Bulls eyes

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La ville a-t'elle toujours était aussi grande ? Je pense qu'elle l'a toujours était, Tokyo, Edo, Himiko et moi la traversons à une vitesse folle, grillant les feux et slalomant entre les voitures. Sous mes yeux, les lumières de la ville défilent à toute allure, c'est grisant, si grisant que je fais des rimes sans m'en rendre compte ! S'ajoutant à ce capharnaüm motorisé et aux innombrables enseignes illuminées, des sirènes de polices se mettent à crier. Mais à travers ce labyrinthe de rues et des routes, ils n'ont aucune chance, ma chère Kawasaki file comme une flèche entre les voitures, bordel, c'est fou !

- Eikichi ! Tu m'fais confiance ?

Confiance ? Pour quoi faire ? Je crains le pire, mais bordel, j'ai vraiment pas envie de me soucier de quoi que ce soit dans l'immédiat !

- Fais-moi rêver !

Et c'est là que je la sens bouger derrière moi. D'une main assurée, je la sens se saisir d'un des calibres plongé au fond de son sac, qu'est-ce que tu nous prépare Himiko ? Tu veux flinguer les flics ? Je n'suis pas sûr que ce soit une bonne idée...

- Eikichi, par là-bas, y a un terrain vague, si je me souviens bien, y a un petit étang, guide les par là-bas !

Je comprends mieux, hehe, j'aurais dû me douter qu'elle avait une idée en tête, pardonne moi d'avoir douté de toi. Les pneus crissent, la 750 z dessine un arc sur le bitume et nous empruntons une petite rue dans laquelle, seule une voiture pourrais nous suivre. Ils ne nous lâchent pas. Leurs Lexus LC500 sont bien plus puissantes que ma vieille Kawasaki, mais elle n'est pas aussi maniable. Ils ne peuvent pas passer dans des ruelles comme nous le faisons. Je les entends, ils nous hurlent de nous arrêter, leurs mégaphones me pètent les oreilles. Mais que ce soit leur V8 ou leur mégaphone, ils ne peuvent pas rivaliser avec l'adrénaline qui circule dans mes veines.

Le terrain vague, je le vois, il est juste en face. À la sortie de cette rue, se trouve une route, je la connais, je suis déjà passé devant avec les gars. Une, deux, trois, le trafic est interrompu à cette heure-ci. Il n'y a pas deux solutions. Sur la droite, une glissière de sécurité commence. C'est maintenant ou jamais. Le pneu avant s'engage sur la glissière et la machine se cabre à la manière d'un étalon furieux, bordel, c'est le pied ! Sans surprise, à une telle allure, la bécane décolle, nous survolons les voitures et atterrissons de manière assez rude en plein milieu du terrain vague... Même pour moi, c'était couillu, ils ne pourront pas traverser de suite.

Himiko et moi reprenons notre souffle, cette cascade ne faisait pas partie du plan, mais c'était super excitant ! En-tout-cas pour moi.

- T'es un malade ! J'ai failli me pisser dessus ! Préviens la prochaine fois que tu fais un truc du genre !

- Hehe, je suis un type plein de surprises.

Elle fait la moue, mais pas le temps de jacassé. Les voitures laissent passer les officiers qui reprennent la course, mais c'est échec et mat. Dans un nuage de poussière nous voilà repartis, on aurait pu les semés bien avant. Mais Himiko semblait vraiment vouloir essayer son idée.

- Eikichi ! La pierre, là-bas, fait les passés à côté !

Le terrain n'est pas très grand, mais je maîtrise la machine, je les fais littéralement tourner en bourrique. Alors que nous passons à côté de la fameuse pierre, j'entends un coup de feu, puis des pneus, un crash puis un gros plouf.

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Eikichi faisait des tours autour de la voiture, les enfumant grâce à la poussière du terrain vague, il les guidait jusqu'à cette fameuse pierre. Himiko le laissait faire, se laissant elle aussi guider par les oscillements de la moto. Elle était imperturbable, complètement fixée sur son objectif. Alors que la voiture s'approchait de la pierre, elle prit une grande inspiration puis appuya sur la gâchette. Le bruit était assourdissant. Une explosion de feu s'échappa du canon, et la balle vola en direction de la roche.

Himiko s'était vanté de ses compétences en tir, et si cela pouvait ressembler à de la prétention, elle était loin de la vérité. Une balle de ce calibre aurait dû faire exploser la roche, mais il n'en était rien. Se servant de l'inclinaison de la moto, Himiko trouva l'angle parfait. Loin d'exploser, la pierre fit ricocher la balle qui alla finir sa course dans le moteur de la voiture. Le calibre 357 causa de véritables ravages dans le mécanisme complexe du V8 et rapidement, la Lexus finit sa course dans l'étang.

Himiko, satisfaite, fit tournoyer son revolver, et se prenant pour un personnage de film américain, souffla sur le canon. Comme elle l'avait prévus, il n'y eut pas de mort, pas même le moindre blessé, au pire quelques bleus.

Il ne fallut pas longtemps avant que le chant du moteur de la 750 Z ne se fasse à nouveau entendre. Ils avaient repris la route, à travers les lumières aveuglantes de Tokyo.

Mais les courses-poursuites, ça creuse, à travers les néons de Shinjuku, Eikichi et Himiko ayant semé leurs poursuivants, firent une petite pause dans un petit restaurant de ramen du coin.

- À notre collaboration, aussi efficace sous les draps, que sur la route, SANTE !

Ensemble, ils trinquèrent, à cette nouvelle vie qui se déroulerait à présent au milieu des lumières néons et de la débauche. Eux, qui il y a quelques semaines vivaient une vie de lycéen tout ce qu'il y a de plus normal, se voyaient maintenant engagé dans une quête plus grande qu'eux.

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