Chapitre III - Une rentrée fracassante.

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- Bien ! Bonjour à toutes et à tous. Veuillez vous asseoir, je vous prie. Autorisait l'enseignante de Fac., debout derrière son bureau.

Cela faisait quelques jours qu'Anna et moi avions procédé à mon inscription dans la Faculté où elle suivait des cours. Cette dernière enseignait l'économie et la gestion. Je n'y voyais aucun inconvénient à venir suivre les cours avec elle, étant donné que j'avais abandonné les miens depuis l'âge de 16 ans alors même si j'avais voulu choisir ma propre Faculté, je n'aurais pas réellement su celle qui me conviendrait. Quoiqu'il en soit, étant donné que je n'avais pas été jusqu'au Baccalauréat, je n'étais pas dans la même classe qu'elle. En effet, je ne pouvais pas prétendre à une Licence. On m'avait plutôt inscrit pour suivre une formation qui y était dispensée. Cette dernière nous préparait au métier de commercial. Anna assurait que c'était un domaine dans lequel les offres d'emploi ne cessaient de se multiplier et que j'allais à coup sûr, trouver un travail. Je pensais surtout qu'elle voulait que je terminais ma formation au plus vite pour pouvoir contribuer au paiement du loyer.

Enfin bref. Je venais enfin d'être accepté et c'était mon premier jour au sein de cette Faculté. C'était l'après-midi et les étudiants étaient revenus de leur pause du midi. J'attendais à l'entrée de la salle de classe dont la porte était grande ouverte et donnait directement sur le bureau de l'enseignante. Je regardais les formés, debout derrière leur chaise, s'installaient dans le calme le plus complet.

- Ça change de ce que je me souviens du Lycée. Pensais-je étonné.

J'étais stressé. Ce qui n'était pas mon habitude. J'avais l'impression que je n'étais pas dans mon élément.

- Je suis le vilain petit canard parmi les cygnes. Pensais-je.

Je regardais l'enseignante et cela me faisait corriger ma pensée au plus vite.

- Le vilain petit canard parmi les cygnes et le dindon. Ricanais-je, intérieurement avec une mine de dégoût.

Mes yeux examinaient les moindres parties de sont corps et j'avais juste une envie, c'était de gerber.

- Putain, ça ne devrait pas être autorisé des formatrices comme ça, sans déconner. Pensais-je. Ça me ferait bien chier de me lever chaque matin juste pour voir sa gueule à ce laideron de 3 tonnes 5. Continuais-je ma pensée.

Elle était petite mais avec des formes, suffisantes pour me la faire comparer à un camion de marchandises. Ses cheveux courts et frisés de couleurs poivre et sel me laissaient à penser qu'elle était proche de la retraire ou plutôt proche du cercueil. Elle était habillée d'un répugnant pull vert moulant qui laissait apparaître sa bedaine et d'une jupe noire qui lui arrivait jusqu'aux genoux mais qui laissait néanmoins, entrevoir la peau fripée de ses mollets ainsi que ses varices qui s'apparentaient à une carte routière. Toute cette laideur était supportée par ses pauvres petits pieds boudinés qui entraient par miracle dans ses escarpins noirs.

- Hadan ? Me questionnait l'enseignante.

- Je ne sais même pas comment font les talons pour ne pas céder sous son poids, sans déconner. Tenez bon les gars ! Criai-je, intérieurement comme si je m'adressais à ses pieds.

- Hadan ? Continuait-elle de m'appeler.

Je relevais la tête et nos regards s'étaient croisés. Elle comprenait par les traits de mon visage que j'étais dans mes pensées mais rapidement, elle me faisait un mouvement de la main pour la rejoindre à ses côtés.

- Parfum fleur d'anus. Confirmais-je, intérieurement, une fois près d'elle. Putain, mais elle pue, sans déconner. Continuais-je de penser en fronçant les sourcils.

- Bien ! Avant de commencer le cours, une nouvelle personne a décidé d'intégrer la formation que vous suivez actuellement. Annonçait l'enseignante aux étudiants qui me fixaient du regard.

J'avais l'impression de me retrouver à poil devant eux comme s'ils étaient dotés d'une vision bionique qui les laissait percevoir l'entièreté de mon corps jusqu'à la moindre parcelle. Cela me gênait. J'étais sur les nerfs. Autant stressé qu'énervé par leur fixette comme s'ils étaient spectateurs d'un tour de magie et qu'ils attendaient qu'une colombe ne sorte de mon cul.

- Veux-tu bien te présenter ? Me demandait la formatrice en se tournant vers moi.

- Hm... Je... Hm... Bégayais-je. Putain, arrête tes conneries mec ! On te demande simplement de te présenter. Prénom, nom, âge, ce que tu as fait jusque là en ce qui concerne ton parcours professionnel... M'énervais-je contre moi-même, intérieurement. C'est tout. Rien de plus. Me convainquais-je, intérieurement.

Tous me regardaient comme si j'allais annoncer la fin du monde. Je devais me reprendre au plus vite et faire bonne figure.

- Bon... Ça va aller. Ils sont jeunes. Bien plus jeune que moi d'ailleurs. Quoi ? Deux voire trois ans de moins ? Je ne dois pas me laisser impressionner. Pensais-je.

Je prenais une grande respiration et me tournais vers l'enseignante dans l'attente d'un froncement de sourcil de sa part qui traduirait une autorisation à la poursuite de ma présentation. Mais il n'en était rien. Elle était là, à me fixer du regard, les yeux grands ouverts telle une momie qui me suppliait de la libérer d'une quelconque malédiction. J'ai cru bon de poursuivre ce que je disais après que le plus grand des silences ne s'était fait entendre dans la salle. A cet instant, on pouvait même entendre une mouche voler. Je croyais même l'avoir entendu péter à un moment donné.

- Je me présente. Je m'appelle Hadan Douglas et je vais sur mes 21 ans. J'ai arrêté mes études à l'âge de 16 ans. Je me suis laissé aller puis j'ai compris combien avoir un travail était important mais les temps sont durs et c'est difficile de décrocher un emploi sans diplôme. J'ai eu la chance de rencontrer une personne qui m'a conseillé cette formation alors... Voilà pourquoi je suis ici. Me présentais-je tout en les regardant dans l'attente d'une réponse ou même d'un mouvement de leur part, ma foi. Je vous prie de bien vouloir m'accueillir au sein de votre groupe. Ajoutais-je en esquissant un sourire timide malgré que dans ma tête, je les insultais un par un au vu de leurs regards qui n'avaient pas changé d'un pouce.

Cela m'énervait de plus en plus mais l'enseignante me demandait de rejoindre une place de libre dans la salle, ce qui avait changé ma mine de personne enragée en celle d'un explorateur à la recherche de sa place. Un gars venait de lever sa main pour m'indiquer l'emplacement d'une chaise. Je suivais sa main qui me désignait l'endroit où je devais m'installer sans la perdre des yeux comme s'il s'agissait d'un point de repère que je ne devais à tout prix pas perdre au risque de devoir m'asseoir le cul parterre.

- Moi c'est Tony. M'annonçait l'indicateur en me tendant la main après que j'avais pris place.

- Hm. Cool. Répondais-je en la lui serrant. Cette poigne ! Pensais-je.

Elle n'allait pas du tout avec le reste de son corps. Il avait de la force et pourtant, il était si mince. C'est tout juste si je ne pouvais pas le casser en deux en lui soufflant dessus. Quoiqu'il en soit, il me dépassait en taille mais de peu. Ses cheveux châtains foncés, surélevés tels la coiffure d'un footballeur professionnel en était la cause. Il avait la peau blanche mais un regard persan. Ses yeux étaient d'un bleu... Magnifiques ! Son nez et sa bouche étaient fins tels ceux des personnages fragiles dans les yaois. Il était plutôt beau gosse, je dois l'admettre. Il aurait été mon style si j'avais était gay mais ce n'était pas le cas.

- Je suis la formation depuis le début et à côté de ça, je suis dans un club de football. Poursuivait-il.

- Hm. C'est bien ce que je pensais. Lançais-je.

Il n'eut pas le temps de s'étonner de ma remarque que l'enseignante venait de l'interpeller.

- Tony ! Pouvez-vous me rappeler ce que nous avions fait la séance dernière ? Lui demandait-elle comme s'il était sa référence.

- Hm. Nous vous avons rendu nos rapports de stage et nous allions commencer une nouvelle séance, Madame. Lui répondait-il tel un élève model.

- Oh ! Oui, c'est vrai ! Se souvenait-elle. D'ailleurs pour cette nouvelle séance, vous allez devoir vous mettre en groupe. Annonçait-elle toute contente comme si elle venait de nous dire qu'elle nous avait achetés des places pour nous rendre dans le plus grand des parcs d'attractions. Et bien justement ! Disait-elle en frappant ses deux paumes de mains comme si elle venait d'avoir une illumination. Hadan ! Haussait-elle le ton.

- Hm. O-oui, Madame ? Lui demandais-je, effrayé parce qu'elle allait m'annoncer.

- Comme tu es nouveau, tu te chargeras des groupes. Tes camarades te diront avec qui ils se mettent et toi, tu noteras tout cela sur une feuille que tu me remettras après avoir tout écrit. Me donnait-elle les consignes. Au moins, cela te permettra de connaître les prénoms et noms de ces derniers. Ajoutait-elle.

- D'accord, Madame. Répondais-je comme mon voisin en prenant exemple sur lui.

Je devais reconnaître que c'était une bonne idée mais cela me faisait déjà chier des bulles de devoir écrire. Quoiqu'il en soit, je ne voulais pas faire mauvaise impression et fouillais dans mon sac à la recherche d'une feuille et d'un stylo.

- Et merde ! Grognais-je.

Tony m'avait entendu et tel un preux chevalier sur son fidèle destrier, il venait à mon secours.

- Un problème ? Me demandait-il.

- J'ai... Disais-je en continuant de trifouiller dans mon sac sans réellement en regarder l'intérieur tel un joueur de Motus mélangeant les boules. Je n'ai pas pris mes affaires. Lançais-je en continuant mon bras de fer acharné avec mon sac.

- Si tu... Commençait-il.

- Ah ! C'est bon ! Le coupais-je en sortant le cahier noir qui me suivait partout.

Je le posais sur ma table et ouvrais grand mon sac pour mieux continuer ma fouille.

- Ush... Laissais-je échapper.

Mon voisin venait de comprendre que je n'avais pas de quoi écrire, ce qui lui permettait de continuait sa phrase de départ.

- Si tu veux, je peux te prêter un crayon. Me disait-il en me tendant un crayon à papier.

- Merci mec. Lui disais-je en lui prenant de la main.

                                                                             *

L'enseignante gérait les groupes avec une main de fer.

- Qui se met avec qui ? Demandait-elle.

- Betty avec moi, Madame. Disait une étudiante au travers de la classe.

- Bien. Dans ce cas, dis ton prénom et ton nom ainsi que ceux de ta camarade à Hadan. Ordonnait calmement l'enseignante à cette dernière. Par contre, il faut trois élèves de plus parce que ce sont des groupes de 5 voire 6 personnes. Continuait-elle. Hadan, n'oublie pas de préciser le nom de la formatrice ainsi que l'heure et le cours en question car vous ne serez pas toujours avec moi et il faut que mes collègues qui vous auront plus tard, sachent avec qui vous avez travaillé lors de ce cours. S'adressait-elle à moi. Tu mettras donc « Madame Liar » puisque c'est mon nom. Poursuivait-elle.

J'obéissais à sa remarque en griffonnant comme une flèche tous les prénoms et noms qui me tombaient dessus comme les balles d'un AK47. Cela faisait sourire mon camarade, ce qui ne manquait pas de me gaver. Lorsque j'avais fini de tout noter, je fermais mon cahier, satisfait de moi-même en portant mes mains derrière ma nuque et en allongeant les jambes sous la table afin de m'étirer. A cet instant, toutes les personnes présentent dans la pièce s'étaient mises à tomber comme des mouches. Le fracas assourdissant de leurs crânes sur le sol m'avait empêché de fermer les yeux au complet.

- C'est quoi cette merde ? Pensais-je en fronçant les sourcils.

Je restais immobile dans cette position dans l'attente d'une explication.

- Hm. Laissais-je échapper en balayant la salle de classe du regard tout en baissant les bras et en rapprochant mes pieds de ceux de ma chaise.

- Héhé... Ricanais-je de stress. Ça va les gars ? Demandais-je dans un murmure à n'importe qui voudrait bien me répondre. Hé ! Disais-je en commençant à me lever. Putain mais c'est quoi leur délire ?! Si c'est un bizutage pour ma venue, c'est vraiment louche et complètement débile ! Pensais-je, énervé. Oh ! Je vous parle ! Commençais-je à hausser le ton.

Je baissais le regard en direction de mon camarade, Tony, lui aussi, allongé sur le sol comme s'il dormait comme un bébé.

- Tony. Essayais-je de le réveiller en tapant dans sa voûte plantaire à l'aide de mon pied. Putain Tony, réponds ! Criais-je.

Je commençais à paniquer et cela s'était amplifié lorsque je venais de constater que Madame Liar était également allongée sur le sol. C'est à ce moment-là que j'avais compris que c'était du sérieux. 

- Une vioc comme elle ne se serait pas cassée le cul à se jeter sur sol pour participer à quelconque farce organisée que ce soit au risque de se péter les articulations juste pour me souhaiter la bienvenue. Enquêtais-je, rapidement. 

Je m'agenouillais près d'elle et tâtais son cou à la recherche de son pouls. Rien. Je tâtais également son poignet. Rien non plus. Je m'approchais de son visage pour percevoir ne serait-ce qu'une infime respiration de sa part. Que dalle. Aucun signe de vie.

Je commençais à perdre espoir et mon cœur battait de plus en plus vite. 

- Qu'est-ce qu'il se passe, bordel ?!  Questionnais-je dans un murmure étouffé.

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