Chapitre 6 : Lueur d'espoir
Lys et Kael filèrent à travers les ruelles tremblantes de Chromalys, leurs silhouettes floues dansant entre les éclats vacillants des passants en panique. La place centrale, cœur battant de la cité, était un chaos incandescent : les lanternes et les visages lumineux perdaient leur éclat, leurs couleurs s’éteignaient comme des étoiles mourantes.
Des cris s’élevaient, des pleurs sans éclats, un silence lourd s’abattait sur la foule, terrifiée par cette disparition soudaine des lumières sacrées. Dans ce monde, où la tristesse était beauté et la lumière synonyme d’âme, l’obscurité n’était plus une absence, mais une menace.
Kael attrapa la main de Lys, son regard brillant d’une détermination nouvelle.
« Toi, seule, peux ramener la lumière. Ta transparence n’est pas un vide. C’est une lumière que personne ne voit encore. »
Lys serra les dents, sentant l’énergie inédite pulser en elle. La peur voulait l’envahir, mais au fond, une flamme nouvelle brûlait — fragile, mais vivace.
Elle ferma les yeux, laissant sa peau devenir cette toile invisible qui reflétait pourtant tout un monde intérieur. Une lueur douce, presque imperceptible, grandit lentement, comme une étoile naissante au milieu de la nuit.
Autour d’eux, les couleurs se mirent à trembler, vaciller, puis à renaître — d’abord timidement, puis en vagues puissantes qui embrasèrent la place. Les visages reprirent vie, les larmes colorées jaillirent à nouveau, mais cette fois, une nouvelle nuance apparut : une lumière douce, translucide, qui semblait tisser un pont entre les éclats et les invisibles.
Sira apparut parmi la foule, les yeux écarquillés, la posture brisée par une révélation qu’elle refusait encore d’accepter.
« Peut-être que la lumière ne se mesure pas seulement à ce que l’on voit, » murmura Kael, « mais à ce que l’on ressent au-delà des apparences. »
Lys sourit, la peau illuminée d’une clarté toute nouvelle, fragile comme une promesse.
Dans ce monde où tout semblait inversé, elle venait de découvrir que la vraie lumière n’était pas seulement dans les couleurs qui brûlent, mais aussi dans celles qui effleurent, invisibles mais essentielles.
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