Elle attendait...

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Elle n’avait ni boussole, ni carte. Seulement une sensation, enfouie profondément, comme un chant trop ancien pour être mis en mots.


Depuis toujours, elle sentait que quelque chose devait venir. Pas un miracle bruyant, pas une promesse dorée. Quelque chose de plus intime. Quelque chose de juste.


Alors elle attendait.


Le monde autour d’elle tournait vite. Les visages passaient comme des comètes, les désirs éclataient et retombaient, brûlés d’avoir voulu trop tôt. On lui disait : « Dépêche-toi, tout va trop vite pour toi », ou encore : « Ce que tu attends n’existe peut-être pas. » Mais elle gardait le silence.


Elle n’attendait pas un homme, ni une fortune, ni une gloire. Elle attendait… l’instant. Celui qui donnerait sens aux autres. Celui qui rendrait chaque battement d’avant compréhensible.


Elle vécut ainsi, sans jamais s’arrêter, mais sans jamais forcer. Elle apprit à reconnaître les fausses aurores — ces éclats précoces qui promettaient beaucoup mais laissaient un goût de cendre. Elle sut résister aux raccourcis, aux routes faciles qui s’ouvraient mais l’éloignaient d’elle-même.


Parfois, elle doutait. Elle levait les yeux vers le ciel, et se demandait si elle n’était pas folle d’y croire encore. Le doute la visitait comme la brume visite les cimes : doucement, en silence, et sans rien briser. Mais même dans le doute, elle restait fidèle à cette sensation — un fil discret au fond d’elle, qui vibrait à peine mais ne rompait jamais.


Elle avançait.


Chaque saison la changeait un peu. Elle devenait plus lente, mais plus entière. Moins impatiente, mais plus vaste. Elle n’était pas figée. Elle devenait. L’attente n’était plus vide : elle la sculptait.


Et puis… un jour sans signe.


Pas de trompette céleste, pas d’éclair. Juste une heure douce. Une lumière différente. Quelque chose dans l’air, imperceptible mais réel.


Elle comprit alors. C’était là. Ce qu’elle avait tant attendu.


Pas comme elle l’avait imaginé — c’était mieux. C’était juste. C’était l’heure.


Et elle sourit, sans larmes, sans cri, sans besoin de raconter.


Car enfin, après tant de temps, elle allait recevoir ce qu’elle avait tant attendu.


Et tout en elle savait que jamais rien n’avait été perdu.


Rien n’était venu trop tard. C’était le moment. Exactement.

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