Des réponses

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- Excusez-moi monsieur, personne n'est autorisé à entrer ici, cet endroit est une propriété privée de Monsieur Duran, je vais vous demander de passer votre chemin.
Prévisible. Vincent ne veut pas être suivi, ou même qu'on s'intéresse à lui, de près ou de loin, pardonne moi, je t'ai qualifié de coq, tu serais plus proche d'un renard. Le coq est bruyant, il se fait connaître, fière, il est le maître de la basse-cour. Toi, tu es plus furtif, sournois, tu frappes là ou ça fait mal, sans pour autant te salir les mains. Franchement, si tu n'étais pas celui qui m'empêche de voir mon frère, j'aurais presque de l'admiration pour toi. Pas du respect, car tes méthodes sont lâches, mais une forme d'admiration sans aucun doute.
- Kimura, du nouveau au niveau des gars ? Ou ils sont ?
Un instant de silence, puis un sourire, et un bruit. Un seul, puissant, puis un autre, et encore un autre. Ces foutus Zok'*, il faut toujours qu'ils fassent une entrée bordélique... C'est pas pour me déplaire cela dit.
- Les voilà, Boss.
Le pauvre homme, on dirait qu'il a vu un fantôme.
- Dis, mec, ça t'emmerde si on rentre ? J'aime pas attendre dehors, ça me saoule vite.
Tu refuses ? Évidemment, tu fais ton travail après tout... Pardonne-moi, mais je n'ai pas le temps d'attendre en revanche.
- Je m'en occupe, Boss Eikichi.
Si ça lui fait plaisir. Pourquoi pas ? Elle veut sûrement tester son nouveau jouet.
Et quel jouet. Elle a de sacrées jambes, il faut bien l'admettre, musclé, fines, et longues ! Si elle avait vécu une vie normale, tous les garçons de son lycée baveraient devant elle. Et à la place, la voilà, ses si jolies jambes qui se contractent pour offrir une frappe qui assommerait même le plus costaud des hommes, puis, le mécanisme s'enclenche.
Tout va très vite à partir de là. Une explosion retentit, boum, et un corps traverse le portail, inconscient. Cette machine est fabuleuse. Elle a de la force dans les jambes, mais ce truc, elle pourrait assommé un taureau avec. Dans ce genre de moments, je suis heureux de la savoir de mon côté.
- Ok les gars ! Foutez-moi l'bordel ici ! Kimura, Kyokko, avec moi !

                      ***

Le lieu de retraite de Duran était devenu un véritable champ de bataille. Les hommes d'Eikichi comme ceux de Duran se faisaient la guerre.

Et tandis que le jeune homme traversait la cours, accompagné de ses deux lieutenants, fier, le torse bombé, un sourire aux lèvres. Son long manteau noir fouettait l'air à chacun de ses pas, lourds et puissant, si autour de lui. Le chaos régnait autour de lui, et pourtant, au milieu des cris et des coups, on ne semblait qu'entendre sa respiration, et ses chaussures qui battaient le sol.

- Eikichi, je me doutais bien que tu me retrouverais, je ne t'attendais en revanche pas aussi... Belliqueux, je dois bien l'admettre... Mettre un tel bazar dans mon foyer, tu manques toujours autant de manières.

Son ton, sa diction, Vincent avait ce don unique qui était de faire bouillir le sang d'Eikichi à une vitesse folle.

- Où est mon frère, Vincent ? Si j'ai bossé pour toi, c'est pour ça, tu vas me dire où il se trouve, sinon je jure de t'écraser le crâne contre les pavés de ton " foyer ".

- Je n'ai jamais eu l'intention de le cacher, mais il me fallait du tout... Ou plutôt, il lui fallait du temps. Mais je suis certain qu'en regardant la date, tu pourras très vite comprendre où se trouvera ton frère dans les prochains jours.

" La date ? ", pensait Eikichi, pourquoi lui parlait il de date maintenant ? Sa curiosité piquée, il jeta un rapide coup d'œil à son téléphone.

Dans quatre jours, il devrait se rendre à Ise, pour l'anniversaire de sa mère. Il s'en voulait de ne pas s'y être rendu ces trois dernières années, il était hors de question de rater celui-ci.

- On se casse, j'en ai assez entendu, j'ai ce que je suis venu chercher.

Alors qu'Eikichi, suivit de ses deux lieutenants s'apprêtait à faire demi-tour, il fut interrompu par le Français.

- Je ne suis pas sûr que partir maintenant est une bonne idée, jeune homme. Tu as encore bien des choses à faire ici. Entre autres, m'écouter. Tu peux partir, mais il y a des choses que tu dois savoir si tu comptes revoir ton frère. Les choses ont bien changé Eikichi, si tu vas le voir, simplement pour le voir, pour t'assurer qu'il soit en bonne santé, tu peux bien attendre encore un peu. Il va bien, mais il ne doit être dérangé sous aucun prétexte, en tout cas, pas pour une chose aussi futile que " savoir comment il va ".

Son ton avait changé, il n'était plus le Vincent moqueur et hautain. Pour la première fois, il semblait extrêmement sérieux, comme si quelque chose lui pesait.

" Il sait des choses ", pensait Eikichi.

- On fait quoi, Boss Eikichi ? Vous ne voulez pas qu'on aille trouver votre frère ?

- Parle ! Qu'est-ce que tu m'racontes maintenant ? Qu'est-ce que c'est ces conneries de n'pas l'déranger ou j'sais pas trop quoi ? Qu'est-ce qu'il fait ?

Un léger sourire se dessinait sur les lèvres de Vincent qui vint tendre une main vers Eikichi et ses camarades.

- Il sauve son pays, et les siens.

Cette phrase semblait si ridicule qu'Eikichi fut pris de court.

" Qu'est-ce qu'il raconte ce débile ? Se dit-il. Sauver son pays ? De quoi ? Des types qui font des genres de robot-humains bizarre ? Ce type est sérieusement atteint. "

- Pardonnez-moi Boss Kudo, si je puis me le permettre, sauver son pays ? Quand on rejoint la mafia, le but est rarement aussi noble que cela.

Kimura marquait un point, peu de gens ici connaissaient mieux ce milieu que lui, mais pour cette fois, quelque chose lui échappait.

- Mon Cher Monsieur, vous semblez être quelqu'un de sage, plus vieux que moi de bien des années, mais il vous manque quelque chose de crucial dans le contexte. Ou plutôt, devrais-je dire, vous possédez quelque chose qui vous empêche de voir le tableau qui se dessine devant vous. Pendant que nos hommes se battent, pendant que nous, nous battons. Des forces qui nous dépassent ont commencée à se mouvoir dans l'ombre. Des puissances qui savent des choses que nous ignorons. Vous, mon cher monsieur, en avait trop vu, vous êtes trop... Âgés, pour imaginer ce que je m'apprête à annoncer à Eikichi, mes hommes, les vôtres, et vous-même. Le monde n'est pas du tout, ce que vous pensez qu'il est.

Kimura était piqué dans sa fierté, mais il ne le fit pas savoir, par respect pour son Boss qui lui, était toute ouï.

- Arrête de tourner autour du pot. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Qu'est-ce qui arrive à mon grand-frère ?

La réponse devrait attendre. Sans tarder, Vincent fit demi-tour, et disparut dans l'ombre de la porte de la demeure. La, assis sur un fauteuil qui faisait face à la fenêtre, il soupirait, cette ouverture vers l'extérieur donné sur un cerisier qui commençait à faire voir ses bourgeons.

- Tu sais, quand je vois ce genre de choses, je ne peux m'empêcher de trouver ton pays magnifique. Bien sûr, si le choix m'était donné, je préférerais retourner vivre dans ma belle France et y passer mes vieux jours. Malheureusement, l'Europe est déjà morte, et nos ennemis avancent petit à petit... Mon beau pays n'est plus, alors, autant aimer celui-ci autant que possible, tu ne penses pas ?

" Qu'est-ce qu'il me raconte c'lui-là maintenant ? J'en ai rien à foutre de tes bêtises moi !". Eikichi perdait patience, plus le temps passait, plus les mystères s'accumulaient, et plus il avait l'impression que Vincent tentait de l'embrouiller. Le jeune commençait à voir rouge.

- T'es sérieusement en train de me gonfler Vincent, balance c'que t'as à dire sinon je m'occuperais moi-même de t'arracher les mots de la bouche.

" Tu n'as toujours pas appris la patience à ce que je vois... Dit Vincent dans un soupir. Enfin, de toute façons, foutu pour foutu. Tu as vu ce qui se cachait dans les profondeurs du Mont Sentsu, n'est ce pas ? Penses-tu réellement que le Japon sois la seule nation à posséder une de ces armes ? Les légendes ne sont jamais que de vieilles histoire, mon jeune ami. Ici, c'est Yamata No Orochi, au large des Piliers d'Héraclès, c'est une cité entière cachée sous les vagues, et j'en passe. Nous autres, humains, pensons être les seigneurs de ce monde, il n'en est rien. Nous ne sommes que des pantins. En Occident, des forces, qui nous dépassent se font la guerre, ils ont placé leurs pions, et se préparent à commencer la partie. La chance qu'a ce pays est d'être encore très proche de sa culture et de ses vieilles croyances, cela vous offre une forme de connaissance de l'occulte. De ces choses que les Occidentaux ont abandonnées, ou plutôt, que le petit peuple a abandonné. Les élites de ces pays, eux, ont bien compris, ils savent ce qu'il se passe. Il y a peu, un nouveau temple a été découvert, par une simple personne, un homme sans réelle histoire, dans les Hautes-Pyrénées. Mon jeune ami, ces gens, ceux qui dirigent mon pays et l'Occident, ne sont pas de simples personnes comme toi et moi, ils sont plus que tout ça. Ils ont abandonné leur humanité, et avec elle, leurs peuples. Le pouvoir appelle le pouvoir, et ces gens en ont découvert un bien plus grand que ce que celui que tu penses posséder, enfouis au plus profond d'anciens écrits. Les mythes retrouvent la vie, Eikichi, sous les ondées, l'Île d'Atlas recommence à faire des vagues, le Porteur de Lumière est en route, le Serpent à huit têtes n'a jamais autant remué, s'en est au point où il faut deux Peintres pour le tenir en place. La Pierre Philosophale est proche, et le Lion s'apprête à dévorer le Soleil, l'Or, Eikichi, la grande quête, n'est pas simplement celle du métal précieux, elle va bien plus profond que cela. Il ne s'agit pas de simples richesses. Il s'agit de tout autre chose. De l'évolution de l'humain. Mais pour cela, nous, le peuple, devons disparaître, il ne resterait, de la population mondiale, que cinq-cents millions d'individus, tous portant la marque de la bête. Pour survivre, il nous faut un Lion, nous possédons déjà le Soleil, il ne nous manque plus que la bête qui le purifiera... Par chance, il semblerait que cet être se profile à l'horizon... Mais avant tout ça, je dois m'assurer que ce soleil, brille assez fort pour illuminé la voix... Himiko, Haru, venez saluer nos invités. "

* Zok' : Abréger pour Bosozoku, des voyous typiquement Japonais, à moto.

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