Reparer les betises

7 minutes de lecture

Hier, j'assistais à une scène tout droit sortie d'un manga. Une scène à laquelle j'aurais préféré ne jamais assister, existe-t-il pire chose que de voir son bien-aimé céder à la folie de la sorte ? J'aimerais tant pouvoir lire ses pensées pour savoir ce qu'il s'y passait à cet instant. Pouvoir peut être l'aider. Qu'est-ce que je raconte comme bêtise ? Avant de l'aider lui, je devrais peut-être commencer par m'aider moi-même ? Tant que je n'aurais pas réparé mes propres conneries, impossibles de l'aider.

Akio, prépare toi, j'arrive.

Ce vieux fumier ne vie pas très loin de chez moi, pas beaucoup plus d'un kilomètres. Un tout petit kilomètre que je traverse rapidement. Combien de fois, ai-je pris ce chemin ? C'est drôle, je sais bien ce qui m'attend là-bas. Des explications difficiles, et probablement, la fin d'une amitié qui a duré jusqu'à présent, malgré tout, je ne peux m'empêcher de sourire en passant devant le parc. Je n'arrêtais pas de le défendre quand on jouait ici, ce chouineur qui n'arrêtait pas de se faire embêter par les autres gosses, il avait toujours besoin d'aide. Akio, pourquoi a t'il fallu que tu deviennes celui que tu es aujourd'hui ? Je l'ai vu hier, ton mensonge, celui que tu m'as inventé pour une raison qui m'intrigue. Les autres disent que c'est par amour, pour t'immiscer dans mon lit, est-ce vrai ? Est-ce que pour une raison stupide, tu aurais causé le malheur de ton ami, et le mien ? Je souhaite qu'ils se trompent, je souhaiterais que tu ai menti pour autre chose, pour une raison plus noble. Je souhaite que notre amitié ne se finisse pas dans le sang et la haine...

Il ne me faut pas plus de quinze minutes pour arriver chez toi. Pas de voiture parental, et connaissant bien Akira, je doute qu'il soit ici, il doit sûrement être avec Haru. Ce dernier m'a raconté hier que depuis leur retour de Shimane, ils passaient énormément de temps ensemble. Que ces épreuves avaient fait d'eux qui n'étaient autre fois que de simples amis, de véritables frères. Ça tombe plutôt bien, je doute que cette conversation ne se finisse bien, je souhaite qu'Akira ne m'en veuille pas, tu as toujours été le plus fort de la fratrie, je souhaite que tu comprennes mes actes.

Une longue respiration, et je toque à la porte. À cette porte que j'ai vus un nombre incalculable de fois auparavant, cette porte devant laquelle j'ai ramené Akio couvert de boue et de bleus après s'être fait frapper par les autres... Je me souviendrais longtemps de toi ma grande.

- Akio ! Ouvre, c'est moi !

Dix secondes plus tard, débarque Akio, en caleçon...

- Habille-toi, j'ai pas envie de te voir comme ça, lui dis-je.

Il semble confus. Depuis quand le voir comme ça me dégoûte ? Jusqu'à présent, le voir en maillot de bain ou autres ne m'a jamais gênée. Aujourd'hui pourtant, sa simple présence me faire bouillir le sang. J'aurais souhaité que cette vue me fasse le même effet que de voir Masashi en caleçon... Mais ce n'est pas le cas. Je suppose qu'aujourd'hui, mon cœur s'est déjà habitué à ce qu'il ne soit plus mon petit frère.

- Qu'est-ce qu'il se passe Hime, t'as l'air en colère ?

Ne l'envoie pas chier Himiko. Explique-lui. Il a tout de même le droit à des explications.

- Disons que je suis de mauvaise humeur. Pardonne-moi veux tu ? Tout va bien ?

Ce sourire... Malgré tout mes efforts, il m'énerve. J'ai une telle envie de le claquer.

- Toujours, enfin débarrasser de l'autre gêneur, je suis plus à l'aise.

- L'autre gêneur ? Tu parles de qui ? Je lui réponds, intriguée par cette phrase.

Il ne semble même pas se questionner, sans la moindre hésitation, il me répond. Désinvolte, comme s'il s'agissait d'une évidence.

- Eikichi, qui d'autre ? Depuis qu'il est arrivé, c'est le bordel dans le coin. Content de savoir que tu l'as plaqué.

Pardon ? Depuis leur retour, Akio et moi ne nous sommes pas revus, je ne lui ai pas parlé, ni ne suis sortie de chez moi, et vu le coup qu'il lui a fait, je doute qu'Eikichi n'accepte de lui parler. Comment il peut savoir qu'Eikichi et moi sommes... Plus tout à fait comme je le voud-... Comme avant ? Il s'en serait douté grâce à ce qu'il m'a dit avant qu'ils ne reviennent ? Haru est un gars loyal, il ne lui aurait rien dit, et les autres pareils, Akira peut-être ? Ça me surprendrait. Quand Akio est revenu, Akira était encore là-bas. Je suppose qu'il a dû préférer rester avec les gars qu'avec Akio... Si même son frere s'éloigne de lui... Alors, Yokko et les autres auraient raison, il aurait menti pour une raison aussi égoïste ?

- Qu'est-ce que tu racontes comme connerie ?

Ma réponse sèche semble le surprendre, il observe à droite, à gauche, comme s'il cherchait à retrouver le chemin de ses pensées. Où chercher un échappatoire.

- T'as pas remarqué ? Avant qu'il n'arrive, c'était calme, puis c'est devenu le bordel. Les pauvres geeks se faisaient maltraiter, il se battait souvent, tu t'es retrouvée en cavale avec lui pour retrouver son frère, et nous, on a fini perdu au milieu d'une montagne pour suivre un entraînement débile qui ne m'a rien apporté de plus que des courbatures. Tu veux que j'te dise ? J'ai passé de- un an là-bas, aujourd'hui, j'ai déjà tout perdu. Retour à la case départ, ce n'est pas faute d'en avoir chié. Et puis faire en sorte de garder le groupe droit et éviter qu'il ne s'effrite, c'était pas évident. Et aujourd'hui, même mon frère traîne plus avec eux qu'avec moi. Au final, y a plus que toi et moi, mais franchement, est ce que c'est pas mieux comme ça ?

Je suis vraiment conne. Ce que je peux me haïr parfois.

- Qu'est-ce que tu entends par là ?

Il approche, beaucoup trop. Sa main droite cherchant mon visage, la gauche mes hanches.

- J'entends qu'à deux, on serait bien plus heureux.

Avant que ses mains ne m'atteignent, et que ses lèvres ne s'approchent trop, mon corps réagis de lui-même.

- Un millimètre de plus et tu finis comme Kakyoin.

Enfin. Le voilà qui recule. Un peu force. Une dame doit toujours avoir de quoi se défendre. Et je garde encore et toujours ce cadeau qu'il m'avait offert. Il était nul pour les cadeaux... Mais je chérirais ce petit couteau qu'il avait fait faire pour moi.

" Les sabres c'est interdit, pareil pour les flingues, mais si jamais on doit être séparé, je veux être sûr que tu sois en sécurité. "

Mon nom y est gravé. À la base de la lame, et courant sur celle-ci comme un ciel de printemps, des fleurs de cerisier. Ce n'est pas un cadeau à offrir à une fille... Mais cette petite chose est probablement le plus beau cadeau qu'on m'ait fait... Avec la figurine de Jupiter.
Cette lame sous le cou, Akio déstabilise mets de la distance entre nous. Mais la surprise se change rapidement en colère et en haine.
- Himiko... Tu ne me laisses pas le choix. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour toi, et moi, mais il semblerait que je n'aie d'autres choix que d'employer la manière forte.
Yokko, pardonne moi d'avoir douté de ta parole.
- Je suis désolé Akio, mais tu ne peux pas l'emporter contre moi. Tu es si faible. Il t'a suffi d'un mois pour réduire deux ans de labeurs à néant... C'est triste.
Énervé, Akio se jette sur moi. La haine dans le regard, il est semblable à un de ces déments ayant abandonné toute possibilité de retour en arrière. Sans la moindre maîtrise, sans la moindre force, cet état est affligeant. Je t'ai aimé comme un frère, pourquoi fallait-il que tu me fasses te mépriser ? Pourquoi es-tu devenu si misérable ?
Un éclair d'argent traverse la pièce, et le bruit du sang se fait entendre sur le sol... J'ai vraiment perdu la main en a peine un mois ? Et dire que j'ose le mépriser pour son état. Au final, le mien n'est pas meilleur. Quelle honte.
Avant même qu'il n'entame sa chute, ses membres s'écrasent au sol. Rapidement suivis par le reste de son corps. Il lui faut bien deux secondes avant de comprendre et de hurler de douleur. Un hurlement qui ne tardera pas à alerter le voisinage.
Lamentable. Tu n'as jamais été un homme a mes yeux, tu étais ce petit frère plein de vie qui parle fort... Aujourd'hui, tu n'es même plus un humain. Tu rampais déjà à l'époque, je suppose que je ne m'en rends compte qu'aujourd'hui. Pardonne-moi Akio, mais voilà le résultat de tes actes.
- Un jour, tu seras mienne Himiko ! Que tu le veuilles ou non !
Un pauvre être rendu fou. Voilà ce que tu es devenu. Je suppose que c'est le destin.
- Pardonne-moi Akio, mais tu ne présentes aucun intérêt pour moi. Tu n'es pas tout à fait un animal, les chiens sont loyaux, mais tu n'es plus tout à fait un homme, car tu n'en as pas la force. Je suis désolé que tout cela se passe comme ça. J'aurais aimé qu'on puisse continuer à faire les cons à la maison, mais tu en as décidé autrement. Nos actes ont des conséquences. Voilà les conséquences des tiennes.
Il va falloir que je passe un coup de fil à Vincent, il est grand temps que La Dame reprenne du service. Eikichi a besoin de moi, et dans mon état, je doute de lui être d'une grande utilité. Himiko ma belle, il est de revenir sur le devant de la scène... Mais d'abord, vas te débarbouiller, tu ne ressembles à rien en ce moment... Et change ce jogging. Sortir en jogging et t-shirt, quelle honte. Heureusement qu'il ne te voit pas comme ça. Eikichi serait déçus, et Vincent se moquerait de toi pendant des semaines... Il est temps de renfiler ta robe de bal.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Le Professeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0