Des Lettres qui ne demandent qu’à s’exprimer

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Le plus dur, ce n’est pas d’écrire.

L’écriture en soit est simple, on remplie une page blanche d’encre noire, on laisse une trace sur un morceau de papier, qu’il soit physique ou numérique.

Non, ce n’est pas d’écrire qui est difficile mais de raconter une histoire. Une histoire qui a du sens, ou non, un fil conducteur ou un charmant brouillon, mais cette histoire doit pouvoir plaire. Une histoire qui nous plait à nous tout d’abord, qui plait à l’écrivain. A cette personne qui tapote sur son clavier, ou qui garde l’empreinte du stylo dans la main.

Pour ma part, j’ai toujours aimé écrire. Quelque soit le modèle, quelque soit le genre, quelque soit l’heure de la journée. Pour Mme le professeur de français qui parlait et nous faisait rédiger plus d’une double copie à chaque heure de cours. Pour satisfaire M. la dépression qui somnolait en moi lors des mauvais jours. Pour remplir mes cahiers de tous ces exercices de mathématiques qui n’en finissaient jamais. Pour l’envie et le besoin de jouer sur les touches de mon clavier noir aux lettres légèrement effacées.

Fait étrange, c’est les lettres Z et E de mon clavier qui semblent plus usées. Je suppose que le fait que je sois, en partie, une gameuse joue en cette faveur. Mais passons.

Je disais donc, écrire. C’est un joli mot je trouve. L’écriture. Comme la lecture. Des lettres qui se suivent et finissent par produire un son, puis un mot et par la suite une phrase. C’est incroyable à quel point ces lettres sont puissantes. Elles peuvent nous faire passer un message, une information, une émotion tout en restant muette. Elles parlent, chantent, sont poétiques, belles et parfois grossières. Vraiment. L’écriture c’est magique, vous ne trouvez pas ?

Mais si la forme existe, il faut aussi un fond.

Aussi loin que je puisse me rappeler, j’ai toujours rêvé. Je ne vous parle pas de ce qui se produit lorsque nous sommes endormis. Non, je vous parle de ces rêves que l’on fait la journée, alors que nos pensées vagabonde, le soir au lit, dans le noir total. Je suis ce que j’appellerais une rêveuse née. Je rêve continuellement. Je n’ai aucune difficulté à m’imaginer en train de m’échapper d’un cours ennuyeux où une étrange créature gloutonne s’est mis à commencer à dévorer la porte. Aucune difficulté à croire que je vais réussir à sauter du toit de l’immeuble en face et atterrir en parfait état avec une bande de mercenaires à mes trousses. Aucune difficulté à penser que je suis une super héroïne qui attend seulement qu’on vienne lui dire que cette vie n’est pas la sienne et que son monde l’attend.

Je suis très créative. Ce qui fait que je ne me suis jamais ennuyée car je suis toujours occupée. Mon esprit se consacre toujours à trouver une solution à un problème que j’ai moi-même créé. C’est un sentiment étrange que de se sentir tout en puissance quand on peut construire un monde immense. Mais ce sentiment de supériorité redescend vite quand on est malheureusement le seul à pouvoir y accéder.

C’est ainsi que m’est venu l’écriture. Ma tête allait exploser. Je ne pouvais que me confronter à l’idée de partager les folies qui remplissaient mon esprit torturé et les poser sur le papier. J’ai ainsi rempli plusieurs brouillons. Ce que j’appelle brouillons, c’est le fait d’avoir écrit une histoire qui je sais, n’est qu’incomplète. Elle n’est entière que si je rajoute mon imagination dans l’équation. Car je ne suis que, tristement, la seule à pouvoir déchiffrer la cacophonie que produisent toutes ces lettres mis bout à bout.

Mais je n’ai pas abandonné, le papier testé, je suis passé au clavier et à la magie de voir une police d’écriture qui n’était pas mienne s’afficher sur l’écran à chaque clapotis. Je dirais même que ça relève presque du fantastique.

J’ai ainsi commencé par Projet 1. C’est ainsi que j’ai nommé mes brouillons qui prenaient le plus de place dans mon esprit. Oui, il me fallait désengorger tout ce beau monde, alors c’est avec la plus grosse pierre que j’ai commencé à remplir mon seau. Je m’occuperais d’y mettre le sable plus tard. Projet 1 était l’histoire de ma vie. Fantastiquement parlant. Bien loin de moi l’idée de raconter ma propre vie que je trouve trop banal. Non, si je parle d’histoire de ma vie, c’est parce qu’il est mon bébé. Il est en soit, ce qui m’a occupé l’esprit durant bien plus d’une décennie. Ce qui fait de Projet 1, le brouillon le plus long et le plus chaotique que je n’ai jamais réalisé.

Mais aussi rempli et complet qu’il puisse paraître, mon premier bébé était loin d’être fini. De plus, je n’avais ni technique, ni patience, pour écrire ces premiers pas, alors que je le voyais déjà courir et voler. C’est ainsi que le feu s’est peu à peu éteint après une cinquantaine de pages d’écriture et plus d’une centaine de recherche, de personnages, de lieu, d’organisations, ainsi que d’imagination.

Le deuil n’étant pas fini et le mort encore chaud, je suis partie aller chercher une deuxième pierre de mon esprit et l’ai disposé dans le seau.

Projet 2 était, à tant soit peu, relier à son parent par un descendant. Pourtant, l’univers que mon esprit avait formé était différent. Conquis par l’idée de mes nuits, j’avais réussi en quelque jour à clapoter sur le clavier plus d’une quinzaine de pages. Mais le feu ardent se consuma aussi vite que du papier, si le voir balbutiait quelques mots me convenait au début, l’imaginait faire de long monologue était un rêve bien trop loin. Le découragement vaincu la motivation. Je fermi la porte de ce dossier.

S’en suivit une dizaine de projet. Triste étais-je, de ne plus avoir ni confiance, ni foi en moi. Mon esprit voyait mes bébés battre des ailes, alors que moi, je ne les voyais pas faire deux pas.

Mais je n’abandonnais pas, quelque soit le Projet, je tentais d’écrire pour la simple raison que cela me procurait du bonheur. Le bonheur de voir apparaître sur un écran blanc les mots de ma pensée. C’est beau. Vraiment très beau lorsque s’affiche sur notre écran, ce qu’on s’imagine dans notre tête. Un orchestre qui se joue apparait peu à peu dans cette salle blanche et vide. Entendez-vous la douce mélodie qu’ils ont commencé à jouer ? La bataille qu’ils ont mené dans le passé pour arriver jusqu’à vous sain et sauf ? Et cette balade qu’il chantonne, entendez vous par quelles émotions ils ont dû traverser ?

Je crois que je n’aurais jamais entièrement confiance en moi. Mais je ne doute pas, et ne douterais jamais d’une chose. L’écriture est magique. Elle est formidable et tellement magnifique. Alors, qui que vous soyez, si vous aimez écrire, n’abandonnez jamais. Car peut-être que, comme moi, vous allez mettre beaucoup de temps devant votre ordinateur, devant votre feuille de papier, tout en sachant que toutes ces pierres qui remplissent le seau ne seront vu que par vous. Mais si vous aimez vraiment écrire, ce qui importe c’est que Vous, vous ayez vu ces pierres et que vous les ayez aimés un jour, un an, une décennie ou toute une vie pour ce qu’elles sont vraiment.

De jolies lettres qui ne demandaient qu’à s’exprimer.

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