Etre soi-même

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L’assiette claqua un peu fort sur la table et Faëldin grimaça, retroussant légèrement son petit nez en trompette. Il se sentait agacé, énervé même depuis plusieurs jours maintenant. Ses amis l’observèrent silencieusement, personne n’osa dire le fond de sa pensée, même pas Aelki qui pourtant n’avait pas sa langue dans sa poche habituellement. Cela fit soupirer Faëldin, l’ennuyant davantage, s’ils en étaient à garder le silence, c’était qu’il avait l’air encore moins aimable qu’il ne l’aurait voulu. Il fit néanmoins demi-tour pour apporter le reste du repas à table. Ils le faisaient à tour de rôle et habituellement c’était quelque chose qu’il appréciait, même s’il ne l’aurait pas admis à voix haute. Que c’était frustrant de correspondre à ce point-là aux clichés ! Tout en saisissant le plat un peu rudement, il repassa mentalement tout ce qu’il aurait aimé être.

Indépendant d’abord, au lieu de vivre dans une espèce de colocation où tout le monde le soutenait pour tant de choses. Fort ensuite, ou plutôt plein d’un genre d’assurance qui lui aurait permis de ne jamais chercher l’appui sur qui que ce soit. Sûr de lui avec une tendance à ne pas s’inquiéter de comment les autres le voyaient. Seulement, il avait beau vouloir tout cela et tout faire pour coller à cette image, ça ne fonctionnait pas vraiment… Bien-sûr, il n’avait pas le physique de l’emploi. Ses petites oreilles, pointues, indiquaient sa nature d’elfe sans laisser le moindre doute. Les plus forts de son espèce n’étaient pas des montagnes, assurément, mais ils faisaient plusieurs centimètres de plus que lui… de partout. Que se soit sa taille, ses tours de bras, de hanches, de cuisses, tout était minuscule chez lui. Il était fin et dégageait une impression de fragilité que beaucoup adorait. On l’appelait facilement « bébé », chose qu’il détestait au plus haut point ! Certains cherchaient à le cajoler, à l’attirer sur leurs genoux, à embrasser ses cheveux et autant de petits détails qui le faisait fuir à terme.

Il posa le plat, un peu amer. Même ça c’était cliché ! Il aimait faire la cuisine. Il aimait gâter les gens qui l’entouraient en connaissant leurs goûts et leurs préférences. Une parfaite petite chose homosexuelle et soumise, pensa-t-il avec colère. Nikko huma le plat et lui adressa un sourire de remerciement un peu timide, comme s’il avait parfaitement conscience qu’il risquait de se faire rabrouer. S’il avait osé parler il aurait dit sur un ton un peu fataliste : « on est qui on est ». Lui-même assumait parfaitement son homosexualité mais également son très grand romantisme qui le poussait à chercher le grand amour. Faëldin lui ne cherchait pas le grand amour, ni le petit d’ailleurs. Comment le chercher alors que ce qu’il voulait dans sa tête était si différent de ce que son cœur ou son corps semblait désirer ? Il ne pouvait pas à la fois trouver un égal et une personne qui lui donnerait un sentiment de protection absolue. Il ne pouvait pas fondre, se soumettre, chercher toute sa vigueur et obtenir dans le même temps le respect qu’il désirait. Il était certains que ces concepts étaient bien trop contradictoires pour qu’un même individu puisse les réunir ! Il tira la chaise vers lui et s’y assit avec humeur, saisit sa fourchette pas beaucoup plus délicatement et répondit vaguement au « bon appétit » général qui retentit autour de la tablée.

De tout le repas, il ne prit pas part aux conversations, râlant mentalement sur sa propre complexité. Puis, lors d’un silence un peu plus long que les autres, il sentit le regard de ses amis sur lui. Ils avaient l’air un peu inquiet pour la majorité et vaguement agacé pour certains. Faëldin soupira et énonça l’évidence :

- Oui, oui… Il faut que j’y retourne.
- Ce soir ? demanda Aelki.

Faëldin fronça les sourcils, c’était visiblement plus urgent que ce qu’il avait envisagé.

- Je pensais plutôt à dans quelques jours…

Un long silence lui répondit, alors il ajouta tout en levant les yeux au ciel :

- Mais si je suis vraiment insupportable… Oui, ce soir.
- Je crois que Nekall y sera, glissa Tiny, l’air de rien, depuis l’autre côté de la table.
- Plutôt demain alors, lâcha l’elfe en grognant à moitié.

Le peu d’appétit qu’il avait pu avoir avait soudainement disparu. Nekall était tout ce qu’il détestait… le fait que son corps lui réponde aussi fort ne faisait que l’humilier davantage et le fait qu’il se sente bien pendant des semaines après la moindre session avec lui n’améliorait rien au final.

- Ce qui nous fait du bien nous fait du bien… chuchota l’un de ses amis doucement.
- Ça ne devrait pas… répondit-il tout aussi doucement.

Faëldin n’était pas capable de rester à table, à affronter leurs regards et leurs jugements silencieux. Ses amis avaient raisons bien-entendu et il le savait, c’était peut-être ça le plus dur. Mais partir le ferait ressembler à la petite diva capricieuse qu’il n’avait pas envie d’être… Ses amis eurent la bonne grâce de changer de sujet en voyant sa gêne grandissante, mais ça non plus, ce n’était pas ce qu’il voulait. En faites, il ne savait pas ce qu’il voulait au fond. Peut-être juste être si différent de lui-même que ça en était impossible. Il passa le repas à y réfléchir, faute de manger réellement et se décida un peu avant le dessert. Aussi dur que ce soit à admettre, ses amis avaient raisons et l’accepter serait peut-être faire preuve du courage qu’il rêvait de posséder.

Alors après le repas, il se prépara, glissa la brosse dans ses cheveux horriblement doux, frotta son corps tendre et faible puis s’habilla pour le cacher même si ça ne servirait à rien. Il mit une tenue de rechange dans un petit sac avec un petit pot de pastilles pour la gorge, quelques lingettes qui lui permettraient de faire une toilette rapide avant de rentrer et une bouteille d’eau. Il resta immobile un bon moment à observer son petit sac. C’était Nikko qui le lui avait cousu avec l’aide de Haenton. Quoiqu’il fasse, ses amis seraient toujours là pour lui et ils le jugeraient peut-être même moins durement s’il faisait le choix de se laisser aller à être qui il était au fond… Ils n’en avaient rien à faire qu’il soit un cliché ambulant, il n’y avait que lui que ça préoccupait en réalité. Avant de partir, il vérifia à nouveau son apparence dans un excès de coquetterie qui le fit lui-même soupirer, puis il sortit de leur maison, refermant soigneusement le battant derrière lui.

Les deux grands arbres qui les abritaient étaient robustes et tièdes, mais ce n’était pas une raison pour faire rentrer le froid. Pour descendre de la maison qui était perchée à plusieurs mètres de hauteurs, il y avait un petit escalier en colimaçon. Faëldin ne l’empruntait pas habituellement, préférant descendre le long de la longue liane qui permettait de rejoindre les racines les plus hautes qu’il fallait alors négocier savamment. Avec son pas léger d’elfe, c’était facile, mais tout ses amis n’avaient pas les mêmes compétences alors il avait fallu construire quelques autres chemins.

Malgré tout, il se dirigea vers le long escalier qui lui ferait perdre bien du temps. Peut-être que ce serait suffisant pour lui faire faire demi-tour et rentrer avec l’espoir de devenir cet être qu’il n’était pas. Ou peut-être que ce serait assez pour le convaincre de s’abandonner à sa vraie nature qui n’avait rien de honteuse mais qu’il aurait aimé ne pas posséder… ou plutôt pas avec ce corps là. Une main sur l’écorce, l’autre agrippée à son sac, il essaya vraiment d’y réfléchir, mais comme souvent, en arrivant à destination, sa tête était vide.

L’endroit se trouvait assez loin, après le marais qui avait été joliment aménagé et qui attirait beaucoup de couples. L’arbre qui les accueillait était mort depuis très longtemps et il avait été creusé en une multitude de salles de jeu. Toute la communauté était très bienveillante avec ce qu’il se passait ici et venir n’était pas une honte, et pourtant Faëldin se sentait mal. Il aurait aimé disparaître dans la terre ou se retrouver dans son lit, loin de ses besoins et de ses pulsions qui l’énervait tant. Ses pieds le guidèrent néanmoins jusqu’aux racines où un centaure au corps épais et aux membres aussi larges que ceux qu’il aurait aimé avoir, s’occupait de trier les personnes.

- Faëldin ! Cela faisait longtemps !
- Bonsoir, Kirjask…
- Tu as de la chance, Nekall est là… Je crois qu’il installe quelqu’un mais il devrait revenir d’une minute à l’autre.

Le petit elfe baissa la tête. Il aurait aimé dire « pas Nekall ». Il aurait aimé exiger d’une voix ferme « Je veux quelqu’un d’autre ! » ou encore mieux « aujourd’hui, c’est moi qui installe quelqu’un ! ». Seulement tout ça, ce n’était pas lui, ce n’était pas ce dont il avait besoin. Alors il remercia sagement Kirjask et attendit que vienne son tour. Nekall ne mit pas très longtemps avant d’apparaître. Comme lui, c’était un elfe. Comme lui, son corps était relativement fin. Mais chez lui, ça n’empêchait pas les muscles de se voir et ça n’empêchait surtout pas sa très grande assurance. Il lui fit un sourire doux comme s’il cherchait à le rassurer et posa sa main sur sa joue avec une tendresse évidente.

- Ça faisait longtemps… Je suis content de te voir. J’avais espoir que tu viennes.

Faëldin ne répondit pas. Tout ce qu’il avait à dire n’aurait fait que l’humilier davantage car lui aussi était content, plus que ça même, il était heureux et soulagé… Soulagé ! Comment se regarder dans une glace après un tel sentiment ?

- Tu as vraiment besoin de cette séance n’est-ce pas ?

Le plus petit ferma les yeux douloureusement. Nekall ne lui permettrait pas d’échapper à la réalité de la situation. Il allait le forcer à dire les choses, comme à chaque fois. Il ne jouerait pas avec lui avant et il n’accepterait rien d’autres que de la docilité. S’il lui parlait mal, s’il criait ou l’envoyait sur les roses, il n’obtiendrait rien de ce dont il avait besoin. Alors Faëldin devait prendre sur lui et répondre sincèrement.

- … oui.
- Tu sais, je crois que je fais une erreur avec toi. A chaque fois la même erreur. C’est ton visage il faut dire, quand on finit la séance, tu as l’air si bien… si comblé… et je fais une erreur d’égo en croyant que tu vas mieux. Mais tu ne vas pas mieux, n’est-ce pas ?
- … non, avoua Faëldin d’une voix un peu creuse.
- J’aimerais que tu ailles mieux et je pense que ce ne sera possible que si tu t’abandonnes vraiment.

Le petit elfe frémit, il entendait le désir de possession dans la voix de l’autre.

- Je m’abandonne à chaque fois… protesta-t-il pour la forme, en sachant pertinemment que c’était faux malgré tout.
- Oui… un petit abandon de l’instant quand tu n’en peux plus et tu ramènes ton petit sac avec de quoi te recomposer un masque avant de rentrer chez toi et de… Quoi ? Te maudire ?

Faëldin grimaça. Ce mâle le connaissait vraiment trop bien ! Peut-être devrait-il chercher quelqu’un d’autre ? Quelqu’un de plus naïf ? Qui pourrait lui apporter le soulagement immédiat nécessaire sans pour autant comprendre qui il était au fond.

- Faëldin…

La voix sombre de Nekall le fit sursauter et chassa toutes ses pensées.

- J’ai vraiment envie de faire cette séance avec toi, mais il est hors de question que je continue à faire la même bêtise.

Un silence plana entre eux. Le plus petit était stupéfait et il finit par bredouiller :

- Tu refuses de… de t’occuper de moi ?
- Non. Non… Si on fait cette séance, je te ferai plonger plus profondément que jamais, je te ferais dépasser tes limites, je te forcerai à admettre et à réclamer pour en avoir plus… jusqu’à briser cette foutue fierté mal placée qui te blesse. Puis je te marquerai et je ne te rendrais jamais ta liberté parce que ce n’est pas de liberté dont tu as besoin. Tu as besoin que je te prenne en main et je suis prêt à le faire.

Faëldin frissonna, un long courant de pure excitation parcourue son corps car ce n’étaient pas des mots en l’air, Nekall ne jouait pas.

- Je serais ton partenaire exclusif ? osa-t-il demander d’une voix très basse.
- Non, tu ne négocies pas avec moi. Tu peux juste accepter ou refuser ce que je t’offre et ce que je te prends.

Lui et sa foutue fierté mal placée comme disait Nekall allait échouer à s’offrir pensa-t-il en fermant les yeux, douloureusement. La simple idée que l’autre elfe fasse demi-tour et l’abandonne à son désarroi provoqua un sentiment de peur panique assez fort pour lui couper la respiration. Il passait son temps à tout gâcher ! Il n’était jamais qui il fallait être… il n’était jamais heureux sauf à la fin de ces fameuses séances que visiblement Nekall trouvait loupée. Ce mâle était son seul soulagement et il allait le perdre juste par fierté ? Ses mains se mirent à trembler et fit de son mieux pour le cacher en glissant ses doigts contre le petit sac qui lui parut plus lourd que jamais. La main chaude de Nekall revint sur sa joue, chassant une petite partie de son angoisse. Il avait envie de se frotter contre elle, de s’abandonner à sa chaleur et d’en accepter chaque aspect même les plus rugueux.

- Je n’aime pas l’humiliation… chuchota-t-il encore, de plus en plus honteux.

La main s’éloigna provoquant un manque immédiat.

- Il ne s’agit pas de ce que tu aimes, mais de ce dont tu as besoin. Tu sais ce que je te propose.
- Je voudrais des détails… Je voudrais savoir ! s’exclama Faëldin en relevant les yeux.
- Non, tu voudrais contrôler, maîtriser, décider, gérer… et c’est tout ça qui te rend malheureux. Tu le sais je pense. Je le sais aussi.
- … j’ai peur, avoua-t-il finalement.
- Je te protégerai. Des autres mais aussi de toi-même. Je ne te laisserai plus t’enfoncer comme ça… tu ne le mérites pas. Tu mérites d’être heureux Faëldin… et si ça passe par le fait de te faire rougir les fesses, ça n’en sera que meilleur pour moi.

Un sourire coquin déforma un peu le visage de Nekall, le rendant un peu plus vivant. Ses cheveux sombres, ses yeux noirs et les lignes dures de son visage avaient tendance à lui donner un aspect très sévère. Faëldin s’imagina une seconde ce que ce serait, de s’offrir totalement, d’oublier ses appréhensions, son dégoût pour lui-même et tout le reste pour seulement se donner… pas à n’importe qui, non, il se donnerait à Nekall qui l’utiliserait comme bon lui semblait. L’excitation papillonna dans son ventre car c’était tout ce dont il rêvait secrètement.

- D’accord… murmura-t-il.
- Plus fort.
- Je suis d’accord.
- Tu es d’accord pour quoi ?

Faëldin poussa un gémissement, car rien ne lui serait épargné. Les larmes grimpèrent à ses yeux alors qu’il l’avouait à voix haute.

- Je suis d’accord pour que tu me marques… et que tu fasses ce que tu veux de moi.

Nekall essuya tendrement une larme qui s’accumulait dangereusement le long de ses cils. Gentiment, il lui demanda :

- Tu es d’accord pour souffrir alors ?
- … oui.
- Très bien.

Le grand attrapa le poignet frêle de celui qui deviendrait son compagnon d’ici quelques heures à peine. Il avait préparé soigneusement cette soirée. Il l’avait imaginé dans les moindres détails et l’avait remise en question tout autant de fois. Son objectif était aussi simple que brutal, il allait briser son ami pour mieux le reconstruire. Il allait lui faire du mal. Il allait lui faire du bien et au bout du compte Faëldin serait heureux.

Habituellement, ils grimpaient le long de l’arbre pour rejoindre l’une des chambres discrètes et faire une séance privée. Faëldin aimait se cacher, cacher ses goûts, cacher sa soumission puis repartir et l’oublier. Cette fois-ci, il ne pourrait ni la cacher, ni la fuir, ni l’oublier. Ils restèrent au sol et rejoignirent un endroit très particulier le long des racines. Au fur et à mesure, Faëldin se raidit en comprenant où ils allaient et ce que ça impliquait. Pourtant, il continua d’avancer, mettant sa confiance entre les mains fortes de Nekall même si une partie de lui ruait dans tout les sens, refusant de croire qu’il avait besoin de ça.

L’endroit était rempli d’êtres magiques de différentes communautés des environs. La majorité était nue et occupée à des activités qui auraient supposé, aux yeux de Faëldin, beaucoup plus d’intimité qu’il n’y en avait ici. Alors vraiment, un élan de panique le prit lorsque Nekall commença à le déshabiller, le forçant à montrer son corps et à abandonner toute notion de pudeur. Il avait pensé que le grand elfe prendrait sans doute d’autres amants que lui, mais l’idée qu’il ressente l’envie de le partager ne lui avait même pas traversé l’esprit. Il semblait si possessif.

- Je ne peux pas… chuchota-t-il d’une voix pressante.
- Chut… Ça va aller, répondit tranquillement Nekall tout en abaissant son pantalon, terminant de le dénuder sous les regards des curieux aux sourires lubriques.
- Nekall… je… je ne peux pas… pas comme ça…

Une caresse tendre sur sa tête fut la seule réponse de son ami qui le conduisit jusqu’à une racine précise. Elle était épaisse comme trois elfes et bombée de manière à accueillir n’importe qui dessus pour faciliter un coït anal brutal. Faëldin avait beau protester, il ne résista pas à la pression sur son épaule car une partie de lui, la majorité en réalité avait réellement envie de ce qui était en train de se passer. Il fut même en partie déçu de se retrouver à genoux, protégeant ses petites fesses de toute intrusion pour le moment. Nekall le manipula tranquillement pour amener son visage au-dessus de la racine, puis il prit la liane dédiée à cet effet et la noua de manière à ce qu’elle passe derrière sa nuque, lui interdisant de reculer ou de se relever. C’était la première fois que le petit elfe était soumis à une telle prise et elle le laissa perplexe.

Les mâles qui l’entouraient eux avaient l’air parfaitement au courant de ce qui était fait ou attendu, car un premier s’approcha tranquillement. Il échangea deux mots avec Nekall et se positionna juste devant le visage de Faëldin dont les yeux s’écarquillèrent légèrement. Ce mâle possédait un sexe sombre et énorme, qui tournait légèrement sur le côté droit et dont le gland suintait de désir. La bouche du petit elfe s’entrouvrit un instant avant qu’il ne la ferme précipitamment et n’essaye de reculer, en vain. Il jeta un coup d’œil paniqué à Nekall qui l’observait avec cette sévérité qui le faisait fondre. Il ne lui donna pas la moindre consigne et lorsque le mâle commença à se masturber, Faëldin comprit que c’était parce qu’il n’avait rien à faire. Il était juste censé rester là, face à ce sexe énorme et attendre qu’il lui éjacule dessus. Attendre et accepter. Il gémit de détresse et chercha à se dégager. Comment pouvait-il accepter ça ? Comment pouvait-il accepter d’être ce genre de personne ? Il ne pourrait plus jamais se regarder dans la glace ! Une main tendre se glissa dans ses cheveux, le calmant presque instantanément. C’était la main de son ami et ce fut sa voix qui lui murmura :

- Regarde-le… Regarde son plaisir. Tu n’es là que pour ça, pour lui plaisir. C’est ta place. A genou. A donner du plaisir.

Il ne fallut que quelques allers-retours rapides sur cette verge gonflée pour que le mâle éjacule éclaboussant le visage de Faëldin qui hoqueta de stupeur. C’était chaud, mouillé bien-entendu et assez épais pour ne pas glisser directement même si lentement, il put sentir la semence qui coulissait sur sa peau en une trainée baveuse et dégoutante. Il gémit lorsqu’un autre mâle au sexe court et au gland parfaitement marqué, se présenta à son tour, une main sur son sexe pour se finir sur son visage. La voix basse de Nekall continua à lui expliquer qu’elle était son rôle mais Faëldin avait beaucoup de mal à s’y abandonner. En réalité, lorsque ce second mâle éjacula, il éclata en sanglot, choqué parce qu’une partie de lui aimait sincèrement être soumis de cette manière et parce que Nekall avait parfaitement remarqué son sexe tendu entre ses cuisses trop fines.

- C’est très bien Fa’… C’est très bien…

A l’éjaculation suivante, il ne pleurait plus. Il se sentait un peu perdu, un peu ailleurs. Son visage était trempé. Nekall avait fait signe au mâle pour qu’il vienne se frotter directement contre sa peau, achevant de le barbouiller. L’odeur du sperme était forte dans l’air et l’humiliation intense.

- Lèche tes lèvres, ordonna le grand elfe.

Faëldin hésita un instant, puis glissa sa petite langue rose entre ses lèvres, recueillant sans le vouloir une partie de la semence salée qui s’y accumulait. Il grimaça légèrement et recommença, recueillant le liquide par petite lapée dégoûtée.

- Tu vas ouvrir la bouche et prendre ce que le prochain voudra bien te donner.

Il fallut quelques secondes pour qu’il obéisse, mais il ne protesta pas. Tout le malheur était dans le fait qu’il se sentait de mieux en mieux. Ses pensées parasites, son dégoût de lui-même, sa haine envers ce qu’il était au fond, … tout disparaissait sous la poigne sévère de son ami. Combien de jouissance reçut-il ? Il ne les compta pas. Le sperme s’étala dans sa bouche autant que sur sa peau. Lentement, les premières éjaculations glissèrent jusqu’à son torse nu même si une partie était tombée en gouttes épaisses, juste en-dessous de son menton. Petit à petit, les verges se rapprochèrent, glissèrent dans sa bouche et Nekall exigea de lui qu’il les lèche, qu’il les suce, qu’il les prenne en bouche, … et Faëldin obéit. Il les goutta toutes, savourant leurs différences, respirant un peu mieux avec les plus fines, s’étouffant avec les plus longues, inspirant profondément celles qui ressemblaient le plus au souvenir qu’il avait de la verge de Nekall et rêvant que ce n’était que lui et pas une armée d’inconnu et plus certainement de voisins. Il était perdu dans l’idée de donner du plaisir, de moins en moins conscient de lui-même lorsqu’une petite voix demanda :

- Je suis le premier ?
- Nikko ! Oui. Faëldin, dis bonsoir à Nikko.

Faëldin leva le regard, perdu et croisa celui de son ami et colocataire. Que faisait-il ici ? Il le regardait, couvert de semences, alors le petit elfe remua cherchant à s’éloigner, à fuir la situation et l’humiliation qui avait décoloré violement ses joues, lui offrant une pâleur tout à fait inédite. La main de Nekall se posa sur sa nuque, lui intimant l’immobilité par ce seul geste ferme.

- Dis bonsoir.
- Bon… bonsoir… croassa-t-il.
- C’est bien. Bravo.

Nekall lui caressa la tête comme s’il n’était rien de plus qu’un animal achevant de l’humilier.

- Maintenant… tu vas lui demander de t’accorder l’insigne honneur de le sucer.
- Nekall… chuchota-t-il paniqué.
- Tu vas le faire.

Un gémissement de pur effroi lui échappa car devant la voix sereine de son dominant, Faëldin sut qu’il allait obéir. Pas parce qu’il en avait envie ou parce qu’il avait peur de ce que lui ferait Nekall en cas de désobéissance, mais simplement parce que c’était sa demande. Il allait lui obéir parce qu’il aimait lui obéir. Plusieurs larmes roulèrent hors de ses yeux, invisibles au milieu des souillures qui le recouvrait.

- Je peux… est-ce que je peux… ?
- Non, Faëldin. Je veux l’entendre. Je veux l’entendre en entier.

Devant eux, Nikko attendait, pétrifié. Lorsqu’il avait entendu pour la première fois la proposition de Nekall elle lui avait parut bizarre mais également excitante… et Faëldin n’était bien que durant les quelques jours qui s’écoulaient après une séance avec lui. Le reste du temps, il n’était pas juste grincheux, il semblait dépressif, triste et toujours au bord de la rupture. C’était pour ça qu’il avait accepté mais là, devant son ami agenouillé, il avait du mal à croire que c’était vraiment ça dont il avait besoin, de quelque chose d’aussi extrême que ça. Nekall n’avait rien enjolivé. Il avait dit qu’il le ferait souffrir de manière à ce que Faëldin lâche totalement prise.

- Est-ce que je peux te sucer ? hoqueta-t-il entre deux sanglots.
- Oui… répondit Nikko en chuchotant, écartant son habit de manière à rendre son sexe pleinement accessible.

En un rien de temps, il fut dans la bouche de Faëldin qui le pompa comme si sa vie en dépendait. Son sexe enfla mécaniquement mais il était tellement mal à l’aise que la jouissance se faisait attendre, forçant son ami à redoubler d’effort le long de sa hampe. Sa petite langue venait s’enrouler autour de son gland, glisser le long de son frein puis laper le bout de son méat en une fellation douce. Lentement, l’excitation la plus franche le gagna, lui donnant envie de saisir la tête de son ami pour la faire coulisser franchement le long de son sexe. Il se retint malgré tout. La main de Nekall imposait déjà un rythme qui se fit de plus en plus soutenu et lorsque Nikko craqua, jetant ses reins vers l’avant alors qu’il éjaculait avant force, la main de Nekall poussa vers l’avant, forçant le petit elfe à recevoir la semence directement au fond de sa gorge. Faëldin se révulsa deux fois avant d’abandonner et d’avaler avec précaution le cadeau qui lui était fait.

Après l’avoir finalement libéré, tout contre son oreille, Nekall réclama :

- Qu’est-ce qu’on dit ?
- Merci…
- Merci qui ?
- Merci Nikko… merci Nekall… Merci…

Il attendit un instant une félicitation qui n’arriva pas. Nekall avait fait signe à un autre mâle pour qu’il prenne la place vide dans sa bouche pendant qu’il échangeait quelques mots avec son colocataire comme si de rien n’était. L’humiliation n’en fut que plus criante encore et pourtant, tout en léchant avec application ce sexe bien trop lourd pour sa petite bouche, Faëldin se sentait de mieux en mieux. Il flottait quelque part dans sa tête. Lorsque Nekall lui ordonna de réclamer encore, il le fit sans sourciller, malgré sa mâchoire de plus en plus douloureuse, sa bouche sèche et son état général. Lorsque ce fut Tiny, un autre de ses colocataires, qui se présenta, il parvint à lui demander tranquillement la permission de le sucer comme si c’était quelque chose de normal. Il avala sa semence et le remercia. Au fil de la soirée, chacun de ses amis se présenta de la même manière. Pour chacun il glissa ses lèvres sur leur chair, les embrassa, les cajola et fit de son mieux pour leur donner un plaisir qui les menait inexorablement à la jouissance. Puis, un peu plus tard encore, Haenton se présenta à son tour. C’était le dernier. Il semblait gêné, mais pas par le fait d’être là. Il était gêné par son énorme érection.

- Faëldin… Ton ami est venu te faire un très grand cadeau. Je veux que tu le supplies.

Et le petit elfe obéit sans même y réfléchir, laissant les mots pleins de soumissions sortir de sa bouche, quémandant pour avoir le droit de l’embrasser, le droit de le toucher, le droit de prendre sa virilité en bouche… Il gémit d’envie en voyant de sexe, si lourd, se dévoiler devant lui et se tendit vers l’avant pour le happer un peu plus vite encore. Il se sentait incroyablement bien à présent en s’occupant d’eux. Il ne sursauta pas en sentant les doigts de Nekall descendre dans son dos, se glisser entre ses fesses pour finalement venir palper son anus serré et inutilisé. Faëldin gémit d’envie, faisant vibrer un peu sa gorge et couiner son ami. Tranquillement, le grand elfe travailla ce petit anneau serré pour l’amener à s’ouvrir à lui. Il défit la liane qui bloquait le petit, lui offrant une plus grande amplitude de mouvements. Immédiatement Faëldin en profita pour remuer d’autant plus vite. Il pouvait à présent essayer de le prendre tout au fond de sa gorge et reculer, coulisser le long de ce sexe et revenir avec force juste après avoir embrassé son gland. Il gémissait de plaisir pendant que Nekall le doigtait de plus en plus profondément. Il poussa un petit cri lorsqu’il fut soudainement soulevé pour être posé sur la racine afin de rendre son arrière-train parfaitement accessible. Haenton recula pour l’étouffer un peu moins, surprit par la dureté du mouvement. Nekall glissa deux doigts à l’intérieur du petit corps bouillonnant et tira de manière à l’élargir de force. Son corps suivait le mouvement, obéissant docilement, se cambrant pour s’offrir. Les regards sur lui ne le touchait plus. Il n’y avait plus que les sensations…

Trois claques sèches vinrent cueillirent ses fesses, gratuitement, juste pour le plaisir du grand elfe, puis, sans aucune prévention supplémentaire, il s’enfonça en lui. Son pénis, excité depuis la première minute, trouva enfin le soulagement de sa chaleur. Le corps fin de son ami le pétrissait de toute part, massant sa chair, la malaxant avec tendresse. C’était bon. Nekall recula et s’enfonça un peu plus loin encore, il recommença trois fois pour finalement se poser complètement contre lui. Il resta immobile, profitant juste de la sensation tout en regardant Faëldin qui suçait toujours activement son ami. Lorsqu’il avait choisi ce programme humiliant qui demandait au petit elfe d’abandonner toute sa fierté, il n’avait pas eu de doute qu’il y arrive. Par contre, il n’avait pas pensé que ce spectacle serait si bon à regarder. Haenton était très sensible, il haletait, un peu choqué par les sensations fortes.

- Prend tout Faëldin, ordonna le grand elfe en poussant sur l’arrière de sa tête.

Il y eut un bruit étrange alors que le soumis s’étouffait en essayant d’avaler le sexe de son ami. Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu’il ne puisse les retenir. C’était si lourd, si présent, c’était tellement imposant… à la fois dans sa gorge et à l’arrière de son corps, dans son intimité. Les deux mâles mirent un moment à se coordonner, mais bientôt, ils se déchainèrent sur lui, le transformant en boule de sensations fortes. Il gémissait. Il pleurait. Il en voulait plus. Il en voulait toujours plus. Son propre sexe se contracta et il jouit sans aucune maîtrise. Ça n’arrêta pas ses amis qui ne ralentirent même pas, prenant leur plaisir en lui. Il recueillit leurs jouissances après de longues minutes et les remercia très sincèrement sans attendre que Nekall l’exige et sans espérer la moindre félicitation. Après tout… il n’avait rien fait d’autre que de recevoir un joli cadeau.

Nekall l’enroba d’une couverture et le souleva gentiment contre son torse, l’emmenant avec lui. Il n’allait pas lui permettre de rejoindre la collocation, non, cette fois-ci, la séance ne s’arrêterait pas. Il l’emmènerait chez lui, le nettoierait dans une source chaude, caresserait son corps et le soumettrait encore et encore jusqu’à ce que cela devienne si naturel que Faëldin en aurait oublié tout ses doutes et toutes ses réticences. Ce petit être serait heureux, plus heureux qu’il ne l’était depuis longtemps.

Note : Avec une journée de retard sur la relecture (oups), les mots étaient « grincheux » et « gorge profonde » ! J’espère que ça vous a plu ! N’hésitez pas à me laisser un commentaire :)

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