Celui qui marche

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Me voilà comme toujours dans ma vallée, rien ne change, rien de bouge, comme figé. Je vaque à mon existence en glissant sans substance sur ce monde qui ne défile pas sous mes pieds. Avec moi vaquent les deux autres seuls êtres pensants. Ils récupèrent de quoi se sustenter, et se sustentent, rien de plus rien de moins. Je commence à avoir la force de vivre par moi même alors je les quitte. Je m'évanouis de faille avec la pellicule poudreuse blanche qui recouvrait le sol depuis quelques temps. Mes jambes marchent, mon esprit court, je m'évade. Les plantes grasses et débordantes de vie attendrissent celles de mes pieds tandis que les plus grandes fouettent mes jambes avec légerté et douceur. Le regard rivé vers le bout du monde, rien ne m'arrête.
Seul au monde, j'existe.

La lumière m'aveugle avant de mourir derrière la fin du monde. Je continue de marcher jusqu'à ce que bientôt même mon esprit s'arrête de courir. Alors je tombe à terre, accueilli bras ouvert par la verdure gracile et molle.

L'obscurité prend possession de son domaine tandis que dans des contrées inconnues je pars explorées de nouvelles pensée qui me sont venues. Sans corps j'ère au milieu des volutes étranges et optus, aux formes incongrues et aux aspects singulirs. Je me perds dans des détours sans retour. Alors je tombe.

De nouveau nimbé de lumière, elle me pénètre comme la fraicheur perlée pénètre mon corps. Il y aurait de quoi tarir mon besoin si j'avais la possibilité de la faire mienne ; malheureusement je ne le peux. Redressant ma masse une autre nécessité gronde sourdement en mon sein, pressement je guette les alentours, l'oeil avisé par un corps aux aboies.

Avançant, tâtonnant, rampant, prestement je trouve et me sustente. Coulant avec lenteur en moi, je me sens prendre les forces de vie mais ne pense pas. Je pense que je recommencerais chaque fois que le besoin surgira en moi. Chaque fois que la lumière disparaîtrait au bout du monde, chaque fois qu'elle me tirerait du fond des contrées inconnues.

Je reprends la route ; je marche.


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