14. Jeux de rôles

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Alice repoussa Opale et lui révéla la vérité : il ne voulait pas y arriver. Il ne voulait pas qu'elle l'aide, pas plus qu'il ne voulait faire l'amour. Il avait peur qu'elle lui dicte la vérité sur sa vie. Elle avait peur qu'il le mette en échec.

Il était en train de laisser faire l'amour, quand il s'aperçut que quelqu'un l'observait.

[Quelqu'un ?! Kuroneko, c'est toi ?... ]


- Papa, pourquoi as-tu essayé de me draguer ?

– Je suis un vrai curé de village, et je ne connais pas le monde.

– Si tu ne le connais pas, pourquoi est-ce que tu m'as mené toute la journée dans ces terres?

– Parce que j'ai voulu te montrer quelque chose.

– Quoi?

– De l'autre côté du fleuve, on trouve des roches qui se dressent d'un côté de la terre et, de l'autre, on aperçoit des montagnes qui sont, eux, émergées du fleuve.

– Des roches, des montagnes, des cimes, des forêts?

– Oui.

– Et cela m'intéresse?

– Ça m'intéresse, mais pas comme ça. J'ai un grand projet.

– Tu t'es mis à rêver.

– Rêver? Non. Je suis sur la route de l'avenir.

– Comment s'appelle cette route?

– J'en ai une description.

– Quelle?

– Le Roi Salomon, septième roi de la terre.

– Qu'est-ce que cela veut dire?

– Tu n'y connais rien.

– Quelques passages de l'Ancien et du Nouveau Testament, c'est tout.

– Je te dirai comment ça s'appelle.


Opale repoussa Alice et cria :

– Ne me parle pas de mon fils!

– C’est un malade!


Opale n'avait jamais connu son père. Le retrouver dans son lit et sous les traits d'une femme était la pire chose qui puisse lui arriver.

Elle l'avait pris au piège, son fils.

D'abord, il avait attrapé le mouvement de révolte qu'elle avait essayé de lui faire endurer. Il s'était réveillé, bondissant du lit, allumé de rage. Puis, il avait parlé de son père. L'avait attaqué. Il avait fouillé dans son passé. Il avait cherché des traces.

Le fils du pasteur avait tout entendu. Il menaça Alice de sa pioche et elle avoua tout : c'était elle, cette vierge, cette pauvre vierge qui avait rêvé d'un amant et c'est lui, c'est lui, c'est lui qui l'avait violée. Elle apprit la suite, se sentit honteuse, se sentit coupable, se sentit coupable parce qu'elle avait eu l'idée de faire un amant avec lui, elle ne se sentait pas coupable parce qu'elle l'avait déjà fait.

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