Troisième voyage (4) — Le prix à payer

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Hélène Gretel


 La petite bouche rosie d’Alice s’ouvre légèrement, comme possédée par l’étonnement. L’instant d’après, la lapine s’appuie sur ses pattes arrières et bombe le torse en serrant ses griffes avec motivation.

  • Tu as raison, faisons-le ! s’écrie-t-elle en quittant la salle à manger.
  • A-Attends-moi ! déclaré-je surprise, en suivant sa trace.

Je rattrape Alice au premier étage, face à une salle à l’architecture nippone. Je halète légèrement, les mains posées sur mes genoux. Je n’étais pas préparée à ce sprint. Décidément, cette lapine se motive vite, peut-être même un peu trop. L’animal se tient devant une porte coulissante, prenant une grande inspiration.

  • Es-tu prête Hélène ? murmure-t-elle sans poser ses yeux sur ma personne.
  • Quand tu veux, lui dis-je sous le même ton.

Alice expire en entendant ma réponse. Sa petite patte se dirige d’un geste hésitant vers la porte. Aurait-elle peur de déranger Gaston ? Ou bien est-elle freinée par une quelconque politesse ? Va-t-elle frapper à la porte, de son petit membre velu, tout en attendant une réponse ?

 Après s’être mentalement préparée, la fée coulisse violemment le battant puis entre sans la moindre gêne. La déception recouvre mon visage. Au fond, une telle réaction n’a rien d’étonnant vu la servante. Il faudra qu’à l’avenir, j’évite d’en attendre plus des gens.

  • Gaston ! hurle-t-elle. Nous devons parler !

J’entre dans la salle d’un pas discret, utilisant l’interruption d’Alice comme couverture.

 La pièce est composée d’un bureau de bois sombre, de deux sièges, ainsi que de maigres étagères. Une petite fenêtre orne l’un des murs plâtreux aux bordures sombres, laissant la lumière porter ses rayons sur cette salle où volent moult grains de poussières. Des dépôts blanchâtres recouvrent les meubles, à l’exception du bureau. Cette différence s’explique par la présence de Gaston, qui nettoie avec précision cet unique mobilier.

 Un soupir s’échappe de mes lèvres, je vois que les manières absurdes de ce balayeur n’ont pas changées. Il en est de même pour son talent à tenir une conversation. Malgré notre arrivée et la demande de sa collègue, l’esprit à tout faire n’a pas lâché le moindre mot.

  • GAS-TON, je dois te dire quelque chose ! reprend-elle avec irritation.

Le balayeur tourne rapidement sa tête vers Alice puis hausse les épaules avant de se reconcentrer sur sa tâche. Vu le personnage ce comportement n’a rien d’étonnant. C’était même parfaitement prévisible. Si c’est le cas, autant profiter de son petit jeu :

  • Laisse tomber, déclaré-je à la lapine. Tu n’as qu’à lui donner ta lettre de démission, il se débrouillera avec ça.

Je fais mine de partir, entraînant Alice dans ma marche avant d’être interrompue par l’employé :

  • Quelle démission ?

Un sourire victorieux prend place sur mon visage. Parfait, il a mordu à l’hameçon ! Je pose un regard furtif sur Alice, celle-ci se tourne vers son collègue, prête à lui donner sa réponse.

  • D’ici demain, je ne compte plus travailler ici. Je te donne ma démission !

Ma tête pivote légèrement vers Gaston, celui-ci a visiblement arrêté son nettoyage. Ses yeux, camouflés par des verres fumés, ne semblent pas quitter d’un seul instant la lapine.

  • Pourquoi ? demande-t-il après un long silence.
  • Car j’ai envie de devenir cheffe d’entreprise ! répond-elle avec entrain. Je deviendrais une patronne exemplaire et…
  • Arrête donc ces bêtises Alice, l’interrompt avec froideur son collègue. Ce que je te demande c’est : pourquoi me donner ta démission seulement maintenant ?

La surprise prend place sur mon visage. C’est une plaisanterie ? Gaston déteste à ce point cette adorable lapine ? Poussée par la colère, je m’apprête à répliquer. Mon geste se retrouve stoppé par les paroles de la servante :

  • Ne t’en fais pas Hélène, je m’attendais à cette réponse. Gaston ne dit pas ça par méchanceté. Il est vrai que je vous dois tous les deux une explication.

La lapine retire ses lunettes de soleil puis m’adresse un triste regard.

  • Tu te rappelles lorsque je te disais que mon collègue deviendra chef à la prochaine aube ?
  • Oui, tu m’en avais parlé un peu plus tôt.
  • Sache que, ce jour aurait dû arriver plus vite. Notre patron est parti il y a quelques temps, il avait déjà nommé Gaston comme étant son successeur. Cependant…
  • Cependant, je n’ai pas voulu d’un tel poste, continue son collègue. J’ai préféré attendre au dernier moment avant de reprendre l’auberge.
  • Pourquoi ? demandé-je avec incompréhension. Être le patron d’un tel bâtiment n’est pas donné à tout le monde. Tu devrais en profiter !

À l’écoute de mes mots, les deux employés se taisent, laissant une expression sombre planer sur leur visage. Pourquoi se comportent-ils de cette manière ? Un peu plus tôt, j’avais demandé à Alice si son travail à l’auberge lui plaisait, elle m’avait répondu à l’affirmative. À moins que ce ne soit un mensonge. Et qu’en est-il de ce « dernier moment » ? Pourquoi attendre jusqu’à demain ?

  • Désolée Hélène, répond la servante. Ni Gaston, ni moi ne pouvons t’en parler. C’est quelque chose qui concerne uniquement les employés de cette auberge.

J’ai beau comprendre ses paroles, je ne peux pas empêcher la curiosité de reprendre le dessus. Il est vrai que pour eux, je ne suis qu’une voyageuse. J’arrive puis je repars, comme si ma présence n’était au mieux qu’un événement parmi tant d’autres, au pire une grande catastrophe. Je me demande ce que ressentent avec précision les personnes qui accueillent de manière consciente ces individus venant d’autre mondes. On ne pourra pas se dire adieu en espérant les revoir car chacun sait qu’une nouvelle rencontre n’arrivera jamais.

 Cette moindre réalité prouve bien le fossé entre nos mondes respectifs. Dans ce lieu, je ne suis qu’une inconnue. Que je sois présente ou non ne changera pas la relation entre ces collègues. Je devrais le savoir, je devrais en prendre conscience. L’histoire de cette auberge ne me concerne pas. Et pourtant, il est difficile de n’y porter aucune attention, de ne pas vouloir en savoir plus.

  • Gaston, tu te demandais pourquoi j’étais restée jusqu’à la fin. C’est très simple, je ne voulais pas te laisser, reprend Alice.
  • Ça n’a aucun sens ! s’écrie l’esprit à tout faire, visiblement irrité par les déclaration de sa collègue. J’ai tout fait pour me rendre détestable au travail ! La preuve, aujourd’hui je t’ai balancé dans ce tas de feuilles !

Je comprends mieux pour quelle raison j’avais trouvé Alice à cet emplacement précis. Néanmoins, j’avoue être surprise de la réaction de Gaston. C’est la première fois que je le vois arborer une telle expression. Je pensais que le calme de cet homme était une forteresse infranchissable, j’ai la preuve devant moi qu’elle est tout aussi entretenue que cette pièce.

  • J’en ai conscience, dit la servante. Tu avais joué à ce petit jeu avec les autres employés. Résultat, ils ont tous fini par partir, sauf moi. J’avais conscience que tu voulais que l’on vive nos vies, mais je refuse de t’abandonner ! Tu es un imbécile Gaston ! Si tout le monde était parti, tu serais resté tout seul !

La révélation prend place sur mon visage, les paroles d’Alice suffisent à m’émouvoir. Et ce, malgré le fait je ne sois pas concernée par sa réplique.

  • Le patron, celui qui nous a réunit ici, disait que tu avais changé. Mais à ce que je vois, tu es resté le même ! continue avec émotion la lapine. Toujours prêt à faire de ton maximum pour n’importe qui. Tu donnes ton bonheur aux autres, tu réalises leur souhait sans rien demander en retour. Et résultat, tu souffres, car personne ne prend la peine de te rendre la pareille !
  • Arrête de raconter n’importe quoi, je suis heureux avec cette façon de faire, l’interrompt-il.
  • Oh que non tu ne l’es pas ! La preuve, je peux compter sur mes griffes le nombre de fois où tu as ris dans cet endroit. Tu es triste Gaston, ton cœur pleure.
  • Ça su… se coupe le balayeur. Qu’est-ce que tu en sais ?!
  • Oh j’en sais pas mal, après tout ce temps passé avec toi. Tu continues de jouer le gentil petit esprit à tout faire, alors que ça te détruit ! Tu n’as pas besoin de faire ça, tu n’as pas besoin de chercher l’acceptation !
  • La ferme sale lapine ! Je n’ai connu que cette servitude, je ne sais pas obtenir d’autres relations avec les autres. C’est ce qui arrive lorsque tu te retrouve écarté de tous, considéré comme étant l’être le plus répugnant qui soit !
  • Mais quelqu’un t’a accepté, non ? L’aurais-tu oublié ?! Celle qui faisait partie de notre famille, celle qui faisait battre ton cœur ! Ose me dire qu’elle ne compte plus pour toi, qu’elle ne t’a rien appris !

Dès l’instant où Alice termine sa tirade, Gaston se retrouve abasourdi, sans la moindre réplique. Sa tête s’affaisse légèrement vers le bureau, nous présentant la preuve de sa résignation.

 Cette dispute me rappelle ma première rencontre avec Gangrène. Chacun d’entre nous était sur ses positions, faisant tout pour prouver à l’autre que sa cause est la meilleure. Ce jour-là, j’avais réussi à convaincre ce Désastre. On pourrait croire que la même chose s’est produite ici, et pourtant ces deux situations sont différentes. Alice n’a pas rallié Gaston à sa cause, elle l’a fait taire. Tout ce qu’elle avait à faire était de parler d’une personne qui, visiblement, compte beaucoup pour ce balayeur.

 Honnêtement, jamais je ne me serais attendue à un tel dénouement. Lorsque j’ai rencontré Gaston dans la cour, il me semblait si lointain. Un véritable inconnu. Et maintenant que je connais son histoire, que je constate sa dispute avec Alice, je me sens plus proche de lui. Quel que soit l’endroit, le temps ou la personne, il y aura toujours ce genre de sentiments. En y réfléchissant, ce n’est pas le premier exemple que j’observe. Mes voyages ont tous été riches en enseignement. L’attention et la peur d’être seule de l’aubergiste du village sans fenêtres, les regrets et la volonté de Taxus dans l’académie sous-marine, la servitude et la culpabilité de Gaston dans ce monde peuplé de monstres ; toutes ces rencontres m’ont permis d’apprendre. Chaque personne dans toutes les annexes de l’Univers fait face, d’une manière ou d’une autre, à un dilemme. Sur ma planète d’origine, on me dit souvent que la société est injuste, que ce monde est une pourriture. C’est faux. Ce cas n’est pas une exception, et je suis sûre que n’importe quel voyageur pourra en témoigner.

 D’ailleurs, c’est ce qui fait toute notre différence. Mes collègues et moi-même pouvons constater cette vérité par notre expérience. Si notre présence dans tel ou tel monde ne change rien, cela ne veut pas forcément dire que nous ne sommes que des figurants. Parfois, une petite pousse venant d’un inconnu peut changer la vie de n’importe quel individu. Pour cette personne m’ayant sauvé sans rien attendre en retour, pour celui qui m’a offert un repas et un toit où dormir, je suis prête à faire ce geste.

  • Gaston, déclaré-je, il y a une chose que je souhaite. Et pour cela, je suis prête à en payer le prix.

Le balayeur me regarde silencieusement, la bouche légèrement ouverte par l’étonnement. Mes yeux se posent furtivement sur Alice, qui me fait signe de son approbation. Je continue en esquissant sur mon visage le plus serein des sourires.

  • Je souhaite retrouver le Désastre, mon partenaire perdu. Je vous en prie, aidez-moi Gaston. En échange, je vous donnerai ce que vous voulez.

Après avoir dicté ma demande, je porte toute mon attention sur l’esprit à tout faire. Celui-ci semble vouloir protester, mais se retient en croisant le regard de sa collègue.

  • Êtes-vous sûre de vouloir me donner n’importe quoi en échange ? m’interroge le balayeur avec hésitation.
  • Du moment que le marché est équitable, je ne retirerais pas ma demande.

Gaston lâche un soupir à l’écoute de ma réplique. Sa main droite quitte ses outils pour gratter l’arrière de son crâne, lui donnant un air bien embêté. Un petit temps s’écoule, sans qu’aucune réponse ne résonne dans la pièce. Serait-il encore en train de m’ignorer ? Dans un moment si important ?

  • Je ne peux pas vous permettre de retrouver de manière certaine votre partenaire, je n’en ai pas la capacité. À la place, je vous propose d’apprendre à contrôler la méthode initiale. Qu’en dites-vous ? me propose-t-il.

Je vois, dommage que je ne puisse pas arriver de manière sûre aux côtés de Gangrène. Cependant, son offre n’est pas dénuée d’intérêt, bien au contraire ! Cela m’aidera à faciliter mes voyages. Du moins, je l’espère. Dans le doute, autant clarifier les choses :

  • Par apprendre à contrôler la méthode initiale, que voulez-vous dire exactement ?
  • J’entends par là choisir avec plus de précision votre prochaine destination. De cette manière, il vous sera plus aisé de retrouver l’homme que vous cherchez.
  • Et je pourrais éviter les accidents d’atterrissage ? l’interrogé-je avec curiosité.
  • Non, on ne gâche pas un tel plaisir.

La déception s'invite sur mon visage. Un soupir exaspéré sort de mes lèvres. Mince, j’aurais tant aimé pouvoir éviter les mauvaises surprises ! Tant pis, ce marché reste intéressant. Même si je dois admettre que ce balayeur me surprend dans son panel de compétences. De là à m’apprendre une information destinée aux voyageurs, sachant qu’il n’en est même pas un, c’est incroyable ! Dans un sens, je suis rassurée d’apprendre que ce type n’est pas humain.

  • J’accepte cette proposition, dis-je convaincue. Que puis-je donner en échange ?

Nous y voilà, le moment fatidique : le prix à payer. L’impatience et la peur plantent leur serres acérées dans mon esprit. Mes poings se serrent, je me mords la lèvre. Tout mon être attend la réponse de ce balayeur. Je me demande ce qu’il compte désirer en échange. J’espère qu’il ne sera pas trop gourmand. Et dans un sens, j’espère également qu’il ne sera pas trop timide. Ce serait gâcher les efforts d’Alice.

 J’imagine que Gaston doit faire face à un dilemme actuellement. Choisir le prix plus approprié n’est pas facile, je dirais même que c’est la part la plus compliquée de ce marché. Après un petit temps d’attente, l’employé prend enfin la parole :

  • En échange de ce savoir, je souhaite faire votre connaissance Hélène.

Que… Quoi ?! C’est une plaisanterie ? J’ai rêvé dans l’instant ? Mes oreilles sont bouchées ?

  • Excusez-moi, déclaré-je avec incompréhension, pouvez-vous répéter ?
  • Inutile puisque vous avez très bien entendu, réplique aussitôt l’esprit à tout faire.

Mais ce n’est pas possible !

  • Gaston, ce que tu demandes n’est pas… commence Alice.
  • Je n’ai pas fini, la stoppe-t-il. Il me reste à préciser le lieu.
  • Le lieu, tu ne veux pas dire … ! reprend la lapine en reculant de surprise.

Je regarde les employés d’un œil suspicieux. Qu’est-ce qui se passe ? L’endroit est si important ? Faire connaissance, ce n’est pas juste devant une tasse de thé avec… Oh non ! Je viens de m’en rendre compte mais, Gaston n’a pas donné plus de précision. « Vouloir faire connaissance » pourrait signifier autre chose dans ce monde. S’il me propose un lieu comme sa chambre, pire son lit, qu’est ce que je suis censée dire ?!

  • Hélène, je veux faire votre connaissance dans la vieille remise de l’auberge.
  • Hein ?! m’écrié-je sans retenue.

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Faire connaissance dans un entrepôt ? Il n’y a pas un meilleur endroit pour faire ça ? C’est pour éviter que l’on m’entende crier ? Voir camoufler efficacement un crime ?!

 Non, je ne dois pas faire de conclusion hâtive. Tout va bien. Peut-être est-ce la norme dans ce monde. La preuve, Alice comprenait les insinuations de Gaston. Oui, voilà, c’est ça. Je dois me calmer, rien n’est encore décidé.

  • S-Serait-ce une sorte de tradition de faire connaissance dans un tel endroit ? demandé-je avec un soupçon de peur dans la voix.
  • Pas vraiment, me répond Alice.

Au secours, sortez-moi de cette situation ! J’ai beau avoir encore l’opportunité de refuser, ce marché me permet de retrouver Gangrène. Mon dieu, que dois-je faire ?

  • Cessez de délirer, déclare Gaston en s’adressant à ma personne. Je ne compte pas obtenir une telle chose de votre part. Après vous avoir vu sans vêtements je peux certifier que votre corps ne m’intéresse pas.

Cette délicatesse légendaire. J’ai beau me sentir rassurée en entendant ces paroles, une partie de moi semble irritée par sa réplique.

  • Pour mettre les choses au clair, continue le balayeur. La vieille remise de cette auberge est particulière. Elle permet à ses visiteurs de revivre leur passé.

Voilà qui est intéressant. Cette déclaration change toute la signification de sa demande.

  • Vous souhaitez me connaître de cette manière ? Pour quoi faire ? l’interrogé-je.
  • Afin de vous faire confiance, je veux savoir ce que vous cachez vraiment sous votre carapace.

J’avoue préférer ce dénouement, il me sera plus facile pour moi de remplir cette part du marché.

  • Je…
  • Un instant ! m’interrompt Alice. Gaston ne t’a pas tout dit ! Cette méthode comporte des risques. Au pire, tu pourrais te perdre à jamais dans tes souvenirs passés. Il pourrait d’ailleurs en profiter pour voir tes secrets les plus intimes.

 Une légère peur prend place sur mon visage. Elle a raison, je devrais réfléchir davantage. N’importe qui possède des souvenirs, des parts de lui qu’il souhaite cacher de tous. Des moments gênants, des instants puissants, ceux nous ayant forgé au plus profond de notre être. Et c’est justement cela que souhaite voir Gaston. Cette « connaissance » est quelque chose de bien plus profond, c’est presque une immersion dans le psyché d’une personne.

 Vu sous cet angle, je m’aperçois à quel point le prix à payer est lourd. Ce balayeur a su faire le bon choix, il sait rendre un marché intéressant. Cet accord est bien plus qu’un simple échange d’informations, c’est une affaire de confiance. Pour retrouver le Désastre, je vais devoir transmettre des histoires dont je n’aurais aucunement parlé avec Gangrène. C’est terrifiant, un tel savoir entre les mains d’une personne malintentionnée peut être dangereux pour celui qui cède.

 Cependant, je ne suis pas la seule dans cet accord. Gaston souhaite me faire confiance et il attend en retour que je fasse de même. Cet esprit à tout faire, ce personnage tant dévoué aux autres fait enfin le premier pas. Il se pose des questions, avance à tatillons sur un domaine qui l’a fait souffrir maintes et maintes fois.

 Je rigole, poussée par la nervosité. Vraiment, qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? J’ai peur de retrouver mon partenaire, alors que j’ai l’opportunité de le revoir ! Certes, je ne dois pas foncer dans la première occasion venue. Néanmoins, cet accord repose avec celui m’ayant sauvé la vie. Grâce à Alice, j’ai pu voir une partie des vraies couleurs de Gaston. Je ne crois pas en la duperie avec cette adorable lapine, je n’ai donc aucune raison de douter.

 Gangrène, je me demande sincèrement ce que tu deviens. J’espère que personne ne te fait le moindre mal, que tu arrives à sourire et à m’attendre. Quand bien même tu ne peux m’entendre, je tiens à m’excuser envers toi, mon partenaire. Durant notre deuxième voyage, j’ai pensé plusieurs fois à te parler de mon passé. Et pourtant, je n’en ai pas eu le courage. Pardonne-moi Gangrène, ces histoires que je comptais te raconter, tu ne seras pas le premier à les entendre.

  • J’accepte votre proposition, déclaré-je décidée à l’attention du balayeur.

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