Le cartable plein à éclater sur les épaules, les chaussures neuves qui brillent aux pieds, le cœur un peu serré qui bat plus vite d'adrénaline et la boule au ventre de l'inconnu, Lila se tenait devant le portail de son nouveau collège, trop intimidée pour faire les quelques pas qui la séparaient de la cour.

Elle parcourut la foule d'élèves du regard. Passer en troisième dans un collège de ville était un gros changement pour elle. Jusqu'alors scolarisée à la maison, depuis la Martinique, parce que son papa était gendarme en poste sur l'île, elle redoutait cette rentrée.

Les nouveaux étaient éparpillés, un peu seuls, perdus de-ci de-là, dans une mer d'élèves enchantés de se retrouver après les deux mois d'été.

L'adolescente ravala la peur qui lui montait à la gorge et, droit devant elle, sans regarder à droite ou à gauche, marcha jusqu'à l'estrade où attendaient les professeurs pour faire l'appel.

Elle se remémora avec nostalgie les heureux souvenirs de la jolie villa en bord de mer : son bureau qui faisait face à l'horizon interminable, sa maman qui se penchait sur son épaule pour corriger son devoir de maths.

Mais elle n'oubliait pas la solitude parfois pesante, les soirées à relire les mêmes quelques livres pour la centième fois, en souhaitant avoir des amis avec qui partager les belles soirées martiniquaises et les séances de nage sur la plage.

Lila sourit pour se donner du courage, qu'elle prit à deux mains pour marcher vers quelques élèves à l'air aussi perdu qu'elle. Les prochains jours seraient remplis de découvertes et d'aventures. Haut les cœurs.