arbres identiques, cela ne sera pas compliqué à trouver !

Sans plus se poser de question, elle fonça vers le bois.

A peine à l'intérieur, elle remarqua qu'il n'existait aucun chemin défini, mais qu'il était très fréquenté.

Ondulant comme elle le pouvait pour éviter les ronces, elle tenta de trouver les arbres qu'elle cherchait... sans succès.

一 Mais pourquoi est-ce qu'il n'y en a pas deux pareils ! grogna-t-elle, vexée. Ah ! Des menhirs, des mâts de navires, des obélisques, des copies, il y en a plein ! Mais des arbres, certainement pas ! hurla-t-telle en colère contre cette forêt qui n'avait rien demandé.

Elle accéléra le pas, essayant de contenir sa frustration...

Et tomba sur une clairière.

Un cercle parfait.

Entouré de douze menhirs.

Et en son centre, un dolmen.

Lentement, elle fit le tour de la clairière, caressant la pierre du bout des doigts.

Il se faisait tard, la nuit tombait et elle n'avait aucune envie de refaire le chemin dans le sens inverse, alors elle se coucha sous la table de pierre et ferma les yeux.

Le sommeil tarda à venir mais elle n'y prêta pas attention, les yeux rivés vers les étoiles... Nuit veillait certainement sur tous les Élus depuis le ciel.

一 Et un jour, je serai là-haut, moi aussi... Peut-être même à cause des Dieux Maléfiques... murmura-t-elle pour elle-même.

C'était étrange de dormir sous une pierre géante, entourée d'arbres et de mousse. Cela lui rappelait sa première nuit à la belle étoile, lorsqu'elle avait été bannie... Elle se souvenait du réveil horrible et du centaure...

Y avait-il des centaures au Pays de l'Ouest ?

La jeune fille ne pouvait s'empêcher de se demander d'où venait sa facilité à parler ouestae... Un talent caché dû à sa qualité d'Élue ? Ou un simple don d'adaptation ?

Elle n'en savait rien et ne tenait pas à comprendre.

Sans la barrière de la langue, il lui serait bien plus simple de communiquer avec les autres. Les autres... Dix autres personnes à rencontrer, convaincre... C'était long. Elle avait mis quatre ans à trouver ne serait-ce qu'un de ses homologues.

Alors dix !

Qui sait ce qui allait se passer...

Et si les Dieux Maléfiques détruisaient les Dieux Fondateurs ? Et s'ils n'y arrivaient pas ?Isadora referma les yeux, chassant ces idées noires de son esprit et se concentra sur le lendemain.

Elle allait enfin pouvoir le rencontrer.

Et il allait devoir accepter son destin.

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