La femme au teint d’azur s’avança lentement, chaque pas semblait tracer une traînée de lumière froide sur le sol. Elle s’appelait Sira, et dans ce monde où la tristesse était reine, elle était la gardienne des normes, la voix dure qui imposait la loi des lueurs.

« Tu es une énigme, Lys, » dit-elle en dévisageant la jeune fille invisible. « Une tâche dans la perfection colorée de Chromalys. »

Lys ne bougea pas, malgré le poids du regard. Elle sentit la présence de Kael à ses côtés, une force silencieuse et rassurante.

« Et si être différent n’était pas un défaut ? » répondit Lys d’une voix calme, presque un souffle.

Sira haussa un sourcil, méprisante. « Ici, la lumière guide tout. Ceux qui ne brillent pas doivent disparaître, pour le bien de tous. »

Kael serra le poing. « Peut-être que ce monde a peur de ce qu’il ne peut pas contrôler. »

Un éclat de rire froid s’échappa de Sira. « Contrôle, oui. Parce que sans lumière, il n’y a que le chaos. »

Lys sentit une colère sourde monter en elle, mais au lieu d’exploser, elle ferma les yeux. Une brise légère traversa la pièce, et, pour la première fois, un halo doux et pâle émana de sa peau translucide.

Kael ouvrit de grands yeux. Même Sira sembla surprise.

« Ce n’est pas une lumière éclatante, » murmura Lys, « mais elle est là. »

Sira recula d’un pas, déstabilisée.

« Tu joues avec le feu, Lys. Ce feu pourrait bien te brûler… »

Le silence retomba, lourd et chargé de promesses. Lys sentait qu’elle venait de franchir un seuil. Ce n’était plus une simple question d’être visible ou non : c’était un combat pour exister, pour faire comprendre que la lumière n’est pas qu’une couleur, mais un spectre infini.