19. Les fils cachés

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Alors qu'ils commençaient à comprendre, Alain croisa le regard de Laurent.

— Quoi?

— Tu sais quoi, c'est un sujet de conversation. J'ai préparé le repas.

— Oh, merci!

Laurent se leva et déposa la vaisselle sur le comptoir. Alain observa sa silhouette sombre, sa silhouette qui rappelait la sienne, sa silhouette qui était toujours là, imprimée dans l'espace. Il l'épiait et, malgré son imprévu, il s'attendait à un effet de surprise.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là?

— Que je suis un homme comme toi.

— Alors, tu es un homme comme moi, oui.

— Tu sais, j'ai l'impression de nager dans le même océan.

— Tu nages dans le même océan que moi.

— Non, il y a d'autres océans, tous différents.


Alors qu'Alain, Elodie, Opale, le fils du pasteur, Séverine et lui partageaient le repas, Laurent porta un toast : "J'ai une grande nouvelle à vous annoncer !

– Je vous le dis depuis le début, reprit-il.

– J'ai un enfant!

– C'est vrai, répondit-il, et c'est merveilleux, merveilleux.

– C'est merveilleux.

– Oui, dit-il, c'est une belle nouvelle, une grande nouvelle.

– Comment s'appelle-t-il?

– Son nom est Louis.

- Louis ? C'est celui qui a succombé à l'héroïne ?

– Tu vois, dis donc...

– Ça fait mal.

– Ça aussi.

Il a envie de pleurer, de pleurer comme un enfant, de pleurer d'amour, de pleurer des caresses, de pleurer de toutes ses larmes, de pleurer comme on pleure quand on a perdu son père.

– Qu'est-ce que c'est que ce sentiment?

– Ce sentiment, c'est une connerie.

- Je sais ! claironna Séverine ! Puisque Papa est un fantôme, nous allons pouvoir retrouver mon frère !

– Encore un père, je vois bien, ça n'est pas ce que je voulais dire. J'ai été assez cruelle avec ton père, et je t'ai menti aussi. J'avais l'intention de le quitter, j'avais décidé de m'en aller.

– Ce n'est pas tout, ajouta-t-elle, le petit Paul était si bon que j'ai préféré l'enfant.

Alain regrettait d'avoir mal jugé Laurent. Elodie questionna le fantôme : "Qui est ce petit Paul ?"

Elle lui donnait ce nom pour que son père l'appelât par son vrai nom. Elodie avait à cœur de réussir, de bien faire, de conquérir son père. Elle n'aimait pas Paul et l'envie lui manquait pour le battre.

Elle ajouta d'un ton sévère :

"Paul est un petit con. Il ne fait que décrocher les caisses."

Alain soupira. Le vieux Paul.

Alain le savait, les gens de sa famille avaient un problème avec l'âge. Il ne l'avait pas dit à Laurent. Il ne s'était pas dit qu'il faisait du vélo pour faire le ménage, et avait mis du temps à se rendre compte qu'il faisait vraiment du vélo. Il ne s'était pas dit qu'il prenait la voiture de son frère pour aller chercher les jumelles à la salle de bains, mais c'était ce qu'il avait fait.

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