Chapitre 29 Ma maison
« Vous êtes ma demeure, ô mon Roi.
Sans vous, je suis sans racine, une fleur esseulée, ballottée par les vents et les tempêtes, au gré du temps.
J’ai cru pouvoir renier mon passé, renier que vous m’avez sauvée, renier que j’ai besoin de vous pour exister, pour être heureuse.
Loin de vous, le bonheur a disparu. J’ai cru pouvoir remplir le vide de votre absence de vaine humanité. Je ne me suis que sentie plus vide, tandis que le temps passait.
Bientôt, vous serez de retour dans mon âme, prête à accueillir le seul ami qui ne la trahira jamais. »
J’ai retourné la photographie, au dos de laquelle ces mots avaient été notés d’une main tremblante, à l’encre noire, pâlie par le temps.
Une jeune femme au sourire éclatant de bonheur s’y tenait debout, vêtue d’une magnifique robe blanche, souriant à l’objectif.
Je reconnus le sourire de ma mère dans le sien, et le nez de mon grand-père.
« Tante Marthe… », murmurai-je avec douceur.
Son long voile blanc couvrait ses cheveux, et ses yeux étaient pleins d’un amour surnaturel.
Une date, notée au crayon de papier au bas de l’image, disait :
« Jour de ses vœux perpétuels, 8/09/20XX ».
C’était l’écriture de ma mère. Le mot jour avait un peu bavé, comme si elle avait laissé couler une larme, ce jour-là, où sa sœur renonçait au monde pour intégrer la clôture du Carmel.
J’ai rejoint cette dernière dans la cuisine.
« Tu as fini ton rangement, ma chérie ? »
Je lui ai tendu la photo en silence. Elle l’a saisie avec révérence.
« Elle est magnifique, n’est-ce pas ? »
J’ai souri.
« Oui, maman. »
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