La chatte et le chaton

2 minutes de lecture

La chatte et le chaton

Une vieille mais belle chatte Peterbald* gambadait sur des tuiles,
Flânant çà et là, au-dessus du monde des humains.
Quand elle aperçut au sol, la démarche du corps gracile,
D'un chaton opalin errant tout seul dans le chemin.

Le petit Donskoy* ne l'entendit pas en douce arriver,
Fortement affairé à s'amuser dans l'herbe fraîche.
Et quand face à face, truffe contre front, ils se sont retrouvés,
Le minet fut aussi apeuré qu'à la vue d'une épeiche.

Troublée, elle aussi, par la réaction vive du drôle de minou,
Elle se sentit si bête qu'elle lui déposa un délicat bisou.
Les cuisses du matou vibrèrent alors sous la grande émotion,
Lui apportant dans tout son être une amusante sensation.

Elle sentit qu'il se passait en lui une étrange scène,
Et pour ne point, face aux autres chats, paraître malsaine,
Eux qui par les effluves de son désir avaient déjà flairé l'humide fleur,
Invita le petit à la suivre dans son refuge, comme une sœur.

Les gros matous comprirent vite qu'il ne pouvait y avoir concurrence,
L'étrange féline n'aimant semble-t-il que les minets sans méfiance.
Alors, atteignant rapidement et glorieusement la mœlleuse couche,
Elle lui proposa sans plus attendre à nouveau sa bouche.

Le jeune chaton, par l'audace de la greffière, se sentit comme un grand,
Se laissa embrasser, lécher le museau et trouva cela amusant,
Jusqu'à ce qu'il ressente comme la toute première fois encore,
Une douce et agréable impression remuant au bas de son corps.

La minette pervertie par de précédentes expériences,
Comprit évidemment ce qui survenait au jeune minou,
Et la tête baissée, troublée, reniflant le chaton par en dessous,
Lança des coups de langue, et lapa la fine impatience.

Des frémissements soudains, excités, agitèrent de plaisir l'aînée,
Qui, en moins de temps qu'il ne faut, s'allongea sur le dos,
Écartant les pattes, et se saisissant de la jeune et brillante épée
Du chat-écuyer, la guida, prestement, dans son douillet fourreau.

Seulement la pression innocente du chaton fut trop forte
Pour durer plus longuement sans s'épancher dans la grotte.
La chatte miaula, elle aussi, alors d'un bonheur indicible,
Se noyant dans les jolis yeux de son chat-chevalier invincible.

L'étonnant couple, encore frissonnant, savoura un dernier délice,
Celui où tendrement enlacés, la petite épée pulse dans l'orifice.
Les chats de gouttière délaissés finirent, en observant le couple interdit,
Par laisser vicieusement s'échapper les humeurs de leurs vits.

La morale de cette fable, si on veut bien la considérer,
C'est qu'il n'y a pas que des gros chats qu'il faut se méfier.
Il existe en ce monde, il est vrai, de grosses chattes maléfiques,
Qui, elles aussi, des petits chatons en font leur doux pique-nique.

Lana ♥

(*) Peterbald et Donskoy, sont des races de chats russes, sans poils, aux yeux clairs.

Annotations

Vous aimez lire ♪♫ Lana ♀ ♥ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0