Yamata No Orochi

5 minutes de lecture

Le soir même, Himiko était rentrée à Tokyo, elle raconta à ses parents, qu'elle avait demandé à Eikichi de l'emmener voir la baie de Miyazu. Elle, qui, par la faute du zèle de son père et son refus de prendre du repos dans son travail, n'avait jamais pu sortir de Tokyo, désirait enfin, voir autre chose que la ville. Elle lui expliqua également qu'il était actuellement à Ise, chez son père, et qu'il y resterait une année pour l'aider à s'occuper du Temple. La vie reprit son cours doucement pour Himiko.

De leur côté, les garçons furent emmenés dans la préfecture Shimane. La, les attendaient un test qui mettra à l'épreuve leur force physique, mais surtout mentale. Accompagnés par le fameux Vincent, Eikichi et ses amis gravirent le Mont Sentsu, là, les attendais un petit temple, reculer et connu de quelques rares moines ou autres illuminés. Ceux qui avaient eu la chance, ou le malheur de visiter ce temple lui avaient donné le nom de Yomotsu Hirasaka, la connexion entre le monde des vivants, et celui des morts. Vincent lui-même raconta aux jeunes hommes que ce lieu servait encore aujourd'hui de rempart contre les différents esprits qui tenteraient de rejoindre le monde des vivants. Bien sûr, tout cela n'est que pure légende, mais nombreux sont ceux qui ont raconté avoir aperçus des renards et tanuki descendre de cette montagne.

Si le Mont n'était pas particulièrement haut, culminant à mille-cent-quarantes mètre au-dessus du niveau de la mer, le chemin que les jeunes gens empruntaient, peu connus, était particulièrement périlleux. Sur ces terres ou le serpent à huit têtes, fut défait par le dieu des tempêtes, la vie était calme, mais il existait parmis la foret qui recouvrait le pique, un lieu oublier de tous.

Ici, un petit groupe de moine honorant encore aujourd'hui le combat du dieu vit en totale autarcie. Ces moines qui furent nommés Yamata-No-Bozu, ont la réputation d'être en réalité un groupe de Tengu vivant à l'écart du monde des hommes. Cohabitant avec les bêtes peuplant les bois, ces bonzes étranges, férocement opposés à l'idée de modernité, et de technologie, semblent n'avoir jamais vus d'autres époques que l'Ere Edo. Pour ces gens, l'horloge n'a plus fait de tour depuis plus de quatre-cents ans.

L'ascension était longue, cette simple montée repoussa les jeunes hommes jusque dans leurs retranchements, mais malgré la douleur, ils continuèrent d'avancer. Vincent, devant eux, se contenter de les observer, curieux de savoir qui d'entre eux sera le premier à poser les genoux à terre. Quel plaisir de voir qu'aucun d'entre eux ne posait le regard sur la descente derrière eux, concentré sur le sommet de la montagne, sur ce temple qui les attendaient. Les uns comme les autres, ils savaient pertinemment qu'ils ne faisaient face qu'à un test, rien d'autre qu'un exercice avec pour but de s'assurer qu'ils soient dignes de ce qui suivrait. Entre les ravins, les pièges posés là par les moines, les bêtes, et les glissements de terrain, il était difficile d'imaginer ce qui les attendait à la fin de ce supplice, mais l'abandon n'était pas autorisé, pas maintenant.

" Aller les gars ! On avance, le temple n'est plus très loin. Des démons nous attendent en haut ? Très bien ! Qu'ils viennent ! C'est dans le cadavre du serpent, que Susanoo à découvert Kusanagi ! "

Ces mots résonnèrent à travers les arbres, un rugissement tel que les bêtes comme les arbres se mirent à trembler. Les pas des garçons, battaient le rythme à travers les bois, l'été était proche, et comme pour signifier son arrivée, le Hakki Yako faisait son apparition. Le groupe de garçon ressemblait en tout point à la parade nocturne des cent démons, guidé par l'enfant-démon.

Sous leurs yeux, enfin, le voici qu'il se montrait. Un temple Shinto. Il n'était pas grand, mais le bois avait une odeur particulière, et le Tori qui marquait son entrée semblait avoir une aura bien à lui. Ce lieu avait été abandonné des dieux. Cela ne faisait aucun doute. Eikichi avait toujours été un enfant superstitieux, depuis toujours, il honorait les dieux, les respectait, et suivait leurs enseignements, il admirait les traditions, et l'esprit Shinto. Pourtant, au fond de lui, devant les figures de Susanoo, devant les statues taillé dans la pierre, il n'avait jamais rien ressenti d'autres que le désir de combattre. Susanoo, dieu des tempêtes, celui qui avait abattu Yamata-No-Orochi, un adversaire comme celui-ci faisait bouillir le sang du jeune garçon. Et le voilà devant le seul lieu du Japon, que même les dieux semblaient avoir abandonné. L'excitation n'avait jamais été aussi grande.

- Vincent ! Enfoiré ! Qu'est-ce que tu fous là ?! Si tu passes ce Tori, je t'assure que tu ne rentras pas chez toi !

Les voilà, se présentant devant eux, les moines sortirent du temple. Leur simple présence suffit à faire taire le bois, le vent ne soufflait plus, même le bruit de l'eau s'était tu. Pour la première fois, la présence d'Eikichi fut effacée, en un instant, même le garçon que tous avaient admiré jusqu'à présent, ne semblait n'être guère plus qu'un autre adolescent. Ils semblaient gigantesques, comment des Japonais pouvaient, ils faire une taille pareille ? Ce qu'on disait sur eux était vrai ? Des Tengu ? Ils en avaient l'air en tout cas.

- Je ne passerais pas le Tori, mais ces enfants le feront, ils viennent apprendre à vos côtés.

Le plus grand d'entre eux, un géant en tenue de bonze, équipé seulement d'un mâlâ d'une taille hors du commun et d'un éventail de plume se détacha du lot. Il dévisagea longuement les jeunes gens, puis retourna auprès de ses confrères.

- Que veux-tu que je fasse de ces larves ? Ils ne pourraient pas vaincre un cha-

- Affrontez-moi !

Se retournant lentement, le moine vit Eikichi, en position. Prêt au combat, il n'attendait que la venue de son adversaire. Celui-ci éclata de rire, un rire sinistre, mauvais, le rire qu'on attendrait d'un Yokai.

- Parfait ! Viens te battre ! Si tu arrives à me toucher ne serait-ce qu'une fois, vous passerez un an à souffrir ici !

À son tour, le bonze se mit en position. Face à lui, Eikichi crut voir Futabayama, l'un des plus illustres Yokozuna de l'histoire. Il avait conscience qu'il n'emporterait jamais la victoire, mais un coup, une seule frappe devrait être à sa portée !

- Vincent, si tes protégés perdent, toi, tu resteras là.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Le Professeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0