Prologue
Ce soir, je sors…
Ce soir, je me prends une cuite comme jamais.
Ce soir, je suis célibataire. Enfin, depuis six mois environs. La belle à son beau n’est plus. Elle m’a largué sans me dire pourquoi, elle m’a juste dit « tu ne comprendras pas de toute façon ! ». J’ai appelé mon meilleur ami Stan Raven, il m’a dit « ce soir, on sort et surtout, tu ne fais pas de manière ! ». Je me suis douché et je suis parti en ville le rejoindre. J’avais les larmes aux yeux, la gorge nouée, les mains moites. Stan est un militaire depuis vingt ans déjà et il est en permission. Il m’a dit : « t’en fait pas mon gros, ce soir on va baiser comme dix, j’ai le flaire pour repérer les salopes. Il y en a à gogo au bars de Rops ! ». Stan est le genre de mec cru et vulgaire, mais c’est mon pote d’enfance et lui est bien le seul maintenant à vouloir prendre soin de moi.
Après vingt ans de vie commune avec Stella, je ne sais plus quoi faire, je tombe des nues. Je pense même reprendre du service et me réengager chez Hunter Kayz comme chasseur de primes. J’ai officié chez eux pendant dix ans avant de rencontrer Stella. Mon amour pour elle a toujours été passionnel, sauf depuis six mois, on ne couchait plus la flamme s'est éteinte, on avait perdu cette complicité d'avant, nos regards amoureux et le reste... rien à faire, c'est terminé entre nous.
Et je remarque aussi que nos enfants n’ont plus besoin de la figure de couple. Ils sont indépendants. Avec les ados, plus besoin de faire ce qu’il n’y a plus à faire. En tout cas, je n'ai pas eu l'envie d’avoir la garde.
J’ai tout cédé à leur mère, elle est bien plus compétante que moi de toute manière. Après tout, ils sont en âge de comprendre, l’une approche la majorité tandis que l’autre l'a dépassé depuis deux ans. Mon fils Antonio, on l’a eu la première année de relation et c’est un enfant désiré comme ma fille, Eve qui est arrivé deux ans et demi après son frère. Tous deux fêtent leur anniversaire le même mois. Il faut croire qu’il se sont donné le mot pour naître à la même période.
Et elle, ma femme, enfin mon ex-femme, je sais… enfin non, je ne sais pas. J’espère qu’elle a murement décidé son acte, parce que ce soir, je pense tirer mon coup, alors plus de manière. Je sors du taxi et je vois au loin Stan me faisant un signe de main vers l’entrée du bars. Le genre de bars où avec un peu de chance on risque de ne pas renter seul et puis merde, cela me fera du bien. Enfin et verra bien.
- Eh béh, vielle canaille, toujours aussi beau à ce que je vois ! me lance Stan tout sourire.
Il est grand comme une armoire environs, environs deux mètre zéro cinq.
- Et toi, superman ! Ça me fait plaisir de te revoir, ça remonte à combien, deux ans, peut-être trois ?
- Trois ans, six mois et vingt jours !
- Putain ! A quand même, je n’imaginais pas autant !
- Et si, canaille ! On rentre ? Ce soir, c’est moi qui arrose, j’ai pris deux semaines de permission pour tenter de te remonter le moral alors, pas un mot sur Stella, capitche !
- Comme au bon vieux temps ! dis-je accompagné d’un rire bien gras.
Le bar est bondé, c’est à peine si on trouve une place assise. Par conséquent, on se colle au comptoir, verre de whisky en mains. Parfois, je regarde les femmes qui dansent en petite tenue, mais je sais pas, ce soir, j’ai pas envie, tout le contraire de Stan qui à le regard brillant à cause de l’alcool.
- Tu sais quoi…
- Mate moi celle-ci !
- Arrête un peu !
- Quoi, comment veux-tu que je garde mon calme, elles sont toutes trop bonnes.
- Je pense reprendre mes activités avec la firme !
- Mais non cette paire de loche… Quoi ?! dit-il en s’étouffant.
- Et qu’en pense, Graduch ?
- Tu le connais, il est pas contre, mais avant de reprendre, il m’a dit qu’il faut que je sois en bonne condition physique et de l'appeler en conséquance.
- Et alors…
- Bah, ça fait deux mois que je vais à la salle et tous les deux jours, je cours quinze kilomètres. Alors autant dire que je suis motivé.
- Et tes enfants, tu y penses ?
- Je sais pas encore, faudrait que je leur parle.
La barmaid avance vers nous et nous propose ses services en nous servant deux sky.
- Si vous êtes sages, je peux vous deux, lança-t-elle avec un accent slave.
- Non merci, répliqué-je.
- Quoi, non mais arrête, t'as vu la bombasse, me souffle Stan du coin des lèvres.
- Arrête, je vais rentrer, il faut pas trop que je boive, car dans cinq jours, je passe les tests d’admissions. Tu les connais, zéro drogue, zéro alcool !
- Toujours aussi relou, quand tu t’y mets.
- Je te laisse.
- Ok vieille canaille, passe-moi le double de tes clés.
- Ça roule, tiens !
- Et t’étonnes pas si je rentre tard, capiche !
- Juste fais pas trop de bruit, je dors la nuit moi, articulé-je.
- On verra, ça ne dépendra pas de moi, rigole-t-il.
Je rentre seul en pensant à Stella. Putain, j’ai merdé, mais c’est ainsi fait. Et les regrets, c’est pas pour moi. Une fois dans le taxi, je demande au chauffeur de me poser dix kilomètres avant, j’ai envie de courir. J’arrive après deux heures du matin. Je me dirige vers la salle d’eau histoire de prendre une bonne douche et je me pose devant mon ordinateur sur le site des chasseurs de primes, Hunter Kayz. Et vers quatre heures, je suis réveillé par des cris, « cet enfoiré de Stan », me sors de la bouche, suivi par un rire étouffé. Une heure après, je réussi enfin à me rendormir.

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