Des mots sur mes Maux (3/3)

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Des mois et des mois de lutte acharnée pour un semblant de paix, mais chaque jour semble apporter son lot de tourments supplémentaires. Son harcèlement ne connaît pas de répit, au contraire, il s'intensifie, empiétant sans relâche sur chaque parcelle de sa vie déjà fragile. Elle se sent prise au piège dans un cauchemar sans fin, épuisée par la bataille incessante qu'elle mène contre ses démons intérieurs et les tourments extérieurs qui l'accablent. Chaque tentative pour trouver un peu de réconfort semble vaine, étouffée par les vagues incessantes de douleur et d'angoisse qui la submergent. Dans cet abîme de désespoir, elle se sent seule et démunie, cherchant désespérément une issue à sa souffrance insupportable. La route vers la guérison semble lointaine et incertaine, et elle se demande si elle aura jamais la force de continuer à se battre contre ce torrent implacable de misère.

Alors, dans un geste radical de désespoir, elle prend une décision. Qu'importe les conséquences, qu’importe ce qui en résultera. Ça fait trop longtemps que cela dure. Deux ans, une éternité pour elle. Elle n'en peut plus. Elle est là, assise face à son ordinateur, fixant le mur avec des yeux vides de toute lueur d'espoir. Son esprit est prit dans un tourbillon d'émotions contradictoires, mais une certitude émerge de ce tumulte intérieur : elle ne peut plus continuer ainsi.

Dans un silence lourd de sens, elle réfléchit, pesant chaque pensées avec soin. Lentement, elle attrape une feuille de papier et un stylo, les mains tremblantes de nervosité et d'appréhension. Elle se met à écrire, laissant les mots couler de sa plume comme un ultime cri de détresse. Son ultime appel à l’aide.

« Maman, je suis fatiguée... Je veux mourir. S'il te plaît, arrête ça, sinon tu retrouveras mon corps en bas d'un pont. Je t'aime. Ta Léo. »

Les mots sur le papier semblent irréels, comme s'ils appartenaient à une autre personne, à une autre réalité. Mais pour elle, ils sont le reflet d'une vérité brûlante, d'une souffrance insupportable qui la consume de l'intérieur. C'est un cri du cœur, un dernier appel à l'aide avant de sombrer dans les ténèbres de l'oubli. Elle relie la lettre une dernière fois, sentant les larmes brûlantes couler le long de ses joues. Puis, avec un soupir résigné, elle se lève et se dirige vers la porte, laissant derrière elle l'ombre de son désespoir alors qu'elle se prépare à affronter l'inconnu qui l'attend de l'autre côté.

Elle entre dans le salon où sa mère se trouve. Elle l'embrasse tendrement et lui murmure qu'elle va se coucher. Son cœur bat la chamade sous le poids de sa décision. Elle prie silencieusement pour qu’elle entende son appel à l'aide. Eléonore sait que sa mère a toujours tout fait pour l'aider, pour la soutenir dans son enfer. Depuis le premier jour elle a été là, une source inépuisable de soutien et d'amour inconditionnel. Elle a essuyé ses larmes, écouté ses cris de désespoir et lui a donné la force de continuer à avancer, même lorsque tout semblait perdu. C'est pour ça que, malgré la noirceur de sa situation, Eléonore conserve un mince espoir, un fragile fil d'espoir qui la lie à sa mère. Elle sait que si quelqu'un peut l'aider à surmonter cette épreuve, c'est elle. Elle a foi en l'amour et en la détermination de cette femme à trouver une solution, à lui tendre la main dans ses moments les plus sombres.

Doucement, elle monte les marches qui mènent à l'étage, chaque pas pesant comme une tonne de plomb sur ses épaules déjà affaiblies. Elle entre dans la chambre parentale, les mains tremblantes, et dépose délicatement la lettre sur l'oreiller de sa mère. C'est son dernier acte, son ultime tentative de faire entendre sa souffrance, de demander de l'aide avant de plonger dans l'abîme de l'inconnu.

Le poids de l'incertitude et de la peur pèse lourdement sur ses épaules alors qu'elle retourne dans sa propre chambre. Elle s'allonge sur son lit, le cœur lourd de chagrin et d'anxiété, se demandant ce que l'avenir lui réserve. Mais malgré tout, au fond d'elle-même, elle garde une lueur d'espoir fragile, une petite flamme qui refuse de s'éteindre complètement. Peut-être, juste peut-être, sa mère entendra son appel à l'aide et viendra à son secours avant qu'il ne soit trop tard.

. . .

Elle a eu raison d'y croire. Sa mère l'a sauvée. Elle l'a sortie de ce collège infernal où les tourments semblaient ne jamais prendre fin. Grâce à l'intervention rapide et déterminée de sa mère, Eléonore a été épargnée de l'obscurité qui menaçait de l'engloutir complètement. Elle a été entourée d'un soutien inconditionnel et a reçu l'aide dont elle avait tant besoin pour se relever et avancer vers la guérison. Aujourd'hui, Eléonore peut enfin respirer. Les chaînes qui entravaient son esprit se sont brisées, et elle est libre de ressentir à nouveau la légèreté de l'air dans ses poumons. Elle se sent emplie d'une gratitude immense envers sa mère et tous ceux qui l'ont aidée à surmonter cette épreuve.

Elle sourit de nouveau à la vie, sachant qu'elle a surmonté l'adversité avec courage et détermination. Cette expérience douloureuse l'a forgée, mais elle n'a pas réussi à lui voler sa joie de vivre. Eléonore reste fidèle à elle-même, avec sa nature joyeuse et sa capacité à trouver du bonheur même dans les moments les plus sombres. Chaque jour est une nouvelle opportunité de savourer la vie, de célébrer chaque instant avec une intensité renouvelée et une gratitude profonde pour la seconde chance qui lui a été offerte.

*

Dix-huit ans ont passé depuis cette histoire et Eléonore a bien grandi. Elle est désormais une jeune femme épanouie. Et bien qu'elle n'ait pas accompli tout ce qu'elle souhaitait dans sa vie à cause des conséquences gravées en elle, elle possède néanmoins l'essentiel : l'amour indéfectible de ceux qui ne l'ont jamais abandonnée. C'est cette force qui l'anime, qui lui donne la volonté de continuer. Elle s'est également juré de ne plus jamais laisser personne définir qui elle est où remettre en question sa valeur et sa beauté. Cette expérience si douloureuse soit-elle l’a forgée, à fait d’elle la guerrière qu’elle est.

Mais ce qui l'a véritablement sauvée, c'est l'écriture. Écrire pour faire rêver, pour apporter de la joie. Mais surtout, écrire pour empêcher qu'un autre enfant ne pense à vouloir mettre fin à ses jours. C’est pour ça qu’Eléonore a décidé d’écrire. De mettre des mots sur ses maux. Elle ne veut pas nécessairement raconter sa propre histoire, mais la beauté du monde qu'elle perçoit à travers ses cicatrices. Car chacun de ses chapitres, chacun de ses poèmes sont le reflet de sa vie.

Eléonore écrit, et peut-être même la connaissez-vous sous son pseudonyme... Near Schwarz.


Ensemble, mettons fin au harcèlement scolaire ! Chaque acte de gentillesse, chaque parole d'encouragement peut faire la différence dans la vie d'un élève. Soyons solidaires, créons un environnement où chacun se sent en sécurité et respecté. Le respect et la bienveillance sont les clés pour construire un avenir meilleur.

#StopHarcèlementScolaire #BienveillanceEnAction

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