I. Le sablier brisé
Les mâchoires de l’horloge
Le temps mord chaque os de ses dents métalliques,
Un engrenage grince en cadence tragique,
Chaque tic devient clou, chaque tac devient lame,
Le cadran se referme en cercle sans âme.
Sabliers renversés sur des plaines muettes,
Quand le sable s’étrangle en cascades inquiètes,
Chaque grain pèse lourd, chaque souffle se brise,
Et la gorge s’assèche en soif indécise.
Pendules suspendues aux poutres des prisons,
Sous leur balancier froid s’éteignent les saisons,
Chaque pas se délite en poussière fatale,
Et la marche se perd en boucle carcérale.
Créneaux décapités sur les tours en ruine,
Quand l’ombre s’installe et verrouille la crine,
Chaque heure devient plomb, chaque nuit devient fer,
Et le jour se retire au gouffre des hivers.
Rouages dévorants dans les veines du monde,
Quand les roues s’enchaînent en spirales immondes,
Chaque tour est un cri, chaque ressort se casse,
Et le cœur s’abandonne en cadences rapaces.
Les aiguilles s’enfoncent au creux des paupières,
Elles tailladent l’instant d’entailles meurtrières,
Chaque regard se fane, chaque voix se tait,
Et la vie se dissout en poussière muette.
Cloche sourde érigée au centre des cités,
Quand son glas résonne en cycles répétés,
Chaque note condamne, chaque son se répand,
Et les foules s’agenouillent au verdict du temps.
Les cadrans se fissurent aux tempes des vivants,
Quand l’aiguille s’enraye en battements sanglants,
Chaque ride témoigne, chaque pli se resserre,
Et la peau se déchire en horloges amères.
Le sablier s’écroule au milieu des marées,
Quand les vagues dévorent ses colonnes brisées,
Chaque écume répète la morsure du vide,
Et l’océan s’engloutit en minutes avides.
Fleuves d’heures gelés dans les veines des pierres,
Quand le temps fossilise et détruit la matière,
Chaque ère se déchire en poussière et débris,
Et la roche s’efface au calendrier gris.
La lune se couronne en cadran de la nuit,
Quand son cercle s’élargit sans jamais être fui,
Chaque phase enchaîne, chaque ombre enserre,
Et la nuit se prolonge en tyrannie claire.
Les siècles s’empilent dans l’ossuaire des jours,
Quand le poids du passé s’abat sans recours,
Chaque mémoire écrase, chaque nom s’efface,
Et l’histoire s’enterre en funèbres carcasses.
Le temps ouvre sa gueule et dévore les êtres,
Chaque souffle avalé devient sang de ses prêtres,
Nul ne brise ses mâchoires, nul ne fuit son empire,
Et tout finit en cendres au gouffre du martyre.
La rosace des instants
Le temps s’ouvre en corolle aux pétales limpides,
Chaque engrenage chante en mesures splendides,
Chaque tic devient pas, chaque tac devient don,
Et l’horloge se dresse en temple du pardon.
Sabliers caressés par les mains des rivières,
Quand le sable se fond en cascades légères,
Chaque grain devient fleur, chaque souffle renaît,
Et la soif se dissout en sources de paix.
Pendules suspendues aux charpentes de bois,
Sous leur battement doux s’éveillent les saisons,
Chaque pas se relève en marche fraternelle,
Et la route s’éclaire en clarté éternelle.
Carillons accordés aux toits des villages,
Quand leur chant résonne en cycles sans cage,
Chaque note console, chaque son délivre,
Et le temps devient guide, et non plus asservir.
Rouages rayonnants dans la veine des heures,
Quand les roues s’embrassent en spirales d’ardeur,
Chaque tour est lumière, chaque ressort caresse,
Et le cœur se déploie en vivante allégresse.
Les aiguilles s’inclinent au seuil des paupières,
Elles bénissent l’instant d’étoiles familières,
Chaque regard s’éclaire, chaque voix s’élève,
Et la vie se redresse en promesses sans trêve.
Cloche claire dressée au centre des cités,
Quand son glas se mue en chant d’éternité,
Chaque note rassemble, chaque son rallume,
Et les foules s’élancent sous la paix des coutumes.
Les cadrans se détendent aux tempes des vivants,
Quand l’aiguille se pose en rythme apaisant,
Chaque ride témoigne, chaque pli se pardonne,
Et la peau s’illumine en rosace qui rayonne.
Le sablier s’élève au sommet des marées,
Quand les vagues dessinent ses colonnes sacrées,
Chaque écume répète la clarté du monde,
Et l’océan s’éclaire en minutes fécondes.
Fleuves d’heures coulés dans les veines des pierres,
Quand le temps cristallise et bâtit la matière,
Chaque ère s’assemble en piliers lumineux,
Et la roche devient un calendrier des cieux.
La lune s’allume en cadran du repos,
Quand son cercle rayonne et dissout les fardeaux,
Chaque phase éclaire, chaque ombre bénit,
Et la nuit se transforme en veille d’infini.
Les siècles s’alignent comme orgues de cristal,
Quand le poids du passé devient socle vital,
Chaque mémoire élève, chaque nom demeure,
Et l’histoire s’inscrit en triomphante lueur.
Le temps lève ses voiles et s’ouvre en lumière,
Chaque souffle y renaît comme offrande première,
Nul ne brise sa grâce, nul ne fuit son empire,
Car tout s’accomplit dans l’éclat du sourire.
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