Je fais le poireau devant le supermarché. Est-ce que le gars-là devant est bien distant d’un mètre ? Et celui de derrière ?  Ah, ce n’est pas de la tarte de faire ses courses en ce moment !

Non mais, elle fait quoi la dame, là ? Je le crois pas, elle est passée devant tout le monde, elle parle au vigile. Elle croit qu’elle peut nous rouler dans la farine ? Elle lui murmure quelque chose à l’oreille. Il va lui dire « Eh, Madame, il faut faire la queue comme tout le monde ! » mais non, il se pousse et cerise sur le gâteau, elle rentre ! Qu’est-ce que c’est que cette salade ?

Je me mets à grogner, je suis vieille moi, je voudrais passer, faudrait pas me prendre pour une poire ?  Pourquoi est-elle entrée et pas nous ? Elle m’a retourné la crêpe celle-là ! Je râle comme un pou, je fulmine ! C’est parce qu’elle est jeune et jolie que le vigile l’a laissée passer ? Ce gars est une crème ou un imbécile ? Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, celui-là ! Et moi alors ? C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe, il devrait le savoir ! Mais les hommes sont tous les mêmes, dès qu’une jeunesse passe, même une moche, ils deviennent tout chose, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

« Eh monsieur ! Pourquoi elle a pu rentrer, la donzelle ? «

« C’est parce qu’elle travaille ici, Madame ! »