Le jour de ses 21 ans, Ely reçut en héritage un miroir brisé, accompagné d’un seul mot gravé à l’arrière : « Regarde. »

Ce soir-là, quand elle osa enfin le faire…
Quelque chose la regarda aussi.

Ely avait renoncé à se regarder dans un miroir depuis qu’elle avait commencé à souffrir d’anorexie. Peu importe combien elle s’affamait, jamais son image ne lui convenait.

Depuis qu’elle vivait seule, ses yeux n’avaient plus jamais croisé leur reflet dans la glace.

Pourtant, à l’instant où elle croisa ses yeux verts dans les différents éclats du miroir de sa grand-mère, un flot de souvenirs la submergea.

Éliane, regarde-moi.

Oui, Mamie ?

Comment me trouves-tu ?

Tu es belle, Maï !

Oui, c’est vrai, ma chérie. Et je veux que tu te souviennes de cela : tu me ressembles beaucoup. Peu importe ce que te diront les autres, ou ce que tes idées noires essaieront de t’imposer… Tu seras toujours belle. Parce que tu as une âme magnifique, ma douce. Et elle illumine ton visage à travers tes yeux.

Pour la première fois depuis des années, Ely se trouva belle.

Non pas parce qu’elle avait les traits fins, ou la taille de guêpe d’une mannequin ou d’une princesse Disney…

Non.

Mais parce que ses traits portaient son histoire. Parce que ses yeux disaient la grandeur de son cœur.