Le château des Sins

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En haut d’une colline, surplombant un petit village, se trouvait un château. Personne ne savait vraiment depuis quand il était là et personne ne s’en préoccupait réellement. Ce château appartenait au village et sa présence était devenue familière pour tous. Cependant, le bâtiment n’était pas le seul à paraître indatable : ses résidents l’étaient également. Ils étaient au nombre de sept, en omettant les domestiques qui avaient la possibilité de rentrer chez eux après leur journée de travail ou de loger dans un bâtiment qui leur était réservé un peu plus loin.

Ces sept personnes semblaient aussi bien mystérieuses qu'habituelles. Tout le monde les connaissait sans jamais vraiment les avoir fréquentées. Ils aparaissaient dans de nombreux commérages et nombre de rumeurs, permettant d'obtenir une distraction bienvenue pour beaucoup d'habitants las de leur train-train quotidien. Certains disaient qu’ils étaient de la même famille, d’autres qu’il s’agissait de simples amis vivant ensemble. Personne ne savait leur âge respectif -bien qu’on pouvait supposer leur tranche d’âge- ou leurs véritables noms, leur provenance ou leurs relations. Ils étaient juste là. Cependant, certaines informations se recoupaient. Voici donc ce qui était dit sur eux :

En premier arrivait le plus âgé, connu pour la haute opinion qu’il avait de lui-même. Petit, il avait montré certains talents dans des domaines spécifiques, ce qui lui valait de nombreux compliments. A force de louanges plus ou moins méritées, il grandit en construisant une idée bien particulière : celle d’être non pas doué dans certains domaines mais d’être le meilleur en tout. Etalant son savoir à tout va, il dévoilait une fierté à toute épreuve souvent mal placée, se vantant à tout va de ses capacités hors normes. Tenir une conversation avec lui semblait compliqué : son point de vue était le meilleur, il était le meilleur et toute idée allant contre lui était fausse ou erronée. Il n’était pas rare de le voir pavaner en ville ou dans son jardin, s’abreuvant lui-même de compliment en croisant son reflet ou en exposant des idées dans le vide. Les habitants l’affublèrent du nom Orgueil.

Venait ensuite le plus mystérieux des sept. Une femme aux courbes voluptueuses, un homme au corps sculpté ou un être fin et élancé. Les cheveux longs et soyeux ou courts, ébouriffés ou frisés. Chacun décrivait différemment cette personne, y allant de son propre commentaire. Une rumeur disait qu’ils étaient peut-être plusieurs à prétendre être la même personne. Les autres parlaient de magies, d’illusions, de transformations ou de maquillage. Cependant, tous s’accordaient sur un même point : quel que soit le physique choisi, l’apparence de cet étrange personnage était enjôleuse, enivrante et était capable de faire apparaitre les instincts les plus primaires en chacun. Cette personne était connue pour aimer jouer et séduire, ne reculant devant aucune pratique, aucun désir. Il s’agissait de l’habitant du château que l’on voyait le plus souvent dans le village. L’énergumène fut nommé(e) Luxure.

Suivant de près, les deux prochains habitants semblaient avoir environ le même âge. Si la première était connue pour rechercher toujours plus de richesse et les garder comme un dragon veillant sur son or, le second portait la réputation d’un être envieux de tout.

La première était une redoutable femme d’affaire, ne lâchant rien, sentant les bons filons et sautant sur l’occasion quand elle se présentait. Elle était vue comme la plus riche du village et des 7, comptant bien le rester. Une rumeur circulait parmi les habitants, décrivant sa chambre comme une immense pièce remplie d’or et d’autres objets précieux du sol au plafond, interdite à toute personnes qui n’était pas elle. Mais malgré ses moyens, elle ne dépensait rien. Il était impensable pour elle de ne perdre ne serait-ce qu'un centime de ce qu'elle avait collecté : cet argent était à elle.

Le second portait une plus mauvaise réputation. Les habitants avaient pris l’habitude de cacher leurs possessions lorsqu’il était vu en ville. Le moindre objet qui passait sous ses yeux et qu’il ne possédait pas créait le puissant désir de l’obtenir en lui. Et cela arrivait parfois pour des objets qu’il possédait déjà. Les évênements qui se déroulaient ensuite variait d'une fois à l'autre, passant d'une crise gamine à un vol pur et simple. Il voulait tout.

Ils furent respectivement appelés Avarice et Envie.

Arrivait ensuite le plus rondouillet du groupe, connu pour son appétit inépuisable. Sa principale activité consistait à manger, encore et encore. A partir du moment où quelque chose était comestible, il désirait y gouter. Certaines choses non comestibles ou répréhensibles à nos yeux y passaient aussi. Pourquoi se contenter de manger un peu pour combler sa faim lorsqu’il y avait tant de plats à découvrir ? Tout y passait donc et il était aussi bien le rêve que le cauchemar des commerçants de la ville qui voyaient leurs stocks diminués bien trop vite avec le passage des domestiques envoyés par cet homme pour chercher les nouveaux ingrédients pour toujours plus de plat. Si vous aviez besoin du moindre conseil culinaire, il suffisait d’aller le consulter. Et comme payement, un plat suffisait, l'argent ne l'intéressant aucunement. Le choix fut rapidement fait et il devint Gourmandise.

Le suivant était connu pour son fort tempérament. Toute personne le fréquentant faisait profil bas et marchait sur des œufs, par crainte de l’énerver. Ses crises redoutables faisaient trembler même les plus forts et courageux du village. Malheureusement, en plus de son caractère explosif, il était connu pour être difficile et tatillon. Rien ne semblait lui convenir : le temps était trop clair ou pas assez, il faisait trop chaud ou trop froid, les personnes n’allaient pas assez vite ou étaient trop rapides… Il ne passait donc pas un jour sans que ses cris énervés ne raisonnent dans la grande bâtisse. Et dans ces moments-là, chacun baissait la tête et pressait le pas, priant pour ne pas être le prochain à subir les foudres de l’habitant difficile. Colère devint son identifiant.

Le plus jeune de tous était celui que l’on voyait le moins. A vrai dire, personne ne savait s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme puisque lors de ses rares apparitions, on n’apercevait que brièvement une vague silhouette avant qu’elle ne disparaisse à nouveau. Beaucoup utilisait cependant « il » pour en parler. Il était connu pour passer ses journées à dormir ou à rêvasser, ne trouvant aucunement la motivation pour se bouger et faire quelque chose et ne la cherchant pas non plus. Une personne avait la charge de veiller sur lui, le portant pour le déplacer d’une pièce à une autre et s’occupant de ses besoins pour éviter qu’il ne meure à cause du manque d’envie de se nourrir ou de boire. Aucune tâche ne lui était confiée puisqu’elles n’auraient pas été réalisées dans le cas contraire. Et c’est avec ce comportement de flemme flagrant que fut désigné Paresse.

Ce groupe était également désigné sous le nom de Sins et leur histoire se propagea doucement dans les alentours du village puis dans le monde. Certains racontaient que c’est ainsi que sont nés les 7 pêchés capitaux et d’autres que les habitants du château étaient simplement leur représentation sur Terre.

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