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` ~ ' ¨ ' ' ." Bourgeon Bruni . ° . , . -* ; ~

La confusion trouble Vrille Vérolée, qui n'en peut plus de ne rien s'expliquer. Alors au détour d'un tertre de mousse infectée, iel compose ce bouquet :

. ` ~ . Qu'arrive-t-il à Racine Rongée, au juste ? Et... et à tous les autres ? ' ~ * '

Turbule masque mal un frémissement de soulagement : iel n'osait pas demander lequel d'entre nous est décédé. Rien ne distingue unᵉ clausifle d'unᵉ autre à son regard inhabitué.

` . . . C'est à la fois simple et compliqué à expliquer ! Très compliqué ! Vous voyez, c'est la vie qu'on ne conçoit pas bien. - ¨ , ,

Nous diffusons des effluves avides de savoir.

, ° ; ° ' ~ * ' Mais je crois qu'on finit par la comprendre. Quand notre conscience s'éteint, alors là ! Là, elle se révèle enfin. C'est dans la mort, à mon avis, que la vie apprend à se connaître. Juste avant de cesser de savoir, de comprendre, de ressentir. Juste avant de ne plus être. ' , ° ¨ . ' , .

À la vérité, cela n'explique rien. Vrille Vérolée et moi flétrissons. Quelle est ce fléau mystérieux qui nous attriste tant ? Qui nous vole les nôtres sans plus nous les rendre ? Vrille Vérolée émet un effluve étiolé.

° . ' * ; ° Même si nous réussissons et que Branche Brisée et Racine Rongée nous reviennent... Iels se réveilleront seuls, loin du nid et de leur amis. Sans personne pour leur rappeler qui iels sont. Personne pour briser sa branche, ronger sa racine et leur redonner leurs noms. ` . ' , - . `

Turbule tressaille avec une sorte d'hésitation. Iel a comme une objection au bout des spores, mais se tait.

Vrille Vérolée traîne des podes ; je l'imite. Moi non plus, je ne peux l'abandonner.

" , ' . ° . Nous ne pouvons pas læ laisser sous cette cendre noire. Iel n'y redeviendrait jamais Racine Rongée, même quand nous aurons soigné la souche. ¨ , : ; ` .

Mon compagnon acquiesce.

, , ` , ° ' Læ pleurer me déchirerait. Retournons læ chercher. . ` ~ .

" , ' . ° . Comment cela ? Chaque instant dans cette poisse nous ronge ! Chaque instant ! Hâtez-vous, avançons ! ' * ; ° .

° , . . ' : Impossible. Nous ne læ laisserons pas ici. Il faut l'emmener et, quand tout sera guéri, nous læ replanterons chez ellui. ' * ; ° `

Læ micète se retourne, au loin. S'aperçoit enfin que son escorte traîne.

; ` . De... De quoi retourne-t-il ? . . . °

. ' , Iels veulent emmener leur ami tombé ! ° . ' ,

° ; ° ' ~ * Oh... Mais iel est décédé. Que comptent-iels faire d'une enveloppe sans vie ? , . ' . , ,

Turbule dessine des allers-retours entre Modeste et nous.

' : ° ` ~ . Pour quoi faire ? Vous allez vous fatiguer, ralentir et lui ressembler ! Laissez-læ ici, vous ne gagnerez rien à l'emporter. , . * . : ° , . .

° ' ~ * , Si. Nous devons læ replanter dans la pépinière. . ' . ,

. . ' : Nous læ planterons parmi les siens, et iel germera. Iel renaîtra. ° ` ~ .

Turbule s'impatiente. Iel ne songe qu'à en finir et, enfin, retrouver son foyer. L'asphalte l'enduit d'une bruine charbonneuse que quelques rais éclairent. Comme si la putrescence avait sa place ici.

' ~ * , « Renaître », tss ! Pas besoin de sa dépouille pour ça ! . ' . , ,

* ' . Comment cela ? ` , °

Læ méliamante hésite, mais la suie grasse l'irrite.

" , ' . Votre propre corps suffira ! ° . ' *

Vrille Vérolée et moi marquons un temps d'arrêt. Il semble que Turbule ne comprenne pas.

' , ° ; ° ' ~ C'est Racine Rongée que nous devons replanter. Si je sème ma propre pousse, c'est un nouveau moi qui germera. ' : ° ` ~ ¨

Les pattes agiles de notre ami se mettent à trembler. Iel cliquette avec nervosité.

' , ° ; Alors c'est vrai... Vous ne savez vraiment pas. ° ' ~ *

' * ; ° Nous ne savons pas quoi ? ` . ' ,

Lentement, à contrecœur, iel élabore une affreuse fragrance.

; ° ' ~ * Les clausifles... Je suis désolé... Vous n'êtes tous... tous ! Qu'une même entité. , .' . , ,

Vrille Vérolée et moi nous regardons. Qu'invente-t-iel là ?

¨ ' ' ." Identiques. Tous clonés. Un même individu de mille corps. Vous saisissez ? . ° . ,

Des spasmes violents me traversent. Vrille Vérolée semble subir la même indignité.

. , . - Quand l'unᵉ de vous meurt, iel ne revient jamais. Ne l'a jamais fait. ` * ; ~

Sous l'astre qui, figé, nous réchauffe et nous nourrit, l'humus semble m'engouffrer.

~ * : . : ° Vous n'avez jamais revécu. Jamais ! Seulement engendré bouture après bouture, copie après copie. Les morts sont partis, et ce pour l'éternité. ` ° ' * . '

Une ombre s'empare de mon esprit. Mes idées s'engluent dans un pétrole infâme. Elle se noient et je peine à les sauver.

Ainsi, la vie s'en va. Elle ne revient pas.

Rien non plus chez nous d'unique. Nous n'importons pas.

Une secousse. Ce lent Modeste nous réveille de notre détresse.

` . ' , ¨° Ne restez p... pas là. Cette pluie délicieuse, je sais qu'elle vous étouffe. ., ° * . `

Un de mes podes se meut, s'efforce de se libérer de la torpeur qui m'enlise.

La mort. Je crois qu'à présent, je la conçois. C'est un au-revoir sans lendemain. Elle a toujours existé, nous l'avons seulement ignorée... Oh, tous les amis que j'ai perdus sans les pleurer... Iels sont partis, oubliés. Nous ne leur accordions pas même une pensée, pressés de saluer leurs héritiers.

Pardon à tous... Pardon Racine Rongée. Pardon Branche Brisée. Je n'avais pas réalisé qu'avec vos souvenirs, c'est votre être tout entier qui a fané.

Vrille Vérolée amorce un arôme, mais y renonce sitôt. En une lente procession endolorie, nous nous détournons de la tige asève de Racine Rongée.

Soufflons des adieux inimaginés.

Traînons nos enveloppes ruinées et contournons les noirs reliefs rancis.

Vers le noyau délétère. Vers l'espoir d'un passé qui n'a jamais existé.

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