38 - Les retrouvailles

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Finalement, Opale trouva Nénette parmi les agents de renseignement. En tout, trois hommes s'étaient approchés de la jeune femme : un agent de renseignement spécialisé en terrorisme, un autre sélectionné pour des missions spéciales et un agent d'investigation. « Je me suis mis à parler en anglais, ce qui n'a pas toujours été le cas. Je lui ai dit de m'en dire plus. »

Opale savait bien pourquoi ils étaient là. Elle le savait depuis qu'elle avait échappé à leur surveillance, sur la place des Arènes. Les agents harcelaient Nénette de questions. La pauvre ignorait encore que sa femme s'était changée en nugget. Elle avait paru choquée par les questions, ses tics avaient dû la réveiller.

Elle évitait de regarder dans la rue. Les yeux de ses filles se posaient sur elle sans savoir s'ils lui seraient désagréables. À la vue de ces corps en panne, de ces femmes de la peau dure, les plus jeunes se retournaient pour voir qui était là.

Lorsqu'Opale se présenta à elle, tendre et dorée de panure, Nénette, étonnée, s'exclama :

– T'as l'air d'un chiffon!

– Qu'est-ce que tu veux dire, toi?

– C'est toi, t'as l'air d'un chiffon!

Et elle ajouta aussitôt :

– C'est la première fois que je te vois dans cet appareil-là.

Et comme il n'y avait rien à dire, elle se mit à rire.

- Est-ce que tu m'aimes quand même ? demanda Opale à Nénette. Même si j'ai l'air d'un chiffon ?

— Mais oui.

— Tu le sens?

— Tu sais bien que non.

— Alors, tu es sérieuse?

— Sérieuse, j'ai dit!

— Est-ce que c'est la première fois que tu t'es donnée à quelqu'un?

— Quand même, tu sais bien que c'est la première fois, répondit Nénette.

Malgré l'émotion des retrouvailles, Opale n'oubliait pas que l'heure était grave. Elle raconta tout à Nénette : comment elle s'était attiré les foudre de l'homme en costume de cheminée, comment l'infidélité l'avait changée en nuggets, comment Laurent était mort et comment Elodie avait perdu la boule. Nénette accueillit ces confessassions avec d'autres fureurs, d'autres pressentiments, de plus en plus fortes. Elle lui parla de la mort d'Elodie, de la mort de Laurent, et de l'indifférence avec laquelle ils avaient accueilli les deux séparations.

Elle lui parla des deux femmes qui s'étaient attirées le malheur. Elle ne se doutait pas qu'elle était responsable d'un grand malheur.

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