3) Les Tardigrades

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Ils s'affairaient à la construction de Némésis depuis près de 7 ans. En retard de 2 ans, la station allait enfin être achevée. Les citoyens de classe 4, les travailleurs, ou les abeilles comme ils se faisaient appeler, allaient pouvoir contempler le fruit de leurs dures années de labeur. Tous employés par Branston Constructions ou une de leurs filiales, ils avaient été les premiers à expérimenter la vie dans l'espace.


Les rudes conditions de vie n'étaient pas comparables avec celle du futur paradis de l'Humanité. En tout cas, ils l'espéraient fortement. Entassés dans des quartiers d'ouvriers bien trop étroits pour leurs effectifs, les tardigrades, sous-équipes des abeilles affectées à l'espace, nommés ainsi en l'honneur de l'organisme microscopique pouvant survivre en conditions extrêmes en avaient vu de toutes les couleurs. D'ailleurs, la durée de vie des employés spatiaux pouvait être considérablement raccourcie. Mais cela faisait partie du contrat. 


Un accident pouvait vite arriver dans le vide sidéral. Les cadavres des ouvriers finissaient poussés vers l'atmosphère terrestre pour y être désintégrés à moindre frais. Car la station ultramoderne était chère. Très chère. Alors on faisait des économies partout où on le pouvait. Les matériaux de la structure interne avaient été remplacés par des substituts de qualité inférieure. Il avait été également décidé d'espacer davantage les points d'ancrage ainsi que l'épaisseur des volets anti-rayonnements. L'aspect extérieur de la station était bien conforme au bon de commande du gouvernement, mais l'intérieur ? Ca, c'était une autre paire de manches.

En dépit des raccourcis, la station dépassait le budget et le planning de façon astronomique.

Les tardigrades ne faisaient qu'obéir aux ordres de leurs maîtres de chantier, eux mêmes obéissants aux têtes pensantes des sociétés de construction. Il fallait limiter les pertes. Ceux qui émettaient des objections quant à la qualité structurelle de l'édifice finissaient vaporisés. Bien entendu, ces vérités dérangeaient. Il ne fallait en aucun cas clamer sur les toits que les volets protecteurs laissaient passer les rayonnements nocifs, que les tôles se déformeraient lors d'impacts d'astéroïdes trop conséquents ou que le poids de la station pourrait la faire s'effondrer sur elle-même. 

Si des raccourcis avaient pu être pris sur la structure même, ce n'en était pas le cas de l'intérieur. Une grande partie de Némésis était destinée à l'hébergement des citoyens riches ou Classe 1. Ces derniers finançaient la station et ne voulaient que le meilleur. Technologie, équipement, loisirs, près du quart de la ville orbitale leur était dédié. Des aménagements publiques communs formaient le reste de l'étrange cité spatiale et les tailles des logements des citoyens de classe 2 à 5 dépendaient de leur statut social. Les plus pauvres n'auraient pas une cabine plus grande qu'un placard à balai mais on leur dirait que ce serait mieux que leur vie aux milieu des ordures, de la maladie, de la violence. Depuis quand les pauvres avaient leur mot à dire de toute façon ? Encore fallait-il qu'ils soient sélectionnés pour pouvoir espérer monter sur la station salvatrice. Le critère d'admission principal étant une non-violence exceptionnelle et absolue, peu seraient choisis. Et maintenir la paix entre l'annonce de la construction de la station et les premiers transferts, soit de longues années, relevaient de l'exploit. Alors peu de cabines de Classe 5 avaient été inclues dans les plans de Némésis.

Les tardigrades quant à eux n'avaient pas d'inquiétude à avoir. Puisqu'ils faisaient partie des équipes construisant, aménageant et réparant la station, ils n'avaient pas de soucis à se faire au sujet de leur ticket d'entrée. Comme la plupart des citoyens de Classe 4, ils étaient les abeilles assurant le bon fonctionnement de la ruche :  leur présence était essentielle. 

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