Je suis posée, seule, sur mon lit où tu ne dors plus depuis des mois. Le regard fixant un point invisible, à penser. À penser à toi et à toutes les fois où tu étais présente à mes côtés quand quelque chose n'allait pas ou quand j'étais bien trop anxieuse et bouleversée par mes émotions, que je n'arrivais pas à trouver une quelconque activité pour me détendre, à part être blottie contre toi, ressentant ta douce et réconfortante présence contre moi, entendant ta respiration relaxante et à me dire que tu es la seule qui ne me décevrait jamais.

Je pense à toutes les fois où tu as été mon ange gardien, à toutes les fois où tu cherchais ma présence alors que je n'étais pas à la maison et ça te rendait grognon ou moins enjouée, et inversement. Je repense à tous nos moments de folie, de bizarreries et de câlins.

Je pense à tous les petits caprices que tu faisais quand quelqu'un à la maison te refusait quelque chose, et que pour te venger, tu faisais une bêtise, jusqu'à malicieusement t'en prendre à moi. Et après le nuage de ta petite colère passé, tu revenais me réclamer des câlins.

Je repense à toutes les fois où mon lit devenait le tien parce que tu prenais tellement de place, que je me poussais un peu plus volontairement, ou quand mes couvertures, vêtements devenaient momentanément à toi, je te laissais tout, pour que tu sois encore plus confortablement installée, mon petit ange.

C'est fou comme le cerveau humain réagit. À ton décès brutal et inattendu, j'ai cru que mon coeur allait exploser tant la tristesse et la douleur que je ressentais faisaient atrocement mal. En réalité, une partie de mon coeur a été arraché à ta disparition et tu l'as emporté avec toi. Mais après trois jours de pleurs intenses et incessants, mon cerveau a subitement mis de côté toute la douleur, la tristesse et la négativité de ta perte, à un point où ton absence ne se faisait pas ressentir, à un point où mes pensées ne se tournaient plus du tout vers toi. Je crois que mon cerveau s'est dit que j'avais déjà énormément de traumatismes à gérer et que ce n'était pas le moment pour être achevée avec ta disparition. Le simple fait de voir des photos ou vidéos de toi remuait une douleur intérieure et je refusais de ressentir ça.

À ce jour, je n'ai toujours pas trouvé la force d'enlever ton passage dans mon téléphone parce que ça me rendrait triste de t'enlever, j'aurais l'impression de te trahir, alors que, c'est la vie. La naissance, les bons et les mauvais moments, la mort, les souvenirs. Jamais avant toi, je n'avais autant souffert d'une perte, je crois que j'ai pris conscience de la mort et du vide laissé avec ton absence, et parce que j'ai assez de maturité maintenant pour me rendre compte, réellement, des événements de la vie.

Je sais pertinemment que le jour où mon cerveau décidera de remettre à la surface tout ce qui a été refoulé, à propos de toi, comme de tout en général, je souffrirai. Mais pour l'instant, j'agis involontairement, comme si tu étais juste partie en voyage et que tu reviendrais. Tu es bien partie pour un voyage, mais pour un voyage éternel et qui j'espère est apaisant. Tu voyages toujours à travers nos souvenirs, nos conversations, ce que tu as laissé derrière toi et qui pique mon coeur quand je retrouve quelque chose qui t'appartient, tu voyages à travers nos âmes, notre maison, notre amour.

À jamais, gravée dans nos coeurs, mon ange. Je t'aime.

Ce texte peu joyeux, est un hommage à mon chat, décédé il y a quelques mois et qui représentait tout pour moi, à commencer par être une des rares "choses" réussissant à me détendre au quotidien et à calmer mes moments de noirceur. J'ai retenu mes larmes en écrivant ce texte parce que je n'ai pas envie de créer un moment de tristesse/douleur supplémentaire à tout ce que j'essaye de combattre chaque jour.