26. Ce n'est qu'un au revoir

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Arthur

La matinée a passé à une allure folle depuis que Snow nous a laissés dans la chambre de Julia.

- Si tu avais été raisonnable et si tu n’avais pas sauté sur ta chérie dès la porte refermée, peut-être que tu ne serais pas aussi en retard, Tutur…

C’est vrai que notre étreinte a de nouveau été passionnée et sensuelle. Un sentiment d’urgence est venu s’emparer de nous. Le désir nous a submergés quand je l’ai plaquée contre la porte qu’elle venait de refermer sur le Sergent. Une nouvelle fois, j’ai pu m’unir à elle avec toujours cette envie de profiter de ces moments avant qu’elle ne parte affronter le danger. Vu les gémissements et les cris qu’elle a poussés alors que je jouissais en elle, je pense qu’elle a vécu les choses avec la même intensité que moi. Il faut d’ailleurs que j’arrête de penser à cette fusion de nos corps car la vision de ses jolies fesses entre mes mains, de son corps nu offert à mes caresses et à mes assauts, me donne à nouveau envie et m’excite à un point qui me fait oublier toutes mes autres obligations.

Je me reconcentre sur la liste des stocks et des commandes que je dois effectuer auprès du siège, mais c’est difficile de rester focus et l’image de Julia vient régulièrement s’imposer à moi, danser devant les chiffres que je n’arrive pas à aligner. J’ai fait mine d’accepter et de me ranger à son point de vue, mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’il y a un vrai risque que Lichtin parvienne à abuser d’elle ou à la blesser si elle essaie de résister. Le risque qu’elle ne revienne pas du tout de cette mission est réel. Et impossible à supporter pour moi.

- Relax, Max. Cool, Raoul. Tranquille, Emile. Zen, Ken.

J’ai beau tout essayer, même cette litanie un peu puérile, rien n’y fait, et quand Julia vient me chercher pour aller manger, je n’ai vraiment pas été très efficace. J’envoie quand même la commande pour le prochain approvisionnement, et me tourne vers la Lieutenant qui est à priori déjà prête à partir. Je reste assis au bureau alors qu’elle est debout à la porte, créant ainsi une distance entre nous alors que nous ne sommes pas encore séparés.

- Tu ne manges pas avec nous ? Tu pars déjà ?

- Je vais y aller, oui. Plus vite je suis partie, plus vite je suis de retour, y a de la route.

- Si je te demande encore de venir avec toi, tu me prives de bisous ou ça te fait sourire ? tenté-je en me levant pour me rapprocher d’elle.

- Je te laisse m’embrasser mais je t’étripe en même temps ? sourit Julia. Je ne changerai pas d’avis, Chouchou, j’y vais seule, c’est mieux comme ça.

- Je sais que tu en es convaincue et je te promets que je fais tout pour me ranger à ton point de vue, mais c’est compliqué de te laisser partir comme ça. Tu le sais, je n’insiste pas, mais je te jure que si tu n’es pas revenue demain à midi, avec Snow, on prend les bazookas, les missiles sol-air, les chars d’assaut et tout ce que l’armée a en réserve, et on débarque au Palais. Tu es prévenue !

Je l’enlace et elle dépose ses armes sur la table afin de pouvoir se coller à moi. Nous nous embrassons tendrement, dans un baiser qui dure jusqu’à ce qu’elle me repousse gentiment.

- Allez, ça suffit Beau Bûcheron, ça a bien trop l’air d’un baiser d’adieu, je déteste ça. Enfin, pas le baiser hein, rit-elle, apparemment mal à l’aise.

- Ce n’est pas un baiser d’adieu, Julia, c’est une promesse de plein d’autres à venir ! J’arrive plus à me passer de toi, c’est fou.

- Ouais, c’est fou qu’on en arrive à ça quand on se souvient comment on avait envie de s’étriper mutuellement en arrivant ici !

- J’en ai toujours envie, tu sais, quand je vois comment tu es têtue et bornée ! Ou en tous cas, j’ai toujours envie de t’arracher toute cette tenue militaire ! Mais, je vais être raisonnable, parce que si je fais ça, on va encore finir par réveiller tout le campement avec nos cris ! Fais attention à toi, ma chérie, promets-moi d’être prudente.

- Bien sûr, je suis toujours prudente. Je ne prends des risques inconsidérés que si je dois sauver les fesses de quelqu’un, dit-elle en m’embrassant. Allez, à très vite Bûcheron de ma vie, sois sage !

Je l’embrasse à nouveau toujours aussi intensément. Le contact de nos lèvres est toujours aussi électrisant et j’ai vraiment beaucoup de mal à me séparer d’elle. C’est fou comme la connexion entre nos corps s’intensifie chaque jour. Et c’est dingue comme c’est compliqué de la lâcher et de la laisser partir.

- T’as intérêt à t’y habituer, Tutur, car bientôt, elle rentre en France et elle va t’oublier. Finies, les amours de vacances.

Je n’arrive pas à y croire, mais cette pensée a au moins le mérite de rafraîchir mes ardeurs et je laisse enfin Julia rejoindre son véhicule, la suivant de près afin de profiter au maximum d’elle avant son départ. Peu de personnes sont au courant de sa mission et il n’y a que le Commandant, Snow, ma mère et Lila qui nous rejoignent au moment du départ. Je vois que Julia souhaite saluer rapidement tout le monde afin de partir vite sans tous ces au revoir qui la mettent mal à l’aise, mais c’est sans compter sur Lila qui se jette dans ses bras.

- Tu me ramènes un souvenir du château de la Princesse ?

- Je vais essayer, Jolie Lila, rit-elle en la serrant dans ses bras avant de lui chuchoter bruyamment à l’oreille. Prends soin d’Arthur et de Mathias pendant que je suis partie, d’accord ?

- Oui, ils feront pas de bêtise, sinon je le dis à Mamy !

- D’accord, bonne idée. Enfin, j’espère qu’elle ne sera pas trop sévère avec eux, quand même. Et puis, je suis sûre qu’ils seront sages et auront surtout besoin de câlins.

- A demain, Julia !

Julia repose Lila au sol et monte, seule, dans son véhicule. Elle me fait un clin d'œil avant de démarrer. En quelques secondes, elle a disparu de notre champ de vision. Alors que j’allais retourner à ma tente avec Lila, Snow m’attrape par le bras et m’entraîne un peu à l’écart en faisant signe à ma mère de nous suivre. Celle-ci, aussi intriguée que moi, le regarde en fronçant les sourcils.

- Tu nous emmènes où, Mathias ? demandé-je alors qu’il s’arrête un peu à l’écart des autres et regarde autour de nous si on peut nous entendre ou pas.

- J’ai eu une idée, mais j’ai besoin de vous, Marina. Et toi, ben… Je sais pas trop à quoi tu vas me servir, mais tu m’as l’air tellement flippé que je songe à t’emmener avec moi.

- Vous me voulez quoi ? l’interroge ma mère. Vous ne pensez pas que j’ai déjà assez fait pour l’armée française ?

- Là, c’est pas pour l’armée française directement, c’est pour votre fils, pour éviter qu’il ne fasse une crise cardiaque pour l’amour de sa vie et pour moi, si beau, si séduisant, que vous devriez être ravie de me venir en aide !

Je ne peux m’empêcher de pouffer quand j’entends Snow présenter les choses ainsi. Il n’y a pas à dire, il sait parler aux femmes !

- Bon, vous me dites ce que vous voulez de moi ou on attend que Julia soit de retour pour finir cette conversation ? s’impatiente la Gitane, toujours aussi volcanique.

- Ça vient ! Un peu de patience, voyons, je ménage mon effet. Vous avez bien un contact au Palais ?

- Oui, évidemment. Arthur, ton copain, il n’est pas intelligent ou il le fait exprès d’être aussi peu efficace ? me dit-elle pour provoquer délibérément le sergent.

- Maman, écoute-le, plus tu l’interromps, moins vite on saura ce qu’il a en tête !

- C'est vrai, il a raison, Madame la Gitane, rit Snow. J'ai besoin qu'il me fasse entrer au Palais.

- Entrer au Palais ? Mais vous êtes fou ? Arthur, je te confirme, ton ami a des neurones qui lui manquent, s’énerve-t-elle en faisant mine de s’éloigner avant que Snow ne l’arrête en se mettant au travers de son chemin.

- Marina. De ce que Julia m'a dit, Lichtin est un dingue. Je veux bien obéir aux ordres, mais je refuse de la laisser se faire violer ou je ne sais quoi par ce pervers. Je me ferai discret. Je n'interviendrai qu'en cas d'extrême nécessité.

- Non mais, je rêve là ou quoi ? Vous ne voulez pas obéir à l’ordre de votre cheffe parce que c’est une femme ou parce que vous êtes un crétin fini ? Elle a dit, et vous a bien fait comprendre, qu’elle ne vous voulait pas dans ses pattes ! Alors, il faut respecter ses ordres, c’est pas difficile !

- Mais, Maman, Mathias a raison. Si on est dans le palais incognito, on ne risque rien et on pourra venir à la rescousse de Julia s’il lui arrive quelque chose ! S’il te plaît, Maman, Snow a vraiment une super idée !

- Et qu'est-ce qui vous dit qu'elle va avoir besoin d'aide ? C'est une grande fille, non ? Il faut vraiment arrêter de vous prendre pour des princes charmants qui doivent sauver la demoiselle en détresse. Excusez-moi messieurs mais je n'ai pas l'impression que Julia ait besoin d'aide.

- Marina, Julia est forte, c’est sûr, mais ce n’est qu’une simple femme aux yeux de Lichtin. Il ne va en faire qu’une bouchée ! Vous vous rendez compte, s’il arrive à la violer ? Le choc pour Arthur ? On veut juste pouvoir pénétrer dans le Palais, on s’occupe du reste !

- J’adore votre confiance en elle, c’est fou quand même ! On attend demain, on voit comment elle s’en sort. Elle a pris des risques pour vous aider, pour aider le camp, on ne va pas ruiner tout ça parce que vos égos surdimensionnés de mâles en quête de justification ne savent pas accepter de s’en remettre à elle, quand même ! Donc, c’est non. N. O. N. C’est clair ?

Sur ces mots, ma mère nous plante là et part dans un flonflon de sa robe arc-en-ciel qui virevolte autour d’elle. Elle est aussi obstinée et fière que Julia et je crois que, secrètement, elle adore que ce soit une femme comme ça qui ait fait sa place dans mon cœur. Je regarde Snow qui a l’air aussi dépité que moi.

- Tu as un plan B, Mathias ? demandé-je sans vraiment d’espoir.

- Non, je n’ai plus de piste là. Laisse-moi te dire que les femmes de ta vie sont chiantes et pas faciles à vivre. Prépare-toi car demain, toi et moi, on va se transformer en Rambo et on va jouer à nos Terminator pour aller zigouiller ce Lichtin. Je te jure que s’il touche à un cheveu de Julia, je lui arrache les couilles et les lui fais bouffer toutes crues !

Même si je suis déçu que son idée n’ait pas abouti, je souris en l’entendant parler. Je ne suis pas le seul à m’inquiéter pour Julia et cette proximité, cette complicité même, me fait chaud au cœur. Je suis content de voir que si je suis amené à devoir agir, je ne serai pas seul. Et je suis sûr que si on devait en arriver là, même ma mère viendrait à notre secours. En attendant, il faut juste espérer, patienter calmement. Je sens que les prochaines vingt-quatre heures vont être les plus longues de toute ma vie.

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