Coudre sur tes lèvres ces mots doux, je le jure. Ils seront les tiens, comme ils étaient les miens. L'aiguille entre tes pulpeuses, la langue autour de ce fil rouge, laisse-y tes dents se frotter contre ces syllabes. Le chas de l'aiguille entreverra tes fines gencives, et par ce minuscule trou, les hommes verront le paradis où naissent les mots. Quand ta bouche en joue la mélodie, c'est plus d'un dictionnaire qui se meurt. Et quand de tes lèvres se cousent les mots, c'est plus d'un vêtement qui se déchire. Car tes mots sont le plus beau des vêtements. Et je t'en donnerai, des mots. Je les coudrai sur tes lèvres, encore et encore, à l'aide du dé à coudre de l'amour. Puis, quand je serai malheureux, anxieux ou accablé, tu m'apporteras ces mots. Ces beaux vêtements qui, par ta parole, couvriront mes plus grandes peines, pour mon plus grand bonheur. Et jamais je ne te dirai de te taire, car les plus beaux vêtements sont ceux qu'on laisse ouverts.