Chapitre 47 : Faits comme des rats ! (Alex's_18)

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— Il faut qu'on parte, soufflé-je en jetant un regard par la porte. Mike et Tom, aidez Céline à marcher, on vous ouvre la voie.

Ils hochent la tête prennent chacun Céline par un bras pour la hisser sur ses jambes. Elle tente piètrement de retrouver son équilibre mais manque de tomber. Mike me lance un regard et on se comprend immédiatement. Il passe un bras derrière les jambes de Céline et la soulève comme si elle n'est qu'une poupée de chiffon pour la mettre sur son dos.

— Allons-y. Tom, on compte sur toi pour nous avertir si quelqu'un arrive.

— Pas de souci.

Nous nous engouffrons dans le couloir en file indienne, j'ouvre la marche et Tom la referme. Nous essayons d'être le plus discret possible et la chance semble nous sourire : nous arrivons à retrouver l'étage intermédiaire sans croiser quiconque. Au moment où le couloir emmène aux cuisines, je prends le chemin opposé. On doit pouvoir remonter sans être obligé de passer par là. Nous arrivons devant une porte fermée et je l'ouvre précautionneusement pour jeter un coup d'œil. Personne en vue. J'entre franchement et je fais signe à Jérémie et les autres de me suivre. La pièce est de taille modeste, des grosses boîtes, enceintes et autres fournitures de scène sont rangées un peu partout. Des chaises sont empilées d'un côté et quelques tables se trouvent à côté. Ce doit être le débarras de la salle de réception. Avec un peu d'espoir, nous sommes tout proche de la sortie.

Céline s'agite et commence à maugréer des paroles incompréhensibles.

— On sort bientôt, ma Céline, tiens bon, la rassure Mike.

— Attendez, souffle Tom en se figeant.

— Quoi ?

Il fronce les sourcils et lève la main pour intimer le silence. Seuls les battements de mon cœur résonnent à mes oreilles et nous échangeons des regards apeurés.

— J'ai cru que... Non, c'est rien, ajoute-il.

Il nous fait signe d'avancer. Nous avançons plus prudemment, le stress dictant notre comportement. Soudain, Tom s'arrête.

— Quoi encore ? gémit Jérémie qui manque de lui rentrer dedans.

Tom se retourne, pâle comme un mort.

— Ils sont là, chuchote-t-il.

Des bruits de pas résonnent alors dans le couloir puis tout s'arrête. Nous retenons notre souffle. Un dernier cliquetis se fait entendre et la porte se pulvérise sous nos yeux hagards. Deux hommes tenant une sorte de bélier apparaissent avant qu'une dizaine d'autres ne s'engouffrent dans la brèche ainsi créée.

— Derrière moi ! s'écrie Mike. Tom !

Mike me pousse sur le côté et se place devant moi, Céline toujours sur son dos. Mais les Men in black sont déjà sur nous, leurs armes pointées sur nous. Je comprends trop tard qu'ils ne vont pas hésiter à faire feu.

— Mike ! hurlé-je.

Mais mon cri est étouffé par les détonations. Impuissant, je ne peux que le regarder, alors que les balles lui transpercent le corps. Le temps semble s'étirer tandis que les hommes vident leur cartouche sur notre ami. Je sens à mes côtés Jérémie tomber à genoux. Je ferme les yeux, ne voulant pas croire ce qu'il arrive. Tout est fini. C'est terminé. Nous avons échoué.

Le silence revient enfin et je m'étonne d'être encore en vie. Lorsque je trouve le courage de faire face à la réalité, j'écarquille les yeux en voyant Mike toujours debout, son corps faisant barrage entre les hommes et nous. Je tourne la tête pour voir Céline maladroitement soutenue par Tom. Il soutient mon regard et je lis dans ses yeux une lueur de défi. Il l'a protégé.

Mike saisit une table à côté de lui et dans un cri puissant, la jette devant lui. Elle percute de plein fouet quelques uns de nos ennemis et les projettent contre le mur opposé.

— Alexis, Jérémie, vous attendez quoi ? rugit Mike en profitant de la pagaille.

Je papillonne des yeux, avant de comprendre ce qu'il veut. Aussitôt, je lance mon esprit et pénètre violemment ceux des hommes armés. Lâchant ma colère et surtout ma peur, je m'empare de leur inconscience. Ils lâchent aussitôt leurs armes pour les porter à leur cou. Ils combattent un temps leurs propres corps avant de succomber à mon emprise. Lorsqu'ils heurtent le sol, ils ne sont déjà plus que des poupées de chiffons.

Lorsque je reprends conscience de ce qu'il m'entoure, je m'aperçois que Jérémie n'a pas attendu : devant moi, un des men in black poignarde son compagnon avant de porter le couteau à sa gorge.

Une poignée de nos ennemis se lance dans un corps-à-corps avec Mike. Un premier poing s'abat sur la face du type et lui écrase le nez avant que le second ne rencontre le gilet pare-balles d'un second. La bouche de l'homme s'ouvre dans un cri muet avant qu'un revers le mette au tapis.

Soudain, je sens une énergie traverser mes corps et l'air se trouble devant moi avant de reprendre sa forme normale. Je jette un coup d'œil à Tom derrière moi, toujours auprès de Céline. Elle a enfoui son visage dans son pull et s'accroche à lui mais il semble ailleurs : son visage est figé par la concentration et de la sueur dégouline de son front. Il use de son pouvoir pour nous protéger tous les cinq. Une bouffée de reconnaissance réchauffe mon ventre et le voir ainsi me donne envie de tout faire pour l'aider.

Un mouvement attire mon attention et par instinct, je tourne le regard en sa direction. Mon cœur rate un battement quand j'aperçois la silhouette d'un type se diriger vers eux.

— Tom !

Je m'élance mais il arrive avant moi. Il utilise toute son attention pour garder le plus longtemps possible les bulles autour de nous et son pouvoir est dirigé vers nous. Lorsqu'il prend enfin conscience de la présence du type, il lève la tête. Sous mon regard horrifié, la crosse de l'arme s'abat sur sa joue et sa tête frappe violemment le plancher. Je projette mon esprit à l'encontre de celui du type mais je me heurte à une résistance : il a des défenses mentales. Ma panique augmente d'un cran quand le men in black lève les yeux sur moi. Malgré la distance, je peux voir ses iris d'un bleu glacé et un frisson de peur me parcourt. Je n'arrive pas à me détacher de ses deux taches de couleur, comme si elles fouillaient mon esprit à la recherche de mon âme. Je me mords la lèvre jusqu'au sang et tente le tout pour le tout : je me coupe de la réalité et fais abstraction de tout ce qui m'entoure. Dans un tel état d'esprit, je suis entièrement vulnérable mais c'est la seule façon d'y arriver. Libéré de toutes les contraintes de ma conscience, je multiplie les assauts mentaux pour percer sa défense. Une brèche apparaît enfin et je m'y engouffre sans réfléchir. Lorsque je comprends mon erreur, il est trop tard : la terreur s'empare de moi tandis que le contrôle de mon esprit s'échappe. Le piège se referme sur moi et mon esprit réintègre si violemment mon corps que je hurle de douleur. La réalité reprend consistance au même moment et je sens toutes les fibres de mon corps se déchirer, mon esprit écartelé entre le monde réel et le monde inconscient.

Je sens mes pieds décollés du sol et un instant plus tard, une douleur vrille mon dos et me coupe la respiration. Je m'écroule au sol, incapable de reprendre mon souffle pendant un instant.

Je lutte pour ne pas perdre connaissance, et mon instinct de survie plus que ma propre conscience créé une illusion pour moi-même, faisant envoler la douleur et la réalité par la même occasion.

Quand j'émerge à nouveau, je vois une tête penchée sur moi et je sens qu'on me secoue.

— Alexis, Alexis, putain !

— Mike... ? Marmonné-je.

— Putain, mec, tu m'as foutu la trouille. Faut qu'on bouge, vite.

Mike me porte plus qu'il m'aide à me redresser et je grimace de douleur. Je titube mais parviens à rester debout. Je crois que j'ai rien de cassé. Enfin, j'espère.

— Où... où est Céline ? demandé-je, hagard.

— Ils l'ont emmené, souffle Mike et sa voix se brise sur le dernier mot. J'étais trop occupé avec eux et quand je m'en suis rendu compte, c'était trop tard.

Un étau comprime mon cœur.

— Et les autres ?

— Ici.

J'aperçois Tom à genoux, dos à moi. Je m'approche de lui, toujours soutenu par Mike. J'étouffe un hoquet de frayeur quand j’aperçois ce qu'il dissimule. Jérémie est prostré au sol et grimace de douleur. Sa chemise est arrachée et les mains de Tom appuient sur son épaule, ensanglantée.

— Il a reçu une balle, gémit Tom. Il a voulu m'aider et sauver Céline mais le... le type a tiré sur lui.

Il lève un visage ruisselant de larmes. Je tombe à genoux à côté de lui, et approche mes doigts de la jugulaire de Jérémie.

— Son pouls est faible mais il reste conscient, c'est bon signe, murmuré-je

— Je sais. La balle a perforé son épaule mais elle est ressortie je le peux le sauver Alexis j'ai quelque chose à l'hôtel qui peut le sauver du thé magique une boisson qu'il doit boire je l'ai faite moi-même en prévision je dois lui donner je peux le sauver, s'écrie Tom à toute vitesse.

Mon cœur se serre de douleur en le voyant dans cet état : je le revois quelques mois plus tôt, en proie à une crise d'angoisse et complètement terrorisé.

— Tom, Tom, regarde-moi, chuchoté-je en prenant son visage en mes mains. Tu vas rentrer à l'hôtel avec Jérémie. Tu te sens capable de le faire ?

Il hoche la tête en reniflant. J'essuie ses larmes avec mes pouces, en évitant soigneusement sa pommette gonflée, et plonge mon regard dans le sien.

— Alors vas-y. Dépêche-toi, on vous rejoins dès que possible.

Je me relève et prends sa main pour l'aider.

— Allez mon vieux, debout, lance Mike avant de prendre Jérémie par son bras valide.

Il lâche un cri quand il se redresse mais tient bon et passe un bras autour des épaules de Tom.

— On trouve la sortie et vous filez, d'accord ?

Je laisse Mike prendre la tête du groupe et reste auprès de Tom. Nous quittons la pièce sans un regard pour les corps qui gisent çà et là. Nous remontons un couloir et un panneau indique une issue de secours tout proche. Quelques minutes plus tard, Mike pousse la porte battante et l'air frais nous accueille. Nous sommes enfin dehors.

— Partez, on vous rejoins plus tard. On va essayer de trouver Céline.

Tom nous lance un regard peu rassuré.

— Vous êtes sûrs ?

— Il le faut, assène Mike d'une voix dure.

— Allez dépêchez-vous, ajouté-je.

Nos deux amis s'éloignent dans la nuit en direction de l'hôtel non loin de là.

— Tu vas tenir le coup ?

— Nous n'avons pas le choix, réponds-je en croisant le regard de Mike.

Nous rebroussons chemin et nous rejoignons le Parlement. J'essaye de faire taire la peur sourde qui me broie les entrailles, sans succès. Si jamais nous recroisons ce type, nous n'aurons pas une seconde chance.

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