Quel enfer.

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- Le temps est écoulé. Eikichi est perd-.. Dis Vincent; rapidement d'être interrompu par Kentaro.

Kentaro Kudo, resté silencieux jusqu'à présent, prends enfin la parole, s'interposant face à son ami de longue date.

- Vincent, mon ami, tu sous-estimes mon frère, notre sang.

Le silence régna quelques instants, jusqu'à ce qu'enfin, le français vint le briser.

- Kentaro... Je comprends que tu ai foi en ton frère, je sais l'amour que tu nourris pour lui, mais il s'agit de la Mort. Vingt-quatre heures sont passées, la partie est terminée... Je suis désolé, mais il est perdu.

Pas de réponse, le grand-frère se tourna vers Kyoko, la demoiselle, les larmes aux yeux s'accrochaient au corps inerte de son bien-aimé.

- Dites-moi, son corps, il vit encore n'est-ce pas ? Ses blessures se sont fermées depuis un moment maintenant, mais son cœur, bat-il encore ? Est-ce qu'il respire encore ?

Un instant, quelques mots, c'est tout le temps qui fut nécessaire à Kyoko pour reprendre ses esprits puis, d'enfin vérifier ses constantes vitales.

- Il... On dirait qu'il est dans le coma... Il est en vie, mais il respire faiblement, son cœur aussi semble être au ralenti, comme s'il cherchait à économiser des forces. Boss...

Si Kyoko semblait malgré tout, inquiète, Kentaro, lui, affichait un large sourire.

- Vincent, vous tous, mes amis, ne pleurez pas la mort de mon frère, car elle n'est qu'une illusion. De tous les hommes, il n'en est aucun qui ne puisse lui prendre la vie de mon petit-frère. Notre mère, Akari Kudo, était la détentrice du plus puissant Kotodama que le monde mortel ai connu, et si malheureusement, je n'en ai pas hérité, mon frère, lui, en est le parfait produit. Voyez-vous, cette puissance mystique peut prendre bien des formes. Notre mère avait la capacité de plié la réalité à volonté d'un claquement de langue. J'ignore ce qui la retient dans le monde des morts, mais si elle s'y trouve encore, sachez que ce n'est que parce qu'elle le désire. Ceci dit, j'imagine mal mon frère désirer résider chez les morts. Chez ce jeune homme, cette flamme brûle avec une ardeur assez grande pour illuminé même le royaume d'en dessous. Chez lui, elle est encore inconsciente, effaçant la fatigue, les blessures, pliant la douleur, obligeant son corps à lui obéir. Plus la volonté du porteur est grande, plus le Kotodama sera puissant. Je ne connais aucun homme aussi dur de tête qu'Eikichi. Il s'opposera aux dieux si cela s'avère être nécessaire pour nous rejoindre. Gardez la foi.

****

- Il est temps pour toi de traverser les portes, Eikichi, retourne parmi les tiens, retrouve les mortels.

Se tenant devant la sortie, aussi raide qu'une pique, se faisant violence pour ne pas se retourner et enlacer sa mère, Eikichi posa ses mains sur les portes qu'il poussa lentement. L'odeur qui s'échappait de l'ouverture était puissante, du soufre, une odeur de brûlé, de chair carbonisée. Cela n'annonçait rien de bon. Alors qu'il allait faire un pas en arrière, un vent puissant happa le jeune homme et le voici propulsé dans l'ouverture de la porte, disparaissant dans les ténèbres et le souffre.

Au-dessus de la porte, une inscription apparut : « Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate » .

Un être étrange prit la place du jeune homme, et ferma les portes.

- Izanami, ma vieille amie ! Cela faisait bien longtemps ! Vous autorisez les mortels à quitter votre monde maintenant ? Par chance, je suis arrivé à temps, échanger ces portes est du facilité incroyable.

Une chevelure blonde légèrement désordonnée, un sourire montant d'une oreille à l'autre, une peau d'albâtre, et par-dessus tout, une auréole brisée flottant au-dessus de cet étrange être d'une beauté envoûtante.

- Lucifer ! Qu'a tu fait de mon fils ? ! Qui t'a permis de jouer avec les portes ? ! Où est-il ?

Un léger rire s'éleva parmi les murs du manoir d'Izanami, quelques pas sur le bois pourris et le craquement distinct de la chair d'une pomme dans laquelle l'ange déchu vint prendre une bouchée.

- Le monde des mortels est d'un ennui... Mortel, ces derniers temps. Mes pions sont en position et dire que j'ai gagné la guerre ne serait pas exagéré. J'ai beau réfléchir, il n'y a rien que mon père, vous, ou même les deux autres rabat-joie de l'hémisphère sud puissent faire contre moi. Ceci dit, ce gamin à l'air amusant. Et puis, il s'est allié à mon fils rebel, ce n'est pas rien non plus. Je veux voir comment il se débrouille sur mes terres, jusqu'à présent, il n'est jamais sorti de sa zone de confort, le monde des mortels, et ici, au final, c'est chez lui. Je veux le voir se débattre, hurler de douleur, chez moi, un monde dont il ignore tout. Ça m'a l'air plus amusant. Ainsi, je vous l'emprunte... De toute manière, il n'y a pas grand-chose que vous puissiez y faire. Ma puissance actuelle dépasse de loin, celle de " Dieu ", mes fidèles sont plus nombreux et dirigent le monde. Nous sommes en pleins dans le second millénaire. Les portes s'ouvriront bientôt, Saint-Jean l'avait prédit. Il ne me reste plus qu'à m'amuser en attendant. Bien, a bientôt !

Avant que les dames n'aient le temps de l'interpeller, l'ange disparus dans une gerbe de flammes, ne laissant derrière lui qu'un trognon de pomme, et un serpent.

****


Bon... Où est-ce que j'ai encore atterris moi ? Ça commence à devenir une habitude de me retrouver dans des coins comme ça.
- Tiens ! Un mortel ! Ça faisait un bail ! Comment tu t'appelles ?
Se faire accueillir par des gars bizarres aussi. J'ai une impression de déjà vu.
- Eikichi Kudo, t'es qui, toi ?
Une gonzesse ? Un démon ? Des cornes pointues sur le haut du crâne, des ailes dans le dos, une queue pointue... Ouais, pas d'doute... Par contre, pourquoi une casquette, un gros hoodie, un baggy. Pourquoi j'ai l'impression que ce démon vient de le côté ouest des années quatre-vingt à quatre-vingt-dix ?
- Karen, j'suis l'démon du dès. Alors garçons, tu t'es paumé ? Bien'vnue en enfer, t'est là pour l'éternité.
Pourquoi elle fait des rimes ?
- J'crois qu'on s'est mal compris, j'me casse, aucune chance pour que j'reste ici, l'enfer, qu'est-c'tu veux qu'ça m'fasse ?
Pourquoi j'fais des rimes ? !
- Hey ! Pas mal mec ! C'était solide ! T'es un bon mec ! Le dernier, à faire ça, c'était Euripide, ça m'horripile, alors qu'est-ce tu fous là, tu veux rentrer chez toi ?
En vrai, c'est pas mal c'te manière d's exprimer, ça m'fait marrer, sympa l'démon du dès.
- T'as pigé, mes potes m'attendent, j'ai pas d'tente et j'veux pas les faire glander, faut qu'j'trouve la sortie, j'compte sur toi, ici, j'ai pas d'toit, faut qu'j'me casse d'ici.
Par contre vraiment, ce sourire n'est pas humain ! Ça fait sens c'la dit.
- J't'aime bien l'humain, prends ma main, on va passer un marché, j't'aide à t'barrer, et toi, tu m'sors de là, j'en ai marre d'ce monde de flamme et de cris, j'veux monter sur scène avec mon rap et les textes que j'écris.
Sérieux ? Un démon qui veut s'barrer de l'enfer pour faire du rap ? C'a l'mérite d'être marrant. Pourquoi pas ?
- Ça m'va, toi et moi, on s'casse de là, on va faire une équipe d'enfer, bientôt tu s'ras sur scène, faut pas t'en faire.
Son truc est contagieux, vraiment...
- On a un marché ! C'est bien beau, mais faut bouger, t'es au neuvième anneau, faut pas squatter, on s'casse avec d'tomber sur l'Seigneur Asmoday !
Seigneur Asmoday ? Neuvième anneau ? J'pige que dalle, c't'Enfer, ça doit être celui des types d'Europe, j'savais pas qu'ça existait vraiment, les dieux sont compliqué.
- Du coup, on fait comment ? Parc'qu'à part faire des rimes, on fout rien pour le moment.
J'me mets à faire rimes inconsciemment maintenant.
- Suis-moi, j'connais l'chemin pour l'cercle supérieur, j'viens pas du coin moi, j'viens d'clui tenu par Lucifer, faut juste pas attendre, parc'qu'Asmoday, c'est pas un tendre.
Asmoday, ça fait deux fois qu'elle en parle, j'sais pas qui c'est moi !
- C'est qui c't'Asmoday dont t'as l'air d'avoir peur ? Ça a l'air d'être un sacré salopard.
Elle m'a pas l'air de blagué cette fois, c'regard en dit beaucoup sur l'genre de gonze qu'on a en face.
- T'as pas idée. En enfer, il y a sept seigneurs. Belphegor qui représente la paresse, Satan, la colère, Beelzebub, la gourmandise, Leviathan, l'envie, Asmoday, la luxure, Mammon, la cupidité, et tout au-dessus, le Seigneur des Seigneurs, Roy parmi les Roy, Lucifer, l'orgueil, l'ange déchu. Ici, tu es aux prises avec Asmoday, le seigneur de la luxure, ses désirs pervers sont plus profonds que la simple envie de la chaire. Si tu veux t'arracher aux enfer, il faudra échapper aux sept seigneurs des enfers. Par chance, je suis là pour te guid-...
Une voix résonne, une voix puissante, étrange, distordue, c'est lui ? Le seigneur Asmoday ?
" Mes amis ! Démons de tout horizon ! Diablotins, succubes , cérbères, anges déchus, simples pécheurs ! Aujourd'hui, dans son infinie bonté, notre Maitre, Venus Lucifer Ophosphoros nous a offert un nouveau jouet ! Pour la première fois depuis des éons, voilà une âme mortelle qui se joint à nous ! En tant que Seigneur du neuvième cercle, je vous propose un jeu. Attrapez celui que les mortels nomment Eikichi Kudo, ramenez moi le " vivant , et recevez votre récompense ! Si vous souhaitez rejoindre mon manoir, passez l'éternité dans le luxe et le stupre, vous savez quoi faire ! Mes chers, il ne vous reste plus qu'une chose à faire ! Que la chance, commence ! "
Et merde...
- Mec, faut courir, ça pue ! Du temps y en a plus, suis moi si tu ne veux pas mourir !
Neufs anneaux comme ça ? Ça risque d'être long... Putain, les gars, attendez moi, j'en ai pour un moment, mais j'vais essayer de me depecher ! Tout ça à cause d'une erreur de porte, quel enfer... J'ai pas d'temps à perdre ici moi !
J'avais pas prévu de me taper un marathon en enfer, on s'croirait à Okinawa en été, j'crève de chaud moi ici !
- Bordel, ils peuvent pas mettre la clim ? ! On étouffe ! Si j'dois cavaler comme ça pendant longtemps, vas falloir que j'choppe une bouteille d'eau !
Maint'nant qu'j'y pense... Pourquoi j'ai chaud ? J'suis pas censé être mort ? Bizarre.

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