Chapitre 16 (4) : Nous nous égarons mes enfants

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Dimanche 17 juillet 1988. Début de soirée. Café Le Petit Marcel.

Tristan n’en revenait pas de voir la petite sœur de son meilleur ami au Petit Marcel.

— Ariane, mais qu’est-ce que tu fous là ?

Monsieur Lapierre la reconnut aussi, c'était bien la fille Rivière qui se trouvait devant eux.

— Mais oui enfin, que fais-tu ici ? questionna-t-il durement.

Madame Lapierre y alla aussi de son commentaire.

— Mais oui, Ariane ! Danièle et Michel sont avec toi ? Mais alors, c’était bien ta frimousse que nous avons vu au Microsillon ! Mais oui, je t’ai reconnue ! Tu écoutais un 33 tours au casque.

Ariane baissa les yeux, mal à l'aise.

— Oh la la j’adore, ça part en couille. Encore, encore !!! continua Philippe, hilare.

Cette fois-ci, Rickie lui donna un coup de coude dans les côtes, espérant le faire taire définitivement.

— C’est pas le moment Philippe, vraiment ! dit Lucas, d’un ton sec malgré son visage encore rougi d’avoir reçu un tel baiser de la part de Tristan.

— Je suis désolé Lucas, si…, s’excusa Tristan, conscient de l'avoir mis dans une situation embarrassante.

— Mais tu as bien fait mon lapin, au contraire. Il fallait que tes parents sachent pour nous deux, non ? répondit Lucas, avec un grand sourire, en regardant Les Lapierre.

Rickie, sidéré, regardait Barbara du coin de l'œil.

— Alors là, ils m’en bouchent un coin tous les deux ! Ils ont bien caché leur jeu, eux aussi !

Jean, le visage cramoisi, s’emporta.

— Oh, vous, ça va, mêlez-vous de ce qui vous regarde ! Regarde Marie-France, lui aussi porte une boucle d’oreille, c’est une manie ici ! s’emporta-t-il en s’adressant à Rickie.

— Vous savez monsieur Lapierre, il y a des choses plus graves dans la vie. Ça arrive ces choses-là et même aux meilleurs ! Quant à vous madame Lapierre, vous avez bien fait de passer à la parfumerie hier, prendre votre Lagon bleu pour l’été. Votre mari aurait bien besoin d’une détente maison ! ne put s’empêcher de riposter Philippe, pour prendre la défense de Rickie.

Madame Lapierre lui sourit imperceptiblement du coin de l'œil sans se départir de son visage outré, en signe de solidarité avec son mari.

— Je vois que monsieur a de l’humour ! put seulement ajouter Jean, déstabilisé par ce garçon musclé, à la fois très viril et très extraverti.

— L’humour sauvera le monde mon chou, j’en suis cer-tain !

— Je vous en prie, je ne suis pas votre chou d'abord ! s'écria monsieur Lapierre, outré de nouveau.

Tristan regardait, bouche bée, cette scène surréaliste.

— Monsieur Lapierre a raison. C'est moi son chou ! Et maintenant ça suffit Philippe, mets-là en veilleuse cinq minutes s’il te plait, répondit Rickie en lui déposant un baiser sur la bouche.

— En attendant, le mystérieux Lucas a enfin baissé la garde ! renchérit tout de même Philippe, aux anges.

Marie-France et Jean étaient excédés par tant de révélations. Ils ne savaient plus très bien où ils en étaient.

— Bon écoutez, je crois que nous nous égarons mes enfants. Nous n’allons pas laver notre linge sale ici, mais en famille, comme on dit. Allons chez toi Tristan, parler calmement de tout ça, obtempéra Marie-France, bien décidée à reprendre les choses en main.

— Heu…oui, tu as raison maman, allons chez moi, s’empressa de répondre Tristan, mal à l’aise par ce qui venait de se passer.

— Messieurs-dames, je vous souhaite un bon retour, déclara Lucas, à l’adresse des Lapierre, sans se départir de son sourire.

Tristan le regarda, voulut ajouter un mot, mais se ravisa, débordé par ses émotions. Lucas lui fit un clin d'œil qu'il voulut rassurant.

— Bon voyage les Lapierre. Et repassez nous voir quand vous voulez ! renchérit Philippe, qui ne pouvait décidément plus se tenir.

Embarrassés, ils hochèrent la tête, en guise de salut. Ils tournèrent les talons, pour suivre Tristan, déjà sorti.

— Ne me regardez pas comme ça, vous tous ! Que les choses soient claires. Nous ne sommes pas ensemble avec Tristan. Je te vois venir avec tes grands chevaux, ne te fais pas de fausse joie Philippe, lança Lucas.

— Moi ? Mais enfin, je n'ai encore rien dit ! s'offusqua Philippe pour la forme.

— Mais, alors pourquoi vous êtes vous embrassés tous les deux ? demanda Ariane.

— C’était seulement pour faire chier ses parents, alors ? intervint Rickie, déçu.

— Il y en a qui s’embrassent alors que d’autres fuguent ! ne put s’empêcher de balancer Philippe, railleur.

Ariane le méprisa du regard un instant mais ne put s’empêcher de se raviser alors que celui-ci se tapait les doigts, tel un enfant que l’on punit à coup de règle.

— Oh, la la, c’est compliqué vos histoires, dit Ariane, qui n’avait visiblement pas tout compris à ce qui se passait.

— Et d’ailleurs, la tienne, elle en est où jeune fille ? lui demanda Lucas lui tirant gentiment les oreilles.

— Elle voulait te dire au revoir, avant que je ne la dépose chez son frère. Je l’ai appelé, il nous attend. Ses parents ont été prévenus. Ils étaient morts d’inquiétude, prêt à appeler la gendarmerie, résuma Barbara, qui était restée silencieuse jusqu’à présent.

— Merci à vous deux de vous être occupés de moi durant ces quelques jours. Tiens, c’est pour toi Lucas.

Elle déposa un paquet de chocos BN sur son plateau.

— Ceux-là, ils sont fourrés à la fraise, ce sont mes préférés. Tu pourras en manger après ton jogging du matin. Ça donne des forces.

Lucas posa son plateau sur la table où se trouvaient il y avait encore quelques minutes les Lapierre. Il la prit dans ses bras.

— Merci Ariane, c’est adorable de ta part. Je n’y manquerai pas.

À ce moment-là, Marie débarqua furieuse cette fois-ci.

— Bon dis-donc, toi, il va falloir te le dire combien de fois ? Tu crois que nous avons que ça à faire ? Je suis débordée ! Allez, au boulot.

Lucas s'exécuta immédiatement, en proposant à ses amis de s’asseoir et de passer commande.

— Alors Lucas, on se fait gronder ? Tu mérites qu'on te tire les oreilles, même si elles ne sont pas percées, dit Ariane, en explosant de rire.

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