42 - Le boucher

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Lilas, accompagnée de Tient-le-monde, s'élança à la poursuite d’Éléonore. Elle s'arrêta devant la boucherie :

-Vous n'auriez pas vu mon trou, par hasard ?

- Vous en trouvez, monsieur le boucher?

- C'est moi, le trou.

- Alors, pourquoi ce trou-là?

- Il est bon, le trou.

- Qu'est-ce que c'est?

- C'est un trou.

- Pourquoi est-il bon?

- Parce que c'est un trou.

- Vous en trouvez par hasard?

- Oui.

- Tiens, c'est pour moi?

- Oui.

- Merci.

-Vous êtes mon trou ?! s'exclama Lilas, qui ne comprenait pas la réponse du boucher. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? s'inquiéta-t-elle. Vous êtes mon trou?

-Non, ce n'est pas ça, répondit le boucher, il est vrai que j'ai trouvé une seule bouteille de vin dans mes cahiers, je vais vous donner un coup de couteau sur la tête. Vous m'ennuyez vraiment. Vous m'ennuyez vraiment. Vous m'ennuyez vraiment.

– Vous m'ennuyez, c'est ça?

– Oui.

– Qu'est-ce que c'est que ce bruit?

– C'est que j'ai trouvé une seule bouteille de vin dans mes cahiers, je vais vous donner un coup de couteau sur la tête. Vous m'ennuyez vraiment. Vous m'ennuyez vraiment. Vous m'ennuyez vraiment.

Le boucher, lui aussi atteint par les forces du mal qui rongeaient Laurent tantôt, s'empara d'un couteau qu'il asséna à quelques centimètres de Lilas. Celle-ci s'empara à son tour d'une arme, prête à se battre pour qu'on lui rende son trou Eleonore. Mais le boucher s'arrêta :

– J'ai tout dit, monsieur Lecoq.

– Mais non, je vous prie, lui dit-elle, de ne pas me jouer au lion. Je vous en supplie. Je vous en supplie.

– Vous n'avez pas besoin de me jouer au lion, monsieur Lecoq. Vous savez bien que j'ai dit la vérité.

– Non, il n'y a plus de vérité.

– Oui, c'est vrai, il n'y a plus de vérité.

– C'est vrai, c'est vrai, c'est vrai, reprit le boucher.

Il riait, il riait encore, mais son rire n'était pas un rire joyeux, mais un rire terriblement niais.

– Je vous en prie, reprit-elle, cessez de vous jouer au lion.

– Je vous en prie, je vous en prie, reprit-il encore.

Et, pour ne pas avoir à le mettre de nouveau dans son état, elle lui apprit à rire, à rire au point de l'ennuyer, puis de l'effrayer.

– Vous me paraissez bien étrange, monsieur Lecoq.

– C'est bien l'homme le plus étrange qu'on puisse rencontrer.

– Je n'ai pas l'intention de vous mentir.

– Je vous en prie, cessez de vous jouer au lion.

– Si je vous jouais au lion, vous mourriez, reprit-elle.

– C'est la seule chose que je voudrais.

– Vous m'en priez, ne jouez pas au lion.

– Je vous en prie, ne jouez pas au lion.

Monsieur Lecoq, le boucher, laissa tomber son couteau. Lilas et lui ne rugiraient pas de concert, étant donné qu'elle lui avait recommandé de ne pas jouer au lion.

– Qu'est-ce que vous voulez? Qu'est-ce que vous voulez, c'est à moi que vous parlez?

Il lui montra les mains.

– Vous n'avez pas le droit de toucher à une femme.

– C'est la première fois que j'en parle.

– Vous avez beau être un homme, vous n'avez pas le droit de toucher à une femme.

– Vous vous prenez pour vous faire justice. Vous n'êtes pas dans la cour.

– Vous allez voir ça, je vous le dis, vous allez voir ça.

Elle ne disait rien, elle se taisait.

– Qu'est-ce que vous voulez?

Il se pencha vers elle.

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