Chapitre 7

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Dès qu’il eut déguerpi, Tabitha posa ses deux pattes sur le bureau et déclara :

— A notre tour ! Je vais mettre vos compétences de détective à l’épreuve, Grinéblan. Mais, avant tout, sachez que la tâche est souvent rude. Par exemple, on ne fait pas que des filatures. On ne reçoit pas non plus de remerciements, au contraire !

— J’en suis conscient.

Elle réprima un rire ; elle était certaine qu’il se faisait des illusions sur la profession. Et bien, il aurait le temps de déchanter.

— J’attends de vous que vous vous retroussiez les manches ou plutôt, que vous mettiez la patte à...la pâte, si je puis m’exprimer ainsi ! Déclara-t’elle en désignant le fouillis qui régnait tout autour d’eux.

Grinéblan suivit son regard. Des papiers jonchaient le sol : les dossiers avaient été sortis des tiroirs du bureau et jetés en travers de la pièce. Des tas de feuilles volantes accompagnées de carnets remplies de notes diverses se trouvaient éparpillées, souvent salies par un encrier judicieusement renversé.

— Quelqu’un a voulu détruire des preuves, dirait-on, murmura Grinéblan en tirant sur le bout d’un feuillet particulièrement abîmé.

Tabitha, quant à elle, s’était penchée sur le bureau à cylindre de maître Leroux. Si elle se souvenait bien, le meuble comprenait un compartiment secret qui se déclenchait quand son mentor déverrouillait l’un des tiroirs. Elle repoussa un gros document maculé d’ordures diverses.

— Pouah, fit-elle. Quelle saleté !

Elle se détourna et alla chercher ses gants dans son sac. Il lui fallait de quoi travailler proprement. Grinéblan ?

Le chat gris releva la tête. Il avait enfin ôté son couvre-chef.

— Oui, Lady T. ?

Elle leva ses pattes gantées.

— Avez-vous de quoi protéger vos coussinets ?

Il fit signe que oui et piocha dans la poche de sa redingote une paire de gants déjà bien usée.

— Bon, servez-vous en. C’est particulièrement répugnant, ici. On se croirait dans une vieille litière !

— Vous voulez que je vous aide ? Proposa-t’il avec obligeance tandis qu’il triait les papiers.

Elle aurait aimé lui opposer un refus mais, alors qu’elle avait dégagé le plus gros des cochonneries, le fameux tiroir qu’il lui aurait permis d’accéder à la cachette de son associé restait obstinément fermé.

— Si cela ne vous ennuie pas trop, j’aimerais bien que vous veniez me dépanner avec ce tiroir. C’est celui-ci, en bas du bureau, dit-elle sans évoquer la cachette.

Le chat gris se coulissa, malgré sa grande taille, et commença à tirer. Sans réussite.

— Je vois : c’est coincé.

— En effet.

Il leva une vibrisse.

— Y aurait-il un mécanisme spécial qui devrait déclencher l’ouverture d’un compartiment caché, par hasard ?

Elle ne put qu’acquiescer. Grinéblan se remit à l’œuvre en grommelant entre ses dents.

— Ceux qui sont passés avant nous ont tentés de le forcer.

— Décidément ! C’est du pur sabotage !

Grinéblan s’arrêta.

— Je crains de casser totalement le mécanisme en continuant ainsi. Il faudrait une lame, quelque chose de pointu, que je pourrais insérer sur le côté.

Tabitha plissa les moustaches.

— De quelle longueur, l’outil ?

— Oh, pas très long ! Mais pointu et acéré.

Sans plus attendre, Tabitha de Taigne dégagea la patte gauche de son gant et fit jaillir ses griffes. Grinéblan sursauta légèrement.

— Cela irait, à votre avis ?

— Heu… oui, parfait, Lady T. Je vous laisse la place, ajouta-t’il, semi-admiratif en se poussant.

— Merci bien.

Elle s’agenouilla, posa sa patte contre le tiroir bloqué et glissa lentement sa griffe la plus pointue dans l’interstice.

— Allez-y doucement ! Chuchota Grinéblan. Ne vous blessez pas !

— Chut, je me concentre.

Habilement, elle poursuivit. Au bout d’un moment, il y eut un « clic » très net. Tabitha se retint de pousser un miaulement de triomphe. Elle avait toujours pu compter sur ses griffes.

— Je vais pouvoir ouvrir ce récalcitrant maintenant, si vous voulez bien…

Ils changèrent de place à nouveau. Grinéblan, avec ses fortes pattes, réussit à faire coulisser le tiroir qui se dégagea enfin.

— Que dois-je faire ensuite ?

— Tirez-le complètement comme si vous vouliez l’ôter !

Il obéit et se retrouva bientôt avec le tiroir entre les pattes qu’il posa par terre à côté de lui.

— Glissez la patte au fond : vous trouverez un poussoir qui actionnera l’ouverture du compartiment.

A nouveau, Grinéblan fit comme elle ordonnait. Sa longue patte grise fit miracle. Sur le haut du bureau, un léger bruit retentit. Une petit porte s’entrouvrit, derrière un faux pot à crayons situé en arrière du plateau.

— C’est bon, Grinéblan, c’est ouvert, relevez-vous !

Elle pensait que la cache contenait à coup sûr le double du carnet de maître Leroux. Mais quand elle mit la patte à l’intérieur, elle trouva le compartiment entièrement vide.

— Divine Bastet ! Ce n’est pas possible !

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