Entre rom-com et date? Please, choisissez le rom-com!
Trois ans plus tôt_ Britney
Je refaisais mon eye-liner pour la cinquième fois. J’essayais de me faire des yeux de chats mais c’est raté. Je ressemblais plus à un panda en manque de bambous qu’à une fille allant à un date. Je m’essuyai les yeux en grognant. Comment Kat et ces ados de 13 ans réussissaient à le faire les yeux fermés, bon sang ?
C’est vrai, quoi. J’ai un master, mon propre appart, des bottines signés Prada (une seule paire, mais ça compte) et une machine à café digne d’un barista.Je regardais l’heure et décidais de faire un léger trait.
Désolée Tinder-man mais tu allais devoir attendre un peu. D’autant plus que je n’étais pas en retard.
Enfin, pas encore. J’observai mon allure dans le miroir et je me sentis belle. Ma robe pull bleu était ample et sexy à la fois, mes cuissardes noirs préférées sont toujours aussi belles. J’ai un énorme faible pour les chaussures, surtout ceux des marques. Je prends une ou deux photos dans le miroir et sort de mon appartement. Je ne m’attends pas à rencontrer l’amour ce soir. En vrai, ça fait un moment que je ne m’attends plus à grand-chose. Mais j’y vais quand même.
Parce que si je veux que l’amour vienne toquer à ma porte… faut moins que je sois réveillée.
C’est ce que ma mère disait. Et d’autres adorables conneries dans le genre.
***
J’arrivai avec cinq minutes de retard, soit 300 secondes. J’espère que mon date n’était pas comme Taylor, une de mes meilleures amies. Elle n’avait aucune tolérance pour les retards et considères tous les retards comme crime contre l’humanité et elle-même. Même 5 ridicules minutes de retard. Je soupire avant d’ouvrir la porte et une odeur de vin et de cannelle emplissait l’air. J’adore.
J’entrai dans le restaurant, un peu excitée et observai ce restaurant original. L’éclairage était doux et diffusait une lumière tamisée.De grosses bougies aux couleurs pastels trônaient sur les tables. Sans doute parfumées. Un bar en bois massif croulait sous les verres suspendus et les différents alcools. Je remarquai que sous chaque table, un tapis oriental aux couleurs chaudes ajoutait encore un charme à ce restaurant.
Je. L’adore. Mes doigts me démangent pour prendre une photo mais je dois d’abord faire honneur à ce date. Je l’aime déjà et j’espère que même s’il n’y a pas d’étincelles, on deviendra au moins amis.
Maddox avait très bon goût. Je le repère sur une table buvant un café glacé.
Un café glacé.
En mois de juin. Euh, ok.
Je profitais de ce moment où il ne m’a toujours pas repéré pour me rincer l’œil. Il était vraiment beau. Des cheveux noirs ondulés un peu long, une mâchoire saillante et des lunettes à monture carré. Sexy dans le genre intello avec sa chemise blanche. Il relève enfin sa tête du menu et croise mon regard. Je m’avance d’une démarche déterminée et arbore un sourire discret. Son regard bleu-vert comme l’océan glissait sur moi comme un scanner. Ils froncent légèrement les sourcils. Un petit nœud se formait dans mon ventre.J’avais l’impression de passer un test dans lequel j’ai déjà échouée alors que je n’ai encore rien écrit. J’aurais peut-être dû prendre mes jambes à mon cou et retourner dans mon appart à mater les vieilles comédies romantiques, de préference How to lose a guy in 10 days. Allez, Brit, ce date ne peut pas être si horrible que ça. Au pire tu aurais une anecdote de plus à raconter sur tes dates foireuses.
Je m’assieds en face de lui avec mon sourire le plus beau. Il me sourit aussi et une fossette apparaît sur sa joue comme Will dans Me before you. J’oublie un peu mon malaise et me dit que c’était normal s’il me fixait comme une créature débarquant de Maruvia. (Si ça existe, bien sûr. Ou on dira que c’est une planète imaginaire où les gens ont du style et où boire un café glacé est un crime)
_ salut, tu dois être Maddox ?
_ ouais. Et toi tu dois être Brit-ney ?
Je déteste la façon dont il prononce mon nom comme si j’étais une anomalie. Après tout, Britney n’était pas un nom si rare, non ? Demandez à Spears.
_ C’est ça. Facile à retenir pourtant, non ?
Il ouvre la bouche comme pour répliquer mais heureusement un serveur arrivait et nous sauve de ce désastre. Je commande un verre de vin et lui un autre café glacé. Je résiste à mon envie de le boire d’une traite ou de le planter là. Je lui donne une chance parce que ce resto est super. Même s’il se comporte froidement depuis que je me suis assise. J’essaie néanmoins d’entamer la conversation.
_ Donc, tu aimes les chats ?
Je me gifle mentalement pour cette question.
Les chats, Brit ? Sérieusement ?
J’aurai aimé lancer une blague ou raconter la fois où je m’étais trompé d’avion. Ça fait toujours rire tout le monde. Pas les chats.
_ Oui, comme tout le monde évidemment, souffle-t-il sarcastiquement.
Mes joues s’enflamment et tant pis, je bois mon verre de vin d’une traite et commande un autre.
Mon Dieu, sauvez-moi ou frappez-moi, s’il-vous-plaît. Ce que vous voulez, mais faîtes quelque chose.
Je gigote sur place et laisse le silence s’installer même si cela me rend male à l’aise. Il continue de fixer un point au-dessus de mon épaule et moi je regarde ces yeux. Ces iris sont vraiment très beaux. Froid mais très beau quand même. Dommage que c’est un connard.
_ et donc, tu adores Tolkien ?
J’ignore le doute dans sa voix et réponds à sa question quand même pour rendre cette soirée insupportable. :
_ Oui, j’aime bien la fantasy en général mais je pense que Tolkien est imbattable. J’aime bien aussi The Witcher.
Il est toujours dubitatif. Je le vois au froncement de ses sourcils et à sa moue moqueuse. Un élan de furie me monte à la tête et je fais de mon mieux pour le réprimer mais trop tard.
_ Quoi ? Tu penses que je n’ai pas le droit d’aimer le Seigneur des Anneaux et Géralt de Riv ?
Son masque d’indifférence se brise et il hausse un sourcil. Touché. Mais malheureusement, les hommes sont tous des cons et Monsieur-plein-de-préjugées ne fait pas exception à la règle.
_ Non, c’est juste que tu es… très belle.
Rectification, il y a les cons et les super cons. Et Maddox lui est super-méga con.
Comment ce mec arrive à me complimenter tout en m’insultant ? En plus, il a ce sourire un peu condescendant. Je finis mon verre encore une fois et commande un autre alors que le steack saignant que j’ai commandé n’ai pas encore arrivé. Je me sens plus légère et passe outre de son insulte.
_ j’aime bien faire honneur à mon premier rendez-vous.
Et le dernier. Avec toi, du moins.
Il ne dit rien et continue de sourire comme si je l’amusais. Je ne suis pas une bête de foire, bordel.
_ alors, ingénieur en informatique ? Tu bosses sur quoi ?
_ Systèmes sécurisés. Cloud. Réseaux. Tu ne comprendras probablement pas, ajoutai-t-il avec ce sourire de macho.
Je ris sèchement.
_ mais oui, bien sûr, ce n’est pas de la magie noire tout de même.
_ Peut-être, mais je n’ai pas l’habitude d’expliquer ce que je fais à quelqu’un qui préfère Instagram et poser avec un livre pour des stories.
Ne vous étonnez surtout pas si j’avais une envie brûlante de le gifler.
_ Wow, Ok. Première pique gratuite. On passe toute de suite à la suivante ?
Une lueur de culpabilité _ peut-être_ passait rapidement sur son visage en voyant le mien mais il lève les mains, faussement innocent.
_ je dis juste que tu as l’air branché réseaux sociaux que monde virtuelle.
Il veut jouer à ça ? Très bien, connard, tu vas te mordre les doigts.
_ Et toi, Maddie ? je susurre son nom comme un bonbon acide. Tu sembles plus branché à juger les gens qu’à faire la conversation.
Ses yeux brillent de colère mais pas pour ma pique mais pour le surnom. Touché, coulé. Le serveur arrive mais nous sommes trop à nous fusiller du regard.
Il croise ses bras et je fais de mon mieux pour ne pas remarquer leur musculature. Depuis quand les geeks sont aussi bien foutus ?
_ t’as du caractère.
_ ce n’est pas un accessoire, enfoiré. Tu es toujours aussi condescendant aux premiers rendez-vous ?
Encore un petit sourire. Il m’énerve au plus haut point mais je refuse de le montrer que ces piques m’ont blessé. Juste un peu.
_ j’aime juste aller droit au but. Et je ne suis pas fan des faux-semblants.
_ et moi je suis fan des gens avec un minimum de tact. Tu sais, pour éviter qu’on leur balance un verre à la figure.
Je m’attendais à tout sauf un rire. Un putain d’éclat de rire. Un rire grave et chaleureux venant d’une personne arrogante et froide.
Et moi je résiste à la pulsion de faire ce que je viens de dire. Mais, j’évite de faire une scène.
Une petite partie de moi espérait qu’il allait calmer le jeu. Comme tout le monde dans un moment gênant. Mais non, mon connard de date continue de rire.
_ t’es souvent comme ça au premier date ? demande-t-il en enfournant une bouchée de son plat.
J’ai faim et mon steak me donne l’eau à la bouche mais je suis trop énervée pour laisser ce con intergalactique s’en tirer comme ça.
_ Charmante ? Oui. Superbe ? Toujours. Intolérante à la condescendance masculine ? Mille fois oui.
_ Tu n’es pas fatiguée de jouer à la drama queen ? On dirait que tu tournes chaque petite phrase en prétexte pour te disputer.
C’est moi la drama queen, je rêve ? Alors que c’est lui qui à insulter les femmes avec ses sous-entendus sexistes et machos. Si j’avais un minimum de bon sens à ce moment-là, je l’aurais planté sans détour. Mais non, maintenant je suis de mauvais poil, et pas question que je suis la seule à l’être.
_ Et toi, Maddie ? Tu n’es pas fatigué d’analyser les gens comme une mise à jour Windows ?
Je suis satisfaite en voyant ses sourcils se froncer. Mais bizarrement, je sais qu’il ne se laissera pas faire.
_ tu as l’air sage et tout mais enfaite t’es vraiment une grande gueule.
Ma mâchoire se crispe. Jamais dans ma vie et au cours de mes innombrables dates, un homme m’a traité de cette façon. Même mes ex relous n’ont pas été si méchants que ça mais Maddox, lui, n’a aucune limite.
_ et toi, t’as cette vibe de mec qui pense être au-dessus de tout mais enfaite tu es juste un connard frustré qui ne comprend rien aux gens.
Vous savez ce qui est le pire quand on est hypersensible comme moi ?
On ressent tout fortement et nos émotions débordent même si on ne le veut pas. Comme en ce moment. Ma vue commençait à devenir floue mais je me mords les joues pour qu’ils ne coulent pas. Un truc que ma mère m’a appris quand j’étais une ado. Et très vite, ils disparaissent.
Les yeux océan de mon date le plus foireux s’assombrissent.
_ je suppose que c’est à cause de ta langue que tu es toujours célibataire malgré ton joli packaging.
Silence.
Mon cœur tape douloureusement contre ma poitrine.
Joli. Packaging.
Je souris. Lentement. Il trouve que je suis une drama queen ? Très bien, je vais l’être. A fond.
Je prends mon verre de vin comme pour le boire.
_ Tu sais quoi, Maddox ? lançai-je d’une voix acide. Va te faire foutre en enfer, toi et ton égo surdimensionné.
Et je lui balance le verre à la figure comme je l’ai menacé plus tôt. Un AAAH général s’élève dans les tables alentours. Maddox se lève d’un bond. Sa chemise blanche trempé et sans doute irrécupérable. Amen, Britney.
Mais mon cerveau, trop occupée à faire une scène, n’a pas calculé mon mouvement. Dans le feu du moment, mon bras effleure la bougie rose sur la table. J’aimerais vous dire que ce n’est pas grave.
Spoiler alerte : c’est grave. La bougie vacille, roule et tombe sur le tapis comme si elle attendait ça toute sa vie. Dans la roulade, la flamme entrait en contact avec la nappe et voici que notre table prend feu. Je jure m’éloigne très vite du tapis en feu pour me rapprocher de mon date détestable. Maddox, lui, me regarde comme s’il voulait me jeter sur cette table en flamme.
_ Tu te fous de moi, putain ? criai-t-il parce que maintenant tous les clients sortent de la salle en panique.
Et là tout s’enchaîne très vite. Les flammes avalent complètement la table et le feu sur le tapis se propage comme une traînée de poudre. Maddox appelle les pompiers pendant qu’une femme hurle « où sont les alarmes incendies ? » et qu’un serveur cherche un extincteur.
J’ai envie de les saisir par les bras pour leurs dire qu’on est dans un resto vintage au style pinterest donc il y a trop peu de chances qu’il y a cela.
Mais on m’empoigne avec force par le bras et on me tire comme une vieille poupée en laine. Je me débats parce que cela fait mal mais un regard turquoise et assassin de mon assaillant me calme direct. Je le suis hors de ce resto trop chaud et respire une grande goulée d’air frais. Je ferme les yeux un moment quand j’entends les sirènes se rapprocher. Putain, j’ai cramé un resto. Des mains chaudes me plaquent violemment contre la devanture de la maison avoisinant le resto. Il se penche et je sens un souffle légèrement sucré. Il se rapproche de mon visage et je suis presque tenté d’enfouir ma tête dans son cou pour oublier cette soirée cauchemardesque. J’ouvre mes yeux et croise le regard noir de Maddox derrière ses lunettes. Il veut me tuer, je le vois à la veine battant sur sa tempe. Comme le serveur de ce resto dont j’ai croisé le regard bleu tout à l’heure avant que le tapis prend feu.
_ Putain de bordel, t’as cramé un resto, murmure-t-il comme une menace.
Je sais, crétin. Je souffle doucement et les lève les yeux au ciel. Quelle soirée.
« Maman, tu m’as dit de chercher l’amour avec un grand A et me voilà en train de cramer un resto ».
***
Les pompiers sont arrivés quelques minutes après que mec détestable m’a plaqué contre une porte.
Me voilà assise sur le bord du trottoir, le ventre criant famine et les cheveux empestant la fumée. Les clients, serveur et le manager ressemblant un peu au professeur Gilderoy me lancent des regards noirs de temps à autre. Rectification, nous lancent des regards noirs. Maddox est assis à côté de moi. Assez loin pour qu’on se tienne à carreaux mais assez près pour que mon envie de le gifler revienne. Tout doux, Collins, t’as déjà fait une scène et regarde où vous en êtes. Je déteste Maddie et il me le rend bien. Mais, pour l’instant on est dans la même galère. Les Bonnie and Clyde des temps modernes.
Les pompiers ont vite éteint le feu. Maintenant l’un deux, le capitaine sans doute, parlait avec Gilderoy. Leur conversation était animée et quand je vois l’homme baraqué en uniforme venir vers nous, le visage furieux, je me fais encore plus petite sur le trottoir.
Je me lève lentement, les doigts froids et m’apprête à subir la pire remontrance de ma vie. Mais à ma grande surprise, Maddox se place juste à côté de moi. Le capitaine s’arrête devant nous, croise ses immenses bras et nous toisent comme des mômes.
_ Ecoutez, jeunes gens, dit-il d’une voix rauque. Vous avez de la chance que personne ne soit blessé et que seuls votre table et deux tapis ont brûlés, c’est pour cela que vous n’allez pas être coffrés. (Il marque une pause. Avant de reprendre de plus belle tout en se tirant les cheveux) Bordel, vous vous rendez compte de ce que vous avez pu provoquer. En plus, on est samedi, nous on est censé avoir un jour de repos et être avec nos familles et toutes ces conneries mais vous gâcher notre soirée avec votre date ridicule.
Un pompier arrive un peu éxaspéré, un peu las prend son boss par le bras. Capitaine Sam nous plante là et voilà qu’un autre arrive pour nous sermonner. Ma vie est géniale !
_ Ecoutez-moi bien tous les deux, grognai-t-il. La prochaine fois que vous voulez rompre, faîtes-moi le plaisir de le faire dans un endroit non inflammable au lieu de provoquer un putain d’incendie. Ou ghostez-vous comme toute personne normale.
Ils nous fusillent du regard et retourne avec ses collègues tous un peu ronchon. Je pensais que ça allait s’arrêter là. Spoiler alerte : non. Maintenant, c’est au tour du manager Gilderoy de se lâcher. Il se plante devant moi et je remarque son visage étroit rouge comme le vin et son regard chargé de haine non contenue. Ils nous pointent de son long doigt tous les deux, mais surtout moi.
Soit il est sexiste, soit un serveur lui a tout raconté.
_ Vous deux, sa voix montait dans les aigus avec ce petit accent italien. Vous êtes bannis de ce resto, de cette rue et même de ce quartier si j’en avais le pouvoir. Mais avant cela, vous devez rembourser tout ce que vous avez détruit. Il sort une petite feuille de sa poche et griffonne quelque chose avant de nous le donner. Mes yeux sortent de leurs orbites en voyant le montant. Ces tapis coûtent si cher que cela ?
Je hoche la tête et Maddox en fait de même. Je sors mon portefeuille et retire tout ce que j’ai. Environ 400 dollars mais je garde un billet pour le taxi. Faut pas déconner non plus. Maddox jette un regard ennuyé à mon argent. Il sort 800 balles de son portefeuille et le donne au manager. Qui se promène avec 800 dollars pour un date ?
Nous lui donnons notre patrimoine actuel et il sourit, satisfait non sans nous avoir vriller du regard. Il retourne vers les autres clients dont les visages s’éclairent à ce qu’il dit.
Je passe ma main dans mes cheveux et démêle les nœuds de ma chevelure brune. Maddox se retourne vers moi, les lèvres pincées. Je vais encore me faire gronder. Bon, allez, quatrième round. Il ouvre sa bouche pulpeuse mais rien ne sort.
Ouah, pour une fois qu’il n’a rien à dire.
_ je ne sais même pas par où commencer, marmonne-t-il d’une voix légèrement hystérique.
Moi, je sais. Tu pourrais commencer par me remercier d’avoir rendu ta soirée littéralement brûlante. Je ravale cette pique géniale et croise mes bras.
Il me toise de toute son hauteur. Je n’étais pas une grande femme mais grâce aux talons de mes bottes, je pouvais facilement frôler les mètres soixante-dix. Mais Maddie me dépasse de deux têtes et je devais relever la tête pour croiser son regard magnifique. Son visage est comme un livre ouvert où toutes ces émotions transparaissent facilement. Il a l’air énervé, paumé et incrédule. Par contre, sa chemise tâchée lui va à ravir.
_ est-ce que tu te rends compte que ce date a fini en feu et pas dans le bon sens du terme ?
Je cligne les yeux. Il vient de faire une blague là ?
Mais vu son air blasé, je me suis peut-être fais des films. Avoir cramé un resto pendant un date provoque-t-il des hallucinations ? Je devrais demander à Google en arrivant chez moi.
_ euh oui. Et par la faute à qui, dis-moi ?
_ tu m’as balancé un verre de vin.
Il lève son majeur. Charmant.
_Tu as gâché ma chemise. Tu as cramé un resto que j’adore. Tu m’as fait perdre 800 dollars.
La culpabilité qui est logée dans mon ventre me rattrape.
_ je suis désolée, répliquai-je avec un sourire désolé. Je peux te rembourser si tu veux ?
Si un regard pouvait tuer, je serai six pieds sous terre. Je m’attendais à une nouvelle pique que je pense que je mérite mais pas à ce qui suit.
_ Me rembourser ? hurlai-t-il.
Je me faisais encore plus petite et croisait mes bras autour de moi comme pour me protéger de ce qu’il va dit. Allez, Brit, une de plus.
_ tu te rends compte que tu es un désastre ambulant ? Une putain de tornade qui détruit tout sur son passage. Et pour quoi, dites-vous ? Parce que mademoiselle est incapable d’accepter qu’elle est imparfaite.
Il secoue la tête comme s’il ne trouvait pas les mots. Maintenant, qui est la drama queen ? Il arrête de se tirer les cheveux et plante son regard turquoise dans le mien.
_ je pense qu’on n’aurait jamais dû matcher toutes les deux. Pour être franc, je pense que tu ne devrais matcher avec aucune personne saine d’esprit sur Terre.
Je devrais le planter là parce que je ne mérite pas ces remarques haineuses même si j’ai gâché la soirée des pompiers. Mais je suis lassée de cette soirée incendiaire et si lui il a besoin d’un punching-ball pour se décharger, alors, grand bien lui fasse. Mais je jure sur mes talons Chanel que je ne vais plus le revoir même si je dois avaler un shot de verres pilées pour cela.
Par contre, je n’avais pas prévu les liquides couler sur mes joues. Je ne me suis même pas rendue compte que je pleurais. Heureusement qu’il était aveuglé par sa colère pour se rendre compte de mes yeux humides de larmes. Je les essuyai discrètement et frotte mes bras. Ses épaules puissantes se crispaient et il me tournait le dos.
_ au revoir, Maddox, murmurai-je.
Je pars sans regarder en arrière, hèle un taxi qui vient juste de se garer. Je m’engouffre et m’affale sur la banquette arrière. Je lui donne mon adresse et il démarre la voiture. Je laisse mes larmes couler, le cœur un peu lourd, les jambes en coton et le ventre affamé. Je dois être pathétique.
Plus jamais de date Tinder.
Plus jamais de date dans un resto vintage.
Plus jamais je ne sors avec un geek musclé.
Je me promets toutes ces choses et emmerde l’amour avec un grand A.
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