Chapitre 4

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Moriko

 Enfin celle à l’origine de notre venue, Shison Hoshiko, se montrait. Depuis mon arrivée, je n’avais pas réussi à voir le bout de son nez.

— J’exige des explications à ce vacarme. Que se passe-t-il ici ?

— Enfin ! On ne t’attendait plus ! commentai-je.

 Elle m’intima le silence. Bon… Passons-nous de commentaire pour le moment. Elle s’avança avec bienveillance en ma direction. Toujours en tailleur, je baissais la tête, mains sur mes genoux en signe d’excuse. Cependant je gardais tout de même mon objectif principal en tête : partir le plus vite d’ici et m’occuper de ce fumier.

 Hoshiko arrivée à ma hauteur, Fubuki s’asseyait aux côtés de la jeune femme aux boucles roses. Elle revêtait un haut orange, manche gauche longue, manche droite courte, laissant découvrir un bracelet en or d’où pendait une aigue-marine taillée en marquise enroulé autour du bras. Sa longue jupe plissée bleu marine tombait jusqu’à ses pieds qui portaient des sandales spartiates marrons. De 2 ans mon ainée, Shison Hoshiko était la fille unique du Chef de Sunaesia. Elle aidait son père à diriger le Village et était destinée à prendre les rênes un jour.

— Moriko ? Tu n’as rien à nous dire ? commença Hoshiko, m’accusant directement.

 Faussement stupéfaite je redressai la tête, faisant naviguer mon regard d’Hoshiko à Fubuki, de Fubuki à Hoshiko.

 Elles attendaient des explications de ma part. Pourquoi ? Qu’avais-je fait de mal ? J’avais été injustement enfermée dans cette prison froide, étroite, poussiéreuse et j’avais essayé de m’échapper… S’échapper était interdit, en théorie, mais j’avais tout de même une bonne raison de le faire, à mon humble avis.

— Ce serait de MA faute ? je pestais. On m’enferme injustement dans cette chose que vous appelez prison et chapeau bas, vous m’accusez de ce tapage. L’origine de tout ça, c’est celle qui a mis plus de deux heures à venir ici et à nous expliquer clairement ce qui se passe !

 Fubuki ne broncha pas et posa son regard empli de compassion sur moi. Hoshiko, quant à elle, fronça les sourcils et m’adressa un regard plein de reproche. Elle croisa ses bras sous sa poitrine et commençait à s’énerver.

— Si tu arrêtais d’être aussi bornée et tumultueuse, on n’en serait sûrement pas là à l’heure actuelle et on aurait sûrement déjà trouver une solution ainsi que le coupable !

 Je me relevai, frottai mes fesses et secouai mes cheveux pour me débarrasser d’éventuelles saletés avant de répondre. La colère et l’indignation commençaient à prendre le dessus. Je répondis alors.

—Une solution ? Le coupable ? Encore la solution je veux bien mais alors le coupable… — Je marquai une pause car je ne pus m’empêcher de rire. Il me permit de masquer le malaise qui me prit soudain à l’évocation du coupable. Les deux me regardèrent, déroutées par mon rire. Pourquoi chercher le coupable alors que la réponse est juste là, juste sous votre nez ! Vous êtes aveugles ou quoi ? Le coupable est un nornaelesien ! Ce sont des pourritures jusqu’à la moelle ces nordiens, vous le savez toutes les deux aussi bien que moi.

 Je finis en les pointant du doigt. Je commençai à me rapprocher de la future Cheffe, prête à lui tenir tête s’il le fallait. Il était temps qu’elle prenne une décision et qu’elle agisse, ou c’était moi qui allais le faire. Mon regard dans le sien, je terminais.

— Désormais, si vous voulez perdre votre temps à jacasser inutilement autour d’une table avec des bons à rien. Faites. Moi, j’agirai. Je n’ai pas peur d’eux contrairement à d’autres qui détournent le problème, la queue entre les jambes.

— Tu ne seras pas seule à agir. Je suis avec toi.

 Mikan intervenait enfin. Je savais qu’elle serait de mon côté. Ce qui m’étonnait cependant, c’était qu’elle n’avait pas réagi plus tôt et n’avait pas parlé à ma place. Je me retournai vers elle et lui adressai un grand sourire pour la remercier.

— Mikan ! s’exclama Hoshiko, déconcertée.

— Oh la ferme ! Elle a raison Mo’ ! À quoi bon parler pour ne rien dire ? À quoi bon réfléchir alors qu’on connait l’origine du coupable ? Et même si c’est la colère qui parle aussi, je n’ai jamais pu voir leur face, même peinte par Mo’. Pis est-ce que je dois te remontrer et réciter toutes les menaces qu’ils ont pu nous adresser ces connards ? Donc plier encore une fois, plier après ce qu’ils ont osé faire, les laisser s’en sortir et qu’ils recommencent ? Tu veux vraiment faire ça Hoshiko ? Après avoir essayé de tuer notre chef, ton père ?

 Hoshiko ferma ses yeux bleus et se frotta le front en soupirant. Elle appuya ses doigts sur l’arête de son nez légèrement tachée de rousseur, embarrassée. Fubuki, toujours assise, la regardait ; elle réfléchissait également à la situation.

Trop de réflexion en eux.

— Vous deux, vous êtes incorrigibles. Cependant, je ne peux pas vous contredire. C’est d’acc…

 Emplie de joie, je me jetai sur elle en l’embrassant, lui coupant la parole. Je n’en croyais pas mes oreilles. Elle avait accepté ! Elle me rendit l’étreinte puis me poussa délicatement, posa ses mains sur ses hanches et nous observa chacune notre tour. Je sentais que ce qui allait suivre n’allait pas être de tout repos mais j’étais prête.

— Tu es sûre de ce dans quoi tu te lances Hoshiko ? C’est presque une déclaration de guerre que tu te prépares à lancer.

— Ne t’en fais pas Fubuki, nous ferons les choses dans les règles de l’art. Je compte aussi sur ton talent de stratège pour me guider.

 Fubuki acquiesça. En effet, elle était reconnue, en plus de son odorat, comme excellente tacticienne et théoricienne de combat. Nous la surnommions l’Architecte.

— Avant toute chose, reprit Hoshiko, allons voir Papa.

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