Sous la pierre, le silence saigne
Je l’ai frappée avec le chandelier en fer. Une fois. Deux fois. Le sang a éclaboussé le mur, chaud et poisseux. Elle a hurlé, juste une fois, avant que son crâne se fende comme une coquille. Elle est tombée, ses yeux encore ouverts, incrédules.
Mais elle respirait encore. Alors je l’ai traînée au sol, son crâne traçant une traînée rouge sur le parquet. Je l’ai étranglée avec le ruban noir qu’elle portait toujours autour du cou. Ça a pris du temps. Trop de temps.
Quand elle a cessé de bouger, j’ai su que je venais de tuer ma sœur. Pas dans un élan d’amour tordu. Juste de la peur. Et une colère froide comme la mort.
Je n’ai pas crié. Pas pleuré.
J’ai juste regardé son visage — ou ce qu’il en restait. Un côté enfoncé, l’œil vitreux à moitié sorti de l’orbite. Sa bouche entrouverte comme si elle allait encore me pardonner.
Je ne pouvais pas la laisser là. Pas dans la maison. Pas comme ça.
Alors je suis allé chercher la hache à bois derrière la remise. Pas pour la couper. J’en avais pas le courage — pas encore. Mais pour creuser. Le sol était gelé à certains endroits, humide à d’autres. Je me suis arraché les mains en grattant. J’ai creusé toute la nuit, derrière la vieille souche, là où les ronces poussent épaisses.
Je l’ai enveloppée dans un drap. Un drap blanc, taché de son sang.
Ses bras se sont repliés sur sa poitrine comme si elle priait. Ou comme si elle m’attendait.
Je l’ai déposée là, dans la terre noire. J’ai mis des pierres. Beaucoup. Pour que rien ne remonte.
Mais le problème, c’est le bruit.
La nuit suivante, j’ai entendu des coups sous la fenêtre. Trois coups.
Comme si quelqu’un voulait sortir.
Et cette odeur…
Elle revient parfois. Fer, moisissure, fleurs fanées.
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