Météo intérieure

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Ce matin-là, c’était un ciel d’été.


Léger, éclatant, traversé de lumière. Elle marchait comme on danse, les épaules libres, les pensées claires. L’air tiède glissait sur sa peau, et son sourire – un vrai, large, spontané – s’élançait à la rencontre du monde. Tout semblait simple. Fluide. Elle riait pour un rien, d’un rire qui sonnait juste.

Dans son ciel intérieur, les nuages s’étaient évaporés. Il y avait des couleurs partout. Des oiseaux passaient au-dessus d’elle. Des idées légères comme des bulles montaient dans sa tête. Elle aurait voulu que ça dure toujours.

Mais voilà.

Le vent s’est levé sans prévenir. D’abord une brise, presque agréable. Un petit agacement dans la voix d’un collègue, une remarque de trop, un regard qui glisse au mauvais endroit. Elle a souri, encore. Un peu moins naturellement. Pour ne pas faire de vagues.

Puis le vent a forci.

Les sourires se sont enchaînés. L’un pour répondre à une critique. L’autre pour cacher la fatigue. Encore un pour faire semblant que tout allait bien. Ils s’accumulaient comme des nuages bas. Son visage se figeait dans une expression trop lisse, trop polie. À l’intérieur, quelque chose se plissait, se froissait.

La pluie a commencé à tomber. Fine au début. Un mot mal placé. Un oubli blessant. Un silence trop long.

Elle souriait toujours. Mais ses yeux, eux, ne brillaient plus.

Puis l’averse s’est abattue.

Torrents de pensées. Vagues de doutes. Froid soudain dans la poitrine. Chaque sourire devenait une grimace. Elle souriait par réflexe, par défense. Un sourire pour dire « tout va bien », un autre pour éviter les questions. Elle souriait en serrant les dents.

Et enfin, l’orage a éclaté.

Une colère sourde, grondante, a éclipsé le reste. Des éclairs dans la gorge, un ton sec, des gestes brusques. Elle ne souriait plus. Son visage s’est fermé comme un ciel noir. L’orage était en elle. Elle claquait des portes sans les toucher. Elle foudroyait du regard.

Le ciel qu’elle portait n’avait plus rien de joyeux. C’était la fin d’une illusion.

Et dans ce fracas, entre deux grondements, elle s’est demandé si quelqu’un l’avait vue, vraiment. Si quelqu’un avait remarqué que le soleil s’était éteint.

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