Jour 7 (partie 1)

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 Henri n’était pas rentré chez lui le lendemain matin. Il avait trainé dans les rues de Paris, déambulant au hasard, perdu entre ses pensées et la rage qui l’habitait. Une rage doublée d’une honte profonde. La honte de s’être laissé ainsi manipuler, mais également celle de ses mensonges. Il ne se voyait pas différent de Sarah. Il avait trompé son monde pour arriver à ses fins, tout comme elle l’avait fait ce…



- Ah donc on démarre direct ?

- De quoi ?

- Bah même pas « bonjour »? Rien ? Tu démarres comme ça ?

- Depuis quand on se dit bonjour avant de commencer ?

- C’est de la politesse non ?

- Mais on l’a jamais fait !

- Bah justement, peut être qu’on pourrait commencer à le faire !

- C’est une plaisanterie ? Tu me coupes pour ça ? Vraiment ?

- Ça me semblait important moi…

- Mais bordel relis nous ! On s’est JAMAIS dit bonjour ! On en est au septième jour et là d’un coup du voudrais qu’on le fasse ?

- Je sais pas. Ça m’a interpelé d’un coup.

- Ok. Bonjour. Je peux continuer ?

- Oui c’est bon.

- Et toi ?

- Comment ça « et moi » ?

- Tu me dis pas bonjour toi ?

- Ah si. Bonjour.

- Ça valait le coup hein…



 …tte nuit avec lui. Une nouvelle nausée, plus violente encore, l’avait saisi. Il s’était trouvé plié en deux, bloqué un plein milieu du trottoir déjà chargé de monde, et s’était de nouveau vidé. Il n’avait plus grand-chose à évacuer, mais le peu que son corps contenait était sorti avec une rare violence. Les vomissements avaient été accompagnés de cris et de larmes. La douleur était insupportable. Une passante s’était arrêtée près de lui pour mettre sa main sur son dos et lui demander s’il allait bien. Il avait tourné vers elle ses yeux emplis de larmes et s’était effondré au sol, ses jambes ne supportant plus le poids de ce que venait de vivre son corps et son esprit.

 Il était resté là, assis au milieu des gens qui passaient autour de lui en prenant soin de l’éviter, lui et la flaque qu’il avait dessinée sur les pavés. La dame avait continué sa route. Elle avait compris qu’il ne sortirait rien d’autre de ce corps mou duquel émanaient des odeurs d’alcool et de sueur. Pour elle, il était tout simplement ivre. Elle n’avait pas besoin de s’attarder. La pitié qu’elle avait ressentie pour lui au moment de l’approcher s’était envolée avec le parfum de fête qu’il dégageait. Henri était encore resté là un moment, puis s’était relevé et s’était dirigé vers le journal. Il en avait pour une demi-heure de marche. Une demi-heure pour retrouver sa prestance habituelle. Une demi-heure pour, de nouveau, tromper son monde.



- Et voilà !

- Ouais ça va c’est pas mal.

- Je trouve aussi.

- On fait quoi du coup maintenant ? On repart avec Francis ?

- Tu veux pas qu’on le rattrape avec Henri plutôt ?

- Tu préfères ?

- Bah je me dis que c’est mieux non ?

- Tu veux pas plutôt que ce soit lui qui raconte tout à Francis ? Il est déjà chez lui là de toute manière on peut tout recoller comme ça tu crois pas ?

- Si t’as raison. Quel point de vue du coup ?

- Comment ça ?

- Bah Henri ou Francis ?

- C’est assez descriptif ce qu’on écrit hein, y a une distance. Du coup peu importe c’est pareil. Par contre on pourra toujours mettre le point de vue de Francis dans son journal après.

- Ouais t’as raison. On fait comme ça.

- Très bien.

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